Le 17 août 2024
Ce péplum soigné se laisse regarder sans déplaisir, malgré son académisme ambiant. Christopher Plummer livre sa meilleure composition.
- Réalisateur : Anthony Mann
- Acteurs : Sophia Loren, Mel Ferrer, James Mason, Omar Sharif , Alec Guinness, Christopher Plummer, Andrew Keir, John Ireland, Anthony Quayle, Eric Porter, Stephen Boyd, Douglas Wilmer, Finlay Currie, Norman Wooland
- Genre : Historique, Péplum
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : Solaris Distribution
- Durée : 3h08mn
- Reprise: 14 août 2024
- Titre original : The Fall of the Roman Empire
- Date de sortie : 30 avril 1964
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Résumé : L’empereur romain Marc Aurèle sent la mort approcher et désigne Livius pour lui succéder. Mais son fils Commode refuse de s’effacer : il fait assassiner son père et s’empare du trône. Livius va tenter de s’opposer à lui. C’est le début d’une époque troublée pour Rome, qui va entamer son déclin.
Critique : Produit par Samuel Bronston et The Rank Organisation, La chute de l’Empire romain a la réputation d’avoir été l’un des plus gros échecs commerciaux des années 1960, avec 1,9 million de dollars de recettes en Amérique du Nord pour des coûts de production de plus de 20 millions de dollars. Sur le plan artistique, le long métrage a longtemps été considéré comme mineur dans la filmographie d’Anthony Mann, auteur important des années 50, à qui l’on doit des westerns majeurs comme L’appât et L’homme de l’Ouest. D’aucuns ont récemment souhaité réhabiliter ce péplum, coproduction américano-britannique, qui a fait l’objet d’une restauration et est présenté sur nos écrans par le distributeur Solaris en août 2024. Nous ne partagerons par leur enthousiasme, tout en reconnaissant à cette superproduction d’indéniables qualités. Coécrit par Ben Barzman, Bazilio Franchina et Philip Yordan, le scénario est à la fois ambitieux et modeste, puisqu’un carton initial nous informe que la chute de l’Empire romain a de multiples causes, complexes, et que le film se focalise sur certaines d’entre elles seulement. Façon de nous prévenir mais aussi d’anticiper les reproches de simplification… En fait, l’histoire est centrée sur les débuts supposés de cette chute, après la mort de l’empereur Marc Aurèle (Alec Guinness). Une rivalité va alors opposer Livius (Stephen Boyd), le fils adoptif que Marc Aurèle aurait souhaité comme successeur, à Commode (Christopher Plummer), le fils déshérité.
- Sophia Loren, Stephen Boyd
- © 1964 The Rank Organisation, Samuel Bronston Productions / © 2024 Solaris Distribution. Tous droits réservés.
Le premier souhaite régler les conflits politiques par la négociation et la liberté pour les peuples annexés se rebellant, quand le second, qui règnera un temps après la mort de son père, veut utiliser la force, et se révèle comme un dictateur mégalomane et sanguinaire. Un autre personnage va jouer un rôle clef : il s’agit de Lucilla (Sophia Loren), la sœur de Commode qui est éprise de Livius, mais que l’on marie au roi d’Arménie (Omar Sharif). Si la réalité historique est quelque peu malmenée (mais cela n’est en rien un problème dans une fiction de cinéma), le film privilégie les scènes de dialogues intimes, faussement shakespeariens, et qui sont préférées aux rares séquences d’action et de combat, à l’instar de la Cléopâtre de Mankiewicz, auquel on peut le comparer, mais qui nous semble plus réussi. La chute de l’Empire romain a pourtant de réelles qualités, à commencer par le soin technique appréciable notamment avec la photo de Robert Krasker et les décors de Venerio Colasanti et John Moore. Ces derniers ont reconstitué le forum romain, l’un des plus gigantesques décors de cinéma, de 437 mètres de long sur 251 de large, et le résultat est vraiment impressionnant en CinemaScope.
- James Mason
- © 1964 The Rank Organisation, Samuel Bronston Productions / © 2024 Solaris Distribution. Tous droits réservés.
Plusieurs séquences sont saisissantes sur le plan esthétique, comme celle relative à l’enterrement de Marc Aurèle, qui confirme qu’Anthony Mann a vraiment le sens de la mise en scène et du cadrage. Et l’on ne peut qu’être frappé par l’interprétation de Christopher Plummer, dont la composition d’empereur illuminé vaut bien celles de Peter Ustinov en Néron dans Quo Vadis et Malcolm McDowell dans Caligula. Ces précisions étant apportées, on regrettera un académisme auquel le réalisateur avait échappé dans la superproduction Le Cid, tourné trois ans plus tôt. Il peine à s’affirmer dans ce projet démesuré. Les thèmes de la tolérance ou de l’action de l’homme face à la nature, qu’il avait abordés avec finesse dans ses grands classiques de la décennie antérieure, sont ici source de manichéisme, avec des échanges entre protagonistes qui relèvent plus du soap que de la tragédie antique. L’ensemble est également écrasé par une théâtralité pesante : à l’exception de Plummer, les interprètes sont d’une raideur scénique, toges et sandales à l’appui, même lorsqu’il s’agit de pointures de la trempe de James Mason ou Alec Guinnness. Bref, on est loin de l’éclat de Spartacus ou de Ben-Hur, auquel fait songer la course de chars filmée par la deuxième équipe (Andrew Marton et Yakima Canutt). Cela n’empêche pas La chute de l’Empire romain de se laisser regarder sans déplaisir. Ridley Scott avec Gladiator se basera sur le même matériau historique.
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