Le 20 novembre 2024
Un film lent et romantique qui tente, sans y parvenir tout à fait, de donner une image moins ténébreuse de ce grand écrivain du XXe siècle.
- Réalisateurs : Georg Maas - Judith Kaufmann
- Acteurs : Henriette Confurius, Sabin Tambrea, Daniela Golpashin, Manuel Rubey
- Genre : Drame, Biopic, Romance
- Nationalité : Allemand
- Distributeur : Condor Distribution
- Durée : 1h38mn
- Titre original : Die Herrlichkeit des Lebens
- Date de sortie : 20 novembre 2024
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Résumé : À l’été 1923, au bord de la Baltique, Franz Kafka fait la rencontre de Dora Diamant, jeune animatrice pour enfants dont il tombe éperdument amoureux. Le célèbre écrivain le sait, tout s’oppose à cette idylle : sa santé déclinante, son spleen chronique, la mainmise de son père sur sa vie. Mais auprès de la jeune femme, Franz retrouve le goût d’écrire et l’envie de profiter de chaque minute. Comme pour faire du temps qu’il lui reste un grand chef-d’œuvre.
Critique : Le nom de Franz Kafka évoque rarement la joie de vivre. Élevé par un père autoritaire, pour ne pas dire tyrannique, il se complaît dans un univers sombre qui se reflète largement dans ses romans tels que Le château ou ses nouvelles, comme la métamorphose. Si Kafka était souvent perçu comme un être timide et tourmenté, il était aussi capable d’humour et d’ouverture vers les autres. S’appuyant sur le livre de Michael Kumpfmüller, La splendeur de la vie, les réalisateurs allemands Judith Kaufmann et Georg Maas explorent cette facette inattendue à travers sa rencontre avec Dora Diamant (Henriette Confurius), une jeune femme vive et déterminée de vingt ans sa cadette. Plutôt qu’un biopic, ils se consacrent au dernier amour d’un homme jusque là empêtré dans la difficulté des relations humaines et à la vie amoureuse chaotique.
- Copyright Majestic/Christian Schulz
Une histoire au goût de tragédie puisque l’écrivain, qui souffre de la tuberculose, se sait condamné à court terme et comprend vite que sa maladie, son caractère taciturne et son manque d’argent (ses écrits ne sont, à cette époque, pas reconnus) ne plaident pas en sa faveur auprès de sa nouvelle bien-aimée. Pour maintenir un fragile équilibre entre bonheur et menace, l’accent est d’abord mis sur la contemplation de tableaux magnifiés d’enfants qui courent sur une plage de la mer baltique aux tons gris et verts, d’un Kafka souriant, cheveux au vent sur une moto, avant de transporter quelques cageots d’oignons. Un peu plus tard, notre homme de lettres semble reprendre goût à l’écriture, lui qui avait pour habitude de commencer des textes sans parvenir à les terminer.
- Copyright Majestic/Christian Schulz
Mais au fur et à mesure la maladie gagne du terrain. Une petite chambre humide louée à une propriétaire peu avenante renseigne sur les difficiles conditions de vie dans le Berlin de cette année 1923, alors que l’Allemagne est en proie à une grave crise économique, tandis que le despotisme paternel (le père n’apparaîtra cependant jamais à l’écran), jusque là sous-jacent, révèle toute sa puissance.
Sabin Tambrea, le visage émacié, le regard creusé, incarne un Kafka tout à fait crédible, en parfaite opposition avec la vivacité qu’insuffle Henriette Confurius à cette journaliste et militante communiste engagée (qui aurait mérité que l’on s’attarde davantage sur son parcours) que fut Dora Diamant. Mais le récit s’étire en longueur et l’on cherche en vain la petite étincelle qui ferait de ce couple dépareillé un objet d’émotion. En renonçant à s’intéresser à la nature intrinsèque de ses protagonistes pour ne privilégier qu’une histoire d’amour lacunaire, le scénario crée un sentiment de frustration chez le spectateur, qu’une mise en scène pourtant ample ne parvient pas à dissiper.
On retiendra finalement de cette œuvre éloignée de tout esprit kafkaïen (ici nulle situation oppressante, absurde ou cauchemardesque) la beauté de ses paysages nordiques et le charisme de ses acteurs principaux.
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