Naturalisme beauceron
Le 9 juin 2012
L’instinct cinématographique d’Antoine apporte une vraie respiration à cette adaptation fidèle et à peine édulcorée du sombre roman de Zola.
- Réalisateur : André Antoine
- Acteurs : Germaine Rouer, Berthe Bovy, Jeanne Grumbach, René Alexandre, Jean Hervé, Armand Bour, Jeanne Briey, Emile Mylo, Emile Desjardins, Max Charlier, René Hiéronimus, Armand Numès, Léon Malavier
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h38mn (incomplet)
- Date de sortie : 7 octobre 1921
- Plus d'informations : http://filmographie.fondation-jerom...
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– Tourné en 1919 et 1920
– Présentation corporative : 30.8.1921
– Assistants réalisateurs : Georges Denola et Julien Duvivier.
L’instinct cinématographique d’Antoine apporte une vraie respiration à cette adaptation fidèle et à peine édulcorée du sombre roman de Zola.
L’argument : Le père Fouan, décide à 70 ans de partager ses biens entre ses enfants. Ceux-ci s’engagent à l’héberger, le nourrir et lui donner deux cents francs de rente chacun.
Seule la fille, Fanny, respecte ses engagements. Hyacynthe, dit Jésus Christ, ivrogne vivant de braconnage avec sa fille La Trouille, et Buteau, violent et âpre au gain, ne le recueillent après la mort de sa femme que pour tenter de lui soutirer l’argent qu’il a mis de côté.
Buteau a fait un enfant à Lise, l’aînée des soeurs Mouche, et l’a épousée trois ans plus tard lorsqu’elle est devenue une riche héritière. Mais il poursuit aussi de ses avances la seconde, Françoise, co-propriétaire de la ferme.
Celle-ci se rapproche de Jean Macquart et finit par l’épouser au grand dépit de Buteau et de Lise qui sont obligés de déménager.
Apercevant un jour Françoise seule dans un champ ils l’agressent violemment et la font tomber sur la faux qu’elle à laissé par terre. Grièvement blessée, Françoise meurt.
Le père Fouan erre toute une nuit dans la campagne gelée. On le retrouve sans vie à l’aube.
Jean Macquart quitte le village.
Notre avis : André Antoine (1857-1943) fut, à partir de la création de son Théâtre-libre en 1887, le principal artisan d’un renouveau de l’art théâtral. Appliquant les principes du naturalisme au jeu des acteurs et à la mise en scène, il s’appuya sur la notion, formulée par Diderot, du quatrième mur séparant la scène du public et mettant celui-ci en position d’observateur d’une tranche de vie (les personnages pouvant par exemple tourner le dos à la salle).
Il influença nombre de cinéastes, à commencer par Capellani (Germinal) et réalisa lui-même, entre 1915 et 1922, plusieurs films s’inscrivant dans la droite ligne de son travail théâtral.
- La terre (André Antoine, 1919-1920)
La terre, tourné en 1919-20 (mais sorti seulement en 1921) est une adaptation du roman de Zola publié en 1888 et dont Antoine avait déjà monté une version scénique en 1902.
L’oeuvre originale est particulièrement sombre et violente. Le film lui est fidèle mais atténue parfois très légèrement sa crudité (la chute de Françoise sur la faux, plus accidentelle que dans le livre ; le père Fouan mourant de froid dans la campagne et non pas brûlé).
La vision d’un monde paysan brutal n’en est pas édulcorée pour autant et la mise en scène ne recule pas, par moments, devant une sur-dramatisation que renforcent encore, dans les intérieurs, une belle photo contrastée, presque expressionniste, jouant sur les clairs-obscurs, ainsi que le jeu quelque peu forcé de certains des acteurs, en particulier Jean Hervé dans le rôle de l’ignoble Buteau.
D’autres, comme Berthe Bovy (La Trouille) optent franchement pour la caricature et apportent une note de comique grotesque plutôt bienvenue.
- La terre (André Antoine, 1919-1920)
On sera plus sensible pourtant à l’apparente absente de jeu de l’admirable Germaine Rouer (Françoise), de René Alexandre (Jean) ou de Jeanne Grumbach (qui crève l’écran dans le rôle trop bref de La Cognette).
Car le film captive surtout quand il laisse de côté le drame pour adopter un ton quasi documentaire, observant très attentivement les visages, les attitudes et le travail des hommes, mais laissant aussi une large place aux animaux et aux paysages beaucerons.
Bien que les compositions d’Antoine soient moins vivantes que celles de son disciple Capellani, elles sont animées d’une vraie respiration qui permettent à ce film magnifique d’être bien plus qu’une illustration servile du roman de Zola.
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