Vendetta
Le 30 novembre 2014
Le premier film d’Antoine provoqua l’enthousiasme de Delluc. On le comprend.
- Réalisateur : André Antoine
- Acteurs : Henry Krauss, Philippe Garnier, Jacques Grétillat , Romuald Joubé, Rose Dione, Henri Roussel
- Genre : Drame, Historique, Film muet
- Nationalité : Français
- Durée : 60mn
- Date de sortie : 26 janvier 1917
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– Année de production : 1915-1916
– Assistant réalisateur : Julien Duvivier
– Production : S.C.A.G.L. - Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres
– Distributeur d’origine : Pathé Frères
– Directeur de la photographie : Paul Castanet
Le premier film d’Antoine provoqua l’enthousiasme de Delluc. On le comprend.
L’argument : Alexandre Dumas au cours d’un voyage en Corse y rencontre le vieil Orlando, un habitué du maquis qui lui conte l’histoire de la famille des Franchi chez qui l’écrivain était descendu. Quatre siècles auparavant, une noble dame de Franchi était en butte aux obsessions amoureuses du redoutable Jacopo d’Istria. Elle l’invita à un festin à l’issue duquel, elle le fit enfermer dans ses souterrains. Depuis, la vendetta avait accumulé ses crimes entre les deux familles. Les derniers descendants des d’Istria venaient de disparaître, tués par les Franchi qui n’étaient plus représentés que par deux jumeaux, Louis et Lucien.
De retour à Paris, Dumas voulut rencontrer Louis, qui faisait ses études dans la capitale. Louis de Franchi avait dans sa vie un doux et platonique roman d’amour. Il aimait une femme mariée, la comtesse de Lesparre. Celle-ci, persécutée par le marquis de Château-Renaud, cédait à ses menaces, dans la crainte d’une rencontre qui lui ravirait son mari. Un jour, l’altercation qu’elle redoutait se produisit mais ce fut Louis de Franchi qui la provoqua. Le jeune homme fut tué. Au moment où il tombait sur le terrain, Lucien de Franchi, en Corse, ressentait au cœur la blessure de la balle qui avait frappé son frère. Il s’embarqua aussitôt pour le venger.
Source : http://filmographie.fondation-jeromeseydoux-pathe.com/17698-freres-corses-les
Notre avis : Dans ce premier film réalisé pour la SCAGL, dirigée par Pierre Decourcelle et spécialisée dans les adaptations littéraires de prestige, André Antoine, qui apparaît à l’image avant le générique, adapte un bref roman d’Alexandre Dumas père, publié en 1845 et qui connaîtra par la suite plusieurs autres avatars cinématographiques.
L’acteur Henry Krauss (Les misérables, Quatre vingt-treize) s’est fait la tête du romancier-narrateur et interprète le rôle avec une vivacité facétieuse qui invite à ne pas trop prendre au sérieux une intrigue qui est clairement donnée comme étant largement le fruit de sa fantaisie débridée.
Le ton de l’ensemble est donc plutôt léger et feuilletonnesque malgré le caratère sombre de cette histoire de vendetta et de malédiction familiale.
L’impression de légèreté est due aussi à la sobriété du jeu des acteurs, interdits de gesticulation et de surlignage : Joubé dans le double rôle des deux frères ; Rose Dione aux exquises pose alanguies ; Roussel en dandy cynique.
Elle est due aussi aux nombreuses scènes en extérieur, celles se déroulant en Corse ayant du, au grand dépit d’Antoine, être tournées dans la forêt de Fontainebleau.
L’expérience acquise au théâtre par ce héraut du naturalisme aboutit ici à une simplicté très élaborée et une grâce chorégraphique qui se déploie particulièrement dans la partie rétrospective (la caméra qui accompagne l’avancée des personnages au moment de l’embusquade) et dans la superbe séquence du bal masqué à l’opéra qui constitue certainement le point culminant de l’ensemble.
Le cinéaste y manie admirablement l’art du contrepoint en plongeant ses protagonistes dans l’agitation ambiante : la cohue des danseurs vue de haut depuis la loge, les masques goguenards et taquins qui ne cessent de faire irruption dans le cadre, la jolie fille au sourire pensif adossée au mur au centre de l’écran et observant amusée ce qui se passe autour d’elle, ou encore la ballerine qui tente en vain de tirer le sombre jeune homme par la manche.
Certains critiques de l’époque semblent avoir décelé dans la liberté de ton du film la gaucherie d’un débutant. Un observateur attentif constatera pourtant que l’approximation n’a pas sa place ici et que les cadrages comme le rythme sont le fruit d’une mûre réflexion.
Delluc ne s’y trompa pas et s’enthousiama pour cette verve débordante, ce sens aigu des tons. Il ajoutait : ce désordre d’art là-dessus, c’est une joie. On comprend cet enthousiame en découvrant ce film rarement projeté, dont la seule copie, issue d’une collection japonaise, a été présentée à la Cinémathèque Française dans le cadre d’une passionnante programmation autour de la Guerre de 14-18.
- Antoine - Les frères corses - SCAGL 1916
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