Au fil de l’eau
Le 3 décembre 2012
Antoine s’abandonne à la joie de la pure contemplation émerveillée dans ce magnifique périple fluvial tourné en Belgique et resté longtemps inédit.
- Réalisateur : André Antoine
- Acteurs : Pierre Alcover , Maguy Deliac, Louis Ravet, Jane Maylianes, Georges Denola
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h19mn
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– Première projection de la version montée par Henri Colpi : 12 mars 1984 à la Cinémathèque Française
Antoine s’abandonne à la joie de la pure contemplation émerveillée dans ce magnifique périple fluvial tourné en Belgique et resté longtemps inédit.
L’argument : Deux péniches, l’Hirondelle et la Mésange , transportent du matériel de construction entre la Belgique et la France. Pierre, le maître batelier, sa femme, Griet, et sa belle-soeur, Marthe, complètent aussi l’ordinaire en faisant passer clandestinement en France de la dentelle et des pierres précieuses. L’arrivée d’un nouveau pilote, Michel, va semer le trouble à bord.
Notre avis : Produit, comme les autres films d’Antoine, par la SAGL, L’Hirondelle et la Mésange fut tourné à la fin de l’été 1920 loin des studios parisiens, dans le port d’Anvers, à Gand et sur les canaux des Flandres. Il dérouta à ce point les commanditaires de Pathé qu’ils renoncèrent à le distribuer commercialement. On sait pourtant que le film, contrairement à ce qu’on a cru longtemps, a été monté et au moins une projection corporative est attestée en 1924 .
- L’hirondelle et la mésange (Antoine 1920)
Ce montage d’époque ne nous est malheureusement pas parvenu mais six heures de rushes ayant été miraculeusement conservés Henri Colpi, assisté de Sophie Durand, a pu réaliser un nouveau montage au début des année 80, en s’appuyant sur le scénario de Gustave Grillet et les documents de travail très précis d’Antoine et en recourant presque exclusivement aux intertitres rédigés par le cinéaste.
A la vue de cette version probablement très proche de l’originale ont comprend un peu les craintes du distributeur de l’époque : le scénario use certes de vagues ressorts policiers (une histoire de contrebande, un soupçon de drame passionnel) mais on ne peut pas dire qu’Antoine cherche réellement à intéresser le spectateur à une intrigue sommaire qui n’est guère qu’un prétexte.
- L’hirondelle et la mésange (Antoine 1920)
- Pierre Alcover dans L’hirondelle et la mésange (Antoine 1920)
Pourtant certaines scènes possèdent un indéniable impact dramatique, grâce notamment au jeu sobrement intense du toujours étonnant Alcover qui sait parfaitement faire sentir la fièvre inquisitrice qui habite son personnage, en particulier dans la scène hypnotique et intensément érotique où, du pont de la péniche, il observe les deux femmes pendant que l’une enroule autours de la poitrine de l’autre les rubans de dentelle de contrebande.
Mais si le cinéaste sait très habilement jouer du clair obscur (la beuverie dans l’estaminet ou encore la bagarre fatale) et si angles et cadrages sont précisément pensés, il se garde de soumettre lieux, objets et acteurs à la hiérarchie de la narration, ne renonçant jamais à une distance documentaire d’observateur attentif.
Il s’en remet à la fascination que produit le jeu inépuisable, élémentaire et toujours changeant, du mouvement et de l’immobilité, alternant les plans pris de la péniche (celle-ci restant donc fixe à l’image) qui font défiler le paysage et d’autres pris de la terre ferme (observant donc ce qui se meut sur l’eau).
Les acteurs, jouant au minimum, ne cherchent pas à faire apparaître intentions profondes et psychologie mais gardent à leurs personnages le caractère indécidable, mystérieux d’un réel non soumis aux règles de la fiction.
Ils ne se distinguent pas de ceux qui étaient simplement là au moment de la prise de vue à qui on ne demande rien d’autre que d’être là : enfants qui observent la scène en arrière plan et regardent droit vers l’objectif ; passants ou vendeurs de rues.
- L’hirondelle et la mésange (Antoine 1920)
- L’hirondelle et la mésange (Antoine 1920) - la séquence de l’Ommegang
Cette espèce d’innocence du regard donne à ce film qui s’abandonne aux joies de la pure contemplation ébahie (l’agitation du port d’Anvers au début, le défilé de chars de l’Ommegang, la séance chez le photographe) une légèreté, une allégresse communicative.
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