Deux sublimes canailles
Le 10 juillet 2010
On retrouve dans cette comédie picaresque teintée de gravité la touche inimitable de Yamanaka, assisté par une troupe d’acteurs formidables.
- Réalisateur : Sadao Yamanaka
- Acteurs : Setsuko Hara, Chojuro Kawarasaki, Kan.emon Nakamura
- Genre : Comédie dramatique, De cape et d’épée
- Nationalité : Japonais
- Plus d'informations : http://www.pariscinema.org/fr/film/...
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– Durée : 1H21mn
– Titre original :河内山宗俊
On retrouve dans cette comédie picaresque teintée de gravité la touche inimitable de Yamanaka, assisté par une troupe d’acteurs formidables.
L’argument :Hirotaro est un jeune voyou. Vendeur de thé, il vit aux crochets de sa soeur. Habitué à perpétrer de menus larcins, il vole l’épée très précieuse de Lord Matsue. En fuite, il rencontre, Kochiyama, une crapule des basfonds de Tokyo qui le prend sous son aile et lui enseigne la vie.
Notre avis : Kōchiyama et Ichinijo, les deux crapules au grand coeur de Kōchiyama Sōshun, sorti au Japon le 30 avril 1936, ne sont pas sans parenté avec Sazen Tange, le héros du film réalisé par Yamanaka l’année précédente et dont on retrouve ici certaines silhouettes (le duo grotesque des prêteurs sur gage). On retrouve aussi l’ambiance colorée d’un quartier populaire où, entre échoppes, maisons de jeu et bordels, chacun essaye de se débrouiller comme il peut à coup de combines et de trafics en tous genres.
C’est la troupe de Kabuki Zenshin-za, formée de jeunes acteurs en rupture avec la pesanteur du théâtre traditionnel, qui anime joyeusement ce petit monde. (On la retrouvera d’ailleurs au grand complet dans Pauvres humains et ballons de papier). Cet ensemble formidable de comédiens est parfaitement en phase avec l’orientation à la fois bouffe et naturaliste que Yamanaka et son scénariste Shintaro Mimura ont donné à la pièce Kumo ni magou Ueno no Hatsuhana de Mokuami Kawatake.
Ils entourent deux cabotins grandioses : Chojiro Kawarasaki, Kōchiyama que rien ne démonte, et Kan’emon Nakamura, plus extraverti dans le rôle de Ichinijo, son acolyte boiteux, samouraï de fraîche date, surpris lui même de son aisance à dégainer le sabre qu’il vient d’acheter (Il sera le barbier Ginza dans Pauvres humains). Ces deux sublimes canailles (pour reprendre le titre d’un film de John Ford, inspiration possible) vont se racheter une conduite en risquant (et en laissant) leur vie pour sauver le jeune inconscient et sa soeur Onami (une délicieuse Setsuko Hara de seize ans dans un de ses premiers rôles).
Après divers subterfuges et escroqueries plus ou moins rocambolesques, donnant lieu à autant de saynètes comico-picaresques, c’est une séquence virtuose de bataille-poursuite à rebondissements dans les venelles et les canaux du quartier qui clôturera de manière magistrale cette oeuvre dans laquelle humour et pathétique sont intimement liés.
Euphorisant du début à la fin, le film contient quelques moments de grâce véritable. On retiendra notamment la subtile mise en scène de deux actions imbriquées l’une dans l’autre lorsqu’un gamin venu acheter un bonbon dans la petite boutique d’Onami assiste et participe involontairement à une dispute entre frère et soeur, la gifle que la jeune fille administre à Hirotaro n’empêchant pas celui-ci de continuer à s’occuper de son client.
Et puis quel émerveillement, dans ce film tourné entièrement en studio, lorsque soudain au milieu d’une scène se mettent à tomber de gros flocons de neige, sans qu’aucun personnage ne semble y prêter attention et qu’au plan suivant une mince couche blanche recouvre le sol et les toits de la ruelle.
C’est ça aussi la touche Yamanaka.
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