Voisin - voisine
Le 8 octobre 2010
Cette délicieuse comédie de voisinage, pleine de vivacité et d’étonnement émerveillé face au monde, constitue une introduction idéale à l’oeuvre de Yasujrô Shimazu, maître méconnu du cinéma japonais (un de plus !).}
- Réalisateur : Yasujirô Shimazu
- Acteurs : Sanae Takasugi, Toshiyuki Hosokawa, Den Obinata, Yumeko Aisome, Chōko Iida, Ryôtarô Mizushima, Ayako Katsuragi, Yukichi Iwata, Yoshiko Okada, Akio Isono, Shozaburo Abe
- Genre : Comédie
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h17mn
- Titre original : 隣の八重ちゃん - tonari no yae-chan
- Festival : Les 15 ans de la MCJP
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Cette délicieuse comédie de voisinage, pleine de vivacité et d’étonnement émerveillé face au monde, constitue une introduction idéale à l’oeuvre de Yasujirô Shimazu, maître méconnu du cinéma japonais (un de plus !).
L’argument : La vie quotidienne de deux familles voisines. Yaé et le fils du voisin, Keitarô, partagent une affection inexprimable. Un jour, la sœur aînée de Yaé quitte son mari et retourne chez ses parents. Elle tente de séduire Keitarô...
Notre avis : Comme d’autres films des premières années du parlant (qui au Japon mit plusieurs années à s’imposer) tonari no yae-chan - Yaé, notre petite voisine frappe par l’espèce de joie enfantine avec laquelle sont utilisées les ressources des toutes nouvelles techniques sonores. Les scènes dialoguées sont évidemment enregistrées en direct, et les voix ont cette formidable présence qui caractérise la prise de son de l’époque. Mais les bruits ne sont pas moins amoureusement captés, que ce soit celui d’une balle de baseball cassant une vitre ou celui du vent dans les feuillages.
Lors d’une scène de plein air, au bord d’une rivière, la conversation entre l’étudiant et la jeune femme qui lui fait des avances est sans arrêt parasitée par le fracas des trains qui passent sur le pont métallique, ajoutant cette gêne sonore à l’embarras visible du jeune homme.
Car Shimazu, et c’est probablement ce qui frappera d’emblée à la vision de ses films, ne cherche nullement à éviter ou à gommer les incidents, les détails incongrus ou dénués de fonction dramatique. Au contraire : il leur accorde toujours une attention émerveillée qui dédramatise l’action mais l’inscrit dans un monde dépassant celui de l’écran. La caméra, le cinéma sont chez lui un outil pour découvrir inlassablement un univers qui n’a à aucun moment le goût du déjà vu.
© 1934, Shôchiku Co., Ltd.
Cet émerveillement, entravé par moment dans les autres films par des ressorts dramatiques convenus, s’exprime ici de la manière la plus immédiate et la plus heureuse, s’accordant parfaitement au ton vif de cette exquise comédie de voisinage qui ne cesse de surprendre par la vivacité de ses interprètes, le franc parler de leurs échanges et l’élégance d’une écriture qui allie une discrète virtuosité (superbes travellings !) à une économie de moyens exemplaires.
La séquence de sortie en ville à quatre, entre les deux voisins et les deux voisines, est particulièrement savoureuse, que ce soit dans la salle de cinéma, lorsque Yaé, observant le manège de sa soeur avec Keitarô, est la seule à ne pas rire au spectacle de Betty Boop, ou au retour, dans le taxi après le restaurant, lorsque Kyoko, très éméchée, pose la tête sur l’épaule du jeune homme qui, visiblement embarrassé, lui répète que ça ne le dérange pas du tout.
Le plus étonnant cependant est le déroutant retournement final, alors que le film avait pris une tonalité franchement dramatique (mutation du père en Corée et départ subit de la famille restée sans nouvelles de la soeur disparue). Le retour inattendu de Yaé chez ses voisins sur fond de bruit d’orage (à l’artifice parfaitement audible) est un étrange happy end en suspens, aussi imprévisible que tout ce qui précède.
Le cinéma japonais des années 30 n’en finit pas de révéler des trésors cachés et tonari no yae-chan - Yaé, notre petite voisine, programmé à la Maison de la Culture du Japon de Paris dans le cadre d’un cycle de sept films de Yasujirô Shimazu en est certainement un des plus précieux.
© 1934, Shôchiku Co., Ltd.
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