Le 13 septembre 2013
Et encore, il n’y a pas que les pieds que ça casse...
Quel est le bougre d’imbécile qui a décidé ça ? Qui est-il qu’on le flagelle sur la place publique à grand coup d’invendus ? Apportez-moi le nom de ce Charlemagne du 9e art qui a eu cette idée folle un jour d’inventer la rentrée littéraire de la BD que je puisse lui faire manger tous les livres que je n’ai pu acheter !
Coup d’œil dans le rétro. Ouh le bel été que l’on a eu. Deux mois de chaleur estivale, de plage et de détente la plus totale. Deux mois à observer la poussière s’accumuler sur les étals de mon libraire BD. Deux mois à dépenser mon temps (et mon argent) en Télé 7 Poche spécial sudoku parce qu’il n’y avait que ça à se mettre sous la dent.
Retour au mois de septembre. Il fait moche, il fait gris, il pleut. Ca fait 10 jours que l’on court tous comme des jamaïcains (Bolt, pas Bob) a assurer la rentrée du petit dernier, l’inscription au club de poney de la grande, le renouvellement de la garde robe (mais pas de la sienne), les certificats médicaux, les dernières formalités administratives, etc. Et quand, finalement, on peut se libérer quelques minutes pour aller voir son dealer de livres, c’est pour le retrouver en sur-stress et ce malgré ses vacances à Ibiza-les-pins.
Et pourquoi qu’il est encore plus flippé que le dauphin, le libraire ? C’est parce que ça fait 2 semaines qu’il reçoit des colis par dizaines et que sa journée consiste à faire manutentionnaire le matin, à expliquer au client que "cette BD est surement très bien mais qu’il n’a pas eu le temps de la lire parcequ’elle vient d’arriver" l’après-midi et, la nuit, à lire des oeuvres par dizaines en sachant qu’elles seront "périmées" le lendemain parce que Télérama/France Inter/Bédéo a louangé une nouvelle nouveauté pas encore sortie ! Pour certains, l’enfer, c’est les autres, pour d’autres, c’est septembre...
Et toi, pauvre client, tu fais la liste de ce que tu dois absolument acheter car tous tes auteurs favoris, toutes tes séries préférées, toutes les tueries que tu attendais depuis 6 mois sortent en ce maudit mois de septembre ! Et là, on parle de "devoir" posséder (car ta vie en dépend) et pas "vouloir" posséder, parce qu’entre temps, en errant dans les rayons, tu as laissé plus de bave sur le sol qu’un troupeau d’escargots sur une laitue. Oui, ça fait envie mais oublie. Déjà, quand tu vas passer à la caisse tu vas te rappeler que les cours de poney, ça coûte une intégrale de Thorgal et que pour payer la pile qui est sur comptoir il va falloir que tu hypothèques le chien ou que tu tapes dans les économies destinées aux vacances prochaines (en sachant que tu as déjà sacrifié la mammoplastie de ta femme l’année dernière).
Et voila, alors que tu n’as jamais été sélectionné chez les bleus, te voila FFF : Fauché, Frustré, Fulminé. Et tout ça à cause de cette cochonnerie de rentrée littéraire de la BD ! Puis, finalement, tu relativises : Combien d’albums n’arriveront jamais jusqu’aux rayonnages ? Combien de très bons bouquins passeront sous le radar ? Combien d’heures de travail gâchées à cause d’un calendrier ? Combien de kilos d’invendus ton libraire devra-t-il renvoyer le mois prochain ?
Finalement, la rentrée littéraire de la BD fera au moins un heureux : le pilon. Ça ne m’étonnerait pas, d’ailleurs, que la puissante et secrète corporation des piloneurs ne soit à l’origine de cette tradition insensée car, à par eux, à qui profite le crime ?
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Crédits photo :
- IDEE PER VIAGGIARE - http://www.flickr.com/photos/idee_per_viaggiare/
- Dave-F - http://www.flickr.com/photos/frield/
Galerie photos
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