Avoir du pot (ou pas)
Le 8 juillet 2010
Autour de la quête dérisoire d’un pot contenant un trésor s’agite une galerie de personnages hauts en couleur et profondément humains. Un des trois films survivants de Sadao Yamanaka, cinéaste admirable et trop tôt disparu.
- Réalisateur : Sadao Yamanaka
- Acteurs : Denjiro Okochi, Reizaburō Yamamoto, Kiyozo
- Genre : Comédie, De cape et d’épée
- Nationalité : Japonais
- Festival : Les 15 ans de la MCJP
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– Durée : 1H31mn
– Titre original : 丹下左膳余話 百万両の壺 - Tange Sazen yowa : Hyakuman ryō no tsubo
Autour de la quête dérisoire d’un pot contenant un trésor s’agite une galerie de personnages hauts en couleur et profondément humains. Un des trois films survivants de Sadao Yamanaka, cinéaste admirable et trop tôt disparu. Rétrospective bienvenue à la Maison de la Culture du Japon dans le cadre de Paris Cinéma.
L’argument : Un seigneur offre en cadeau de mariage à son frère peu fortuné un pot orné d’une tête de singe. Vexé de recevoir un bien de si peu de valeur, il s’en débarrasse et l’objet tombe entre les mains d’un petit orphelin des quartiers pauvres. Le seigneur et son frère apprennent alors que ce pot vaut un million de ryos et se lancent dans une quête intrépide pour le récupérer. Sur leur route, ils rencontrent le samouraï borgne et manchot, Tange Sazen.
Notre avis : Troisième adaptation cinématographique parlante (sur plus de trente au total) des aventures de Tange Sazen, le samouraï borgne et manchot imaginé par l’écrivain Fubo Hayashi, Tange Sazen yowa : Hyakuman ryō no tsubo est aussi le plus ancien des trois films survivants de Sadao Yamanaka, cinéaste à la carrière fulgurante (il est mort de dysenterie à même pas 29 ans sur le front mandchou en 1938) mais néanmoins bien remplie : 23 réalisations et plus de 50 scénarios.
Le film adopte un ton résolument comique pour nous conter cette histoire de pot contenant le plan d’un trésor, qui passe de main en main, et dont au bout du compte tout le monde se contrefiche. Le jeune seigneur par exemple, fils cadet fâché d’avoir du consentir à un riche mariage, prend prétexte de sa recherche, qui « peut durer dix ou vingt ans comme dans une histoire de vengeance » pour échapper à la coupe de son épouse et s’entraîner (piteusement) au tir à l’arc dans une modeste salle de jeu, pour les beaux yeux d’une employée.
Le film déroule une suite de saynètes savoureuses et fait vivre une galerie bigarrée de personnages plus pittoresques et attachants les uns que les autres. On retiendra particulièrement, outre le seigneur oisif et piètre archer : un brocanteur-mendiant et son acolyte sans bras (mais uniquement pendant les heures de travail), un petit garçon orphelin qui impose tous ses caprices à ses parents adoptifs (leurs refus catégoriques et définitifs étant systématiquement démentis par le plan suivant), et bien sûr, le drôle de couple qui l’a recueilli, Sazen Tange, le samouraï passant le plus clair de son temps à faire la sieste, et sa compagne, l’énergique patronne de la petite maison de jeu qui le fait fuir chaque fois qu’elle prend son shamizen pour chanter le monde flottant.
La composition de Denjiro Okochi en Sazen Tange est étonnante, à la fois débridée et hyper-stylisée, et ses partenaires ne sont pas en reste. Pourtant Yamanaka ne sacrifie pas l’humanité de ses personnages à l’effet comique, voire grotesque. Son regard est juste et chaleureux et sa mise en scène sait ménager des effets de surprise à l’intérieur du plan. La réputation dont il jouit auprès des cinéphiles n’est certes pas usurpée : on reconnaît immédiatement la patte d’un vrai et grand cinéaste.
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