Traviata 1938 (avec fin heureuse)
Le 16 octobre 2010
Présentée à la Maison de la Culture du Japon à Paris dans le cadre d’un cycle de sept films de Yasujirô Shimazu, cette charmante comédie sentimentale révèle pas mal d’aspérités sous une apparence lisse et aimable.
- Réalisateur : Yasujirô Shimazu
- Acteurs : Sanae Takasugi, Shuji Sano, Mieko Takamine, Takeshi Sakamoto, Ryôtarô Mizushima
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Japonais
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– Durée : 0h57mn
– Titre original : 愛より愛へ - ai yori ai he
Présentée à la Maison de la Culture du Japon à Paris dans le cadre d’un cycle de sept films de Yasujirô Shimazu, cette charmante comédie sentimentale révèle pas mal d’aspérités sous une apparence lisse et aimable.
L’argument : Shigeo, fils de médecin, a rompu avec sa famille qui s’opposait à son mariage avec Miyako. Elle travaille dans un bar pour subvenir à leurs besoins pendant que lui reste à la maison pour pour se consacrer à l’écriture. Doutant de son talent et supportant difficilement sa situation d’homme entretenu, il est sujet à des accès d’humeur qui rendent la vie du couple difficile. Son oncle intrigue pour le séparer de Miyako et le faire revenir dans le giron familial. Mais sa soeur essaye d’arranger la situation.
Notre avis : Au premier coup d’oeil 愛より愛へ - ai yori ai he est un modeste produit de série de la puissante Shôchiku, hâtivement bâti autour de quelques vedettes maison et destiné sans doute en priorité à un public féminin sensible à la thématique du conflit entre amour et conventions sociales ainsi qu’à l’aspect féministe et progressiste du message véhiculé par le film, la détermination féminine l’emportant sur l’autorité patriarcale.
© 1938, Shôchiku Co., Ltd.
La durée est exceptionnellement courte (57mn) et les décors sont d’un réalisme très relatif : les arrières plans urbains entrevus par les fenêtres sont à l’évidence des toiles peintes et la placette devant l’immeuble où habite le couple a l’air d’une grosse maquette (Il y a cependant quelques très beaux extérieurs filmés dans les rues de Tokyo).
Ces artifices et ces conventions sont assumées sans complexes et avec une bonne dose d’auto-ironie (frôlant dans la rue l’homme avec qui il avait eu peu avant un entretien d’embauche, Shigeo, étonné de la coïncidence, lève le bras pour l’interpeler puis y renonce). Quant au retournement final qui précipite le happy end, il est amené sans plus de manières mais avec une espèce d’étonnement incrédule qui en souligne l’improbabilité.
Cette désarmante simplicité et le détachement apparent d’une exécution indubitablement professionnelle mais peu soucieuse du fini de l’ensemble sont compensés par la finesse de l’exécution dans le détail et la subtilité des variations auxquelles sont soumis des canevas usés.
© 1938, Shôchiku Co., Ltd.
Car on retrouve ici l’attention aigüe de Shimazu aux gestes quotidiens et l’exceptionnelle qualité d’une direction d’acteurs réussissant à révéler chez chacun des ressources insoupçonnées de spontanéité, d’énergie, d’humour et d’émotion.
Shûgi Sano et Mieko Takamine sont particulièrement à l’aise dans les réjouissantes escarmouches entre frère et soeur, mais Sanae Takasugi, douce et déterminée, est très touchante et les seconds rôles sont savoureux, à commencer par celui de l’oncle qui se prend pour le père Germont dans La dame aux camélias.
On retiendra en particulier un personnage de concierge que sa propension à dormir à toute heure du jour n’empêche pas de glisser des commentaires venimeux sur les locataires de l’immeuble. Cette cruauté cachée sous une bonhomie de façade est un peu celle du film entier. Elle se révèle dans l’histoire d’un autre couple, reflet en miroir de celui de Shigeo et Miyako, qui affleure en filigrane de l’intrigue principale.
© 1938, Shôchiku Co., Ltd.
Au moment où se précipite le happy end l’agitation causée dans l’entrée de l’immeuble par le suicide de l’homme abandonné par sa compagne est traitée comme un incident, fâcheux mais négligeable, dont les protagonistes prennent à peine conscience. Mais ce détail incongru nuance d’une coloration amère la fin résolument optimiste de cette charmante comédie sentimentale dont la profondeur se pare du masque de la superficialité.
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