Les docks de Yokohama
Le 15 octobre 2010
Brillant exercice de style à la manière de Sternberg, ce film du début du parlant, est empreint d’un véritable réalisme poétique. Il confirme la stature de Yasujirô Shimazu, cinéaste qu’une mini rétrospective à la MCKP nous invite à découvrir.
- Réalisateur : Yasujirô Shimazu
- Acteurs : Ureo Egawa, Chōko Iida, Yaeko Mizutani, Jōji Oka, Shinyô Nara
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Japonais
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– Durée : 1h28mn
– Titre original : 上陸第一歩
- jôriku dai ippo
Brillant exercice de style à la manière de Sternberg, ce film du début du parlant, est empreint d’un véritable réalisme poétique. Il confirme la stature de Yasujirô Shimazu, cinéaste qu’une mini rétrospective à la MCKP nous invite à découvrir.
L’argument : Dans le port de Yokohama un marin sauve une entraîneuse de bar, poursuivie par un chef de gang, qui tentait de se suicider par noyade. Il finit par en tomber amoureux.
Notre avis : Ce remake parlant du film The docks of New York - Les damnés de l’océan (1928) transpose l’action dans le port de Yokohama mais suit d’assez près son modèle. On y retrouve le mélange de comédie et de mélodrame ainsi que la mythologie portuaire avec ses marins prompts à la bagarre, ses bars louches, ses filles perdues et ses trafiquants en tous genres.
Le héros, marin débarqué de son cargo pour vingt-quatre heures sur la terre ferme, est aussi bagarreur que George Bancroft dans le film de Sternberg. Il n’a certes pas sa carrure de fort des halles mais ne manque pas de charisme. Tous les acteurs manifestent d’ailleurs une joie communicative à caractériser leurs personnages en respectant les typologies imposées tout en les dépassant.
La mise en scène est inventive et virtuose, jouant notamment du hors-champ, par exemple lors de la scène de la tentative de suicide. L’acte est pressenti par les deux marins qui voient passer la fille sur le quai mais un convoi de marchandises qui passe l’escamote à leur vue et à celle du spectateur.
Le film respire de tous ses pores le bonheur de l’expérimentation et d’abord celui de tourner avec du son, direct de surcroît. Cet émerveillement devant cette nouvelle dimension du cinéma va de pair avec l’attention aux détails, en particulier aux gestes quotidiens, déjà observée dans les autres films de Shimazu.
Cette dimension documentaire dans un univers qui au départ n’est qu’artifice permet au film d’atteindre un véritable réalisme poétique de la plus belle eau.
Non sans parenté avec certains Ozu admirables de la même époque (Va d’un pas léger ou Femmes et voyous), 上陸第一歩
- jôriku dai ippo est bien plus qu’un brillant exercice de style.
C’est un très beau film, qui amuse, charme, émeut. Il confirme le réel talent de Yasujirô Shimazu, cinéaste d’envergure.
© 1932, Shôchiku Co., Ltd. pour les photos.
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