Le 22 mai 2024
Un subtil portrait de femme où l’on retrouve des constantes du cinéma de Sorrentino, mais avec plus de retenue qu’à son habitude. Une réussite.
- Réalisateur : Paolo Sorrentino
- Acteurs : Stefania Sandrelli, Silvio Orlando, Isabella Ferrari, Gary Oldman, Nello Mascia, Luisa Ranieri , Celeste Dalla Porta, Peppe Lanzetta
- Genre : Drame, Fantastique, Drame fantastique
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 2h16mn
- Date de sortie : 12 mars 2025
- Festival : Festival de Cannes 2024
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Résumé : La vie de Parthénope, de sa naissance dans les années 1950 à nos jours. Une épopée féminine dépourvue d’héroïsme mais éprise de liberté, de Naples, et d’amour. Les amours vraies, indicibles ou sans lendemain qui vous condamnent à la douleur mais qui vous font recommencer. Le parfait été à Capri d’une jeunesse insouciante malgré un horizon sans issue. Autour de Parthénope, les Napolitains. Scrutés, aimés, désillusionnés et pleins de vie, que l’on suit dans leurs dérives mélancoliques, ironies tragiques et moments de découragement. La vie peut être très longue, mémorable ou ordinaire. Le temps qui passe offre tout le répertoire des sentiments. Et là, au fond, proche et lointaine, cette ville indéfinissable, Naples, qui ensorcèle, enchante, hurle, rit et peut nous faire mal.
- © Festival de Cannes 2024. Tous droits réservés.
Critique : Coécrit avec Umberto Contarello, Parthénope est le septième long métrage de Paolo Sorrentino. La main de Dieu, le précédent, plus ou moins autobiographique, était caractérisé par une sobriété visuelle inédite chez le cinéaste. Parthénope permet de retrouver le style et l’univers du réalisateur, mais avec le temps il semble avoir renoncé à l’exubérance qu’il avait déployée dans des films tels Les conséquences de l’amour et L’ami de la famille. La narration suit le parcours de Parthénope, née en 1950 dans une famille aisée occupant une splendide demeure sur la baie d’Amalfi. Ses parents lui ont donné le prénom d’une déesse de la mythologie grecque, « celle qui a un visage de jeune fille », sirène qui avait symbolisé pour la ville de Naples la pureté, le chant et la mort. Elle a inspiré plusieurs artistes, tels Vivaldi (Rosmira) et le poète Johann Gottfried von Herde (Parthenope. Ein Seegemählde bei Neapel). Sorrentino est le premier cinéaste à utiliser cette figure mythologique, mais on se doute que son projet est de l’incorporer à sa démarche d’auteur, qui n’est pas celle d’un Jean-Marie Straub.
- Celeste Dalla Porta, Stefania Sandrelli
- © 2024 THE APARTMENT SRL - NUMERO 10 SRL - PATHÉ FILMS ALL RIGHTS RESERVED - Gianni Fiorito
Parthénope se focalise ainsi sur la personnalité de Parthénope tout en cernant une certaine image de l’Italie du Sud, en particulier lors de la première moitié des années 70 qui sont celles de la vie d’étudiante de la jeune femme. Pathénope, est belle, intelligente, posée, et réussit à susciter l’admiration de son entourage. Cette passionnée d’anthropologie forme un trio fusionnel avec son frère, mystérieux et fragile, et un ami d’enfance, son premier amour de jeunesse. Une partie du récit montre les trois jeunes gens entreprendre une escapade à Capri qui sera l’expérience la plus marquante de la vie de Parthénope, mêlant plénitude et tragédie. D’autres hommes exerceront une influence sur elle, comme son professeur d’université (Silvio Orlando), rigide mais qui la forcera à donner le meilleur d’elle-même ; et un écrivain anglophone (Gary Oldman) dont elle admire l’œuvre. Sorrentino et Contarello sont subtils dans ce portrait d’une jeune femme émancipée qui gardera toujours son libre arbitre et restera fidèle à ses valeurs, mais nul manichéisme ou volonté démonstrative dans l’histoire. En ce sens, Parthénope est l’un des films italiens féministes les plus aboutis, loin de la roublardise de Il reste encore demain (qui certes ne décrit pas le même milieu).
- Gary Oldman
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Alternant moments contemplatifs digressifs et ellipses temporelles (Stefania Sandrelli incarnera Parthénope, universitaire en fin de carrière), le long métrage permet aussi à Sorrentino d’exercer son admiration pour la ville de Naples. Il précise ainsi sur le site du Festival de Cannes : « Naples est une ville qui appartient à mes émotions. Chaque jour, les Napolitains réinventent leur vie, ils décident que celle-ci doit les surprendre, et moi je veux la raconter comme ça. » Cela n’exclut pas un regard critique sur ses compatriotes et le système politique, avec en filigrane un désenchantement qui était également manifeste dans Il Divo ou La grande bellezza. L’une des séquences les plus emblématiques est cet égard l’étrange rituel (fantasmé) qui voit deux familles bourgeoises assistant au début de la nuit de noces de deux tourtereaux, pour vérifier l’effectivité de leur union et, partant, de leur descendance... On retrouve ici le Sorrentino sarcastique de Silvio et les autres, fellinien et baroque, même si Parthénope privilégie la sérénité visuelle. Le long métrage est donc une bonne surprise dans la filmographie du réalisateur, qui certes n’atteint pas la maîtrise de La grande bellezza, mais est bien supérieur à This Must Be the Place ou Youth. Il faut enfin signaler la révélation de l’actrice Celeste Dalla Porta, dont la grâce et la luminosité font écho à celles de Lucia Bosè ou Irène Jacob.
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