Le passé dans le miroir
Le 7 novembre 2012
Ce très beau drame impressionniste est considéré comme le chef-d’œuvre de Delluc, cinéaste trop tôt disparu.
- Réalisateur : Louis Delluc
- Acteurs : Roger Karl, Ève Francis, Gine Avril, André Daven, Michel Duran
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h01mn
- Date de sortie : 26 juillet 1922
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– Tournage entre décembre 1921 et février 1922 à Paris et en Italie (extérieurs près de Gênes)
Ce très beau drame impressionniste est considéré comme le chef-d’œuvre de Delluc, cinéaste trop tôt disparu.
L’argument : Une femme âgée, usée, finie, fait un ultime pèlerinage à la maison qu’elle quitta pour son malheur il y a trente ans, elle y retrouve une jeune femme dans la même situation et surtout l’image de ses heures de joies, et elle ne regrette pas d’avoir payé si durement le bonheur enfui. Ces thèmes me tourmentent et me poursuivent. Ces évocations doivent trouver chez le spectateur une compréhension profonde. Chacun a une chose en lui ou une histoire qu’il croit morte et que les fantômes de l’écran ont tôt fait de ranimer. (Louis Delluc)
Notre avis : Disparu à trente trois ans, Louis Delluc (1880-1924), illustre pionnier de la critique et de la théorie cinématographique (on lui attribue l’invention du mot cinéaste), scénariste de La fête espagnole (Germaine Dulac, 1919), n’eut le temps de réaliser que sept films.
La femme de nulle part, l’avant dernier (avant L’inondation), est généralement considéré comme son chef-d’oeuvre.
- La femme de nulle part (Delluc 1922)
Comme dans le plus ouvertement expérimental Fièvre (1921), le scénario, minimal, n’accorde aux personnages qu’une identité générique (la femme du titre n’a même pas de nom) et ne s’encombre pas de péripéties inutiles pour exposer une situation à valeur universelle et exemplaire.
- La femme de nulle part (Delluc 1922)
Il soumet son héroïne à l’épreuve du miroir (celui de la jeune femme dans laquelle elle se reconnaît) et lui fait revivre le dilemme du choix entre la sécurité d’une existence bourgeoise, paisible mais étriquée, et l’aspiration vers un ailleurs de plaisir, d’une vie intensément vécue dans l’instant.
Malgré le jeu par moments appuyé (mais élégamment stylisé) d’Eve Francis, obligée de souligner l’âge et la fatigue de son personnage, le film évite aussi bien la lourdeur rhétorique que le pesant symbolisme et frappe par sa sensibilité atmosphérique (les vues documentaires de Gênes lors du voyage d’affaires du mari) et son côté impressionniste, ne faisant resurgir le passé que sous forme de très brèves remontées submergeantes.
Il confirme la place éminente de Delluc dans le paysage du cinéma français des années 20 et fait mesurer la perte causée par sa disparition précoce.
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