Qui est le seigneur du château ?
Le 8 juillet 2012
Comme les autres films d’André Antoine, cette belle adaptation du roman de Jules Sandeau respire le bonheur de filmer.
- Réalisateur : André Antoine
- Acteurs : Léon Malavier, Romuald Joubé, Huguette Duflos, Catherine Fonteney, Maurice Escande, Charles Lamy, Félix Huguenet, Charles Granval, Saturnin Fabre
- Genre : Drame, Historique
- Nationalité : Français
- Durée : 1h27mn
- Date de sortie : 4 mars 1921
- Plus d'informations : http://filmographie.fondation-jerom...
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– Tourné en 1919
– Présentation corporative le 25 janvier 1921
André Antoine adapte avec un vrai bonheur de filmer le roman de Jules Sandeau.
L’argument : Après la Révolution, le marquis de la Seiglière revient en France. Ses biens avaient été vendus comme biens nationaux et avaient été achetés par son fermier le père Stamply qui les restitue au marquis. Alors que le marquis “accorde” au vieux Stamply la jouissance d’un coin du château, sa fille Hélène prend soin du vieil homme. Mais ce dernier, anéanti par la mort de son fils enseveli sous les glaces de la Bérézina succombe bientôt. Au château sont venus habiter Mme de Vaubert qui espère faire épouser Hélène par son fils Raoul, et Destournelles, un avocat ambitieux et retors. Mais Bernard, le fils Stamply, a échappé miraculeusement à la mort et revient. Tout d’abord, il entre dans les vues de Destournelles qui l’incite à reprendre le domaine jusqu’au jour où il fait la connaissance d’Hélène. Après une péripétie dramatique, Bernard reconquiert l’amour d’Hélène et le vieux marquis est obligé de bénir l’union des deux jeunes gens. (Résumé emprunté à la fiche du film sur le site de la Fondation Pathé Jérome Seydoux)
Notre avis : Adapté d’un roman de Jules Sandeau publié en 1847, Mademoiselle de la Seiglière est un fort beau film à costumes dont l’intrigue, qu’on pourra qualifier sommairement de balzacienne, enjambe la période napoléonienne, le prologue se passant à l’époque de la Révolution et la suite à celle de la Restauration.
La caractère de l’oeuvre est plutôt intimiste et la Grande Histoire y reste en arrière plan. Mais ses répercutions sont des éléments constitutifs du drame (exil, puis retour des aristocrates ; Campagne de Russie)
La reconstitution est soignée, vivante, attentive aux détails, et le théâtre social de la société provinciale de province est décrit avec un oeil acéré et un trait ferme, tendant à la caricature sans méchanceté excessive.
Des acteurs chevronnés [1], tous remarquables, réussissent à caractériser leurs personnages en se gardant de trop les charger, à l’exception de Charles Lamy, qui s’en donne à coeur joie en notaire rancunier jouant au deus ex machina).
- Huguette Duflos et Romuald Joubé dans Mademoiselle de la Seiglière (André Antoine 1919/21)
On admire particulièrement Catherine Fontenay dans le rôle de madame de Vaubert, intrigante et pourtant grande dame, Maurice Escande dans celui de son dandy de fils, et surtout Romuald Joubé qui, à quarante ans passés, a gardé, comme son personnage, la fougue de la jeunesse et une noblesse naturelle, sans pose. Même Huguette Duflos dans le rôle titre ne minaude presque pas et se révèle tout à fait charmante.
Tournant souvent en extérieur, très à l’aise pour orchestrer les déplacements en plans larges, mais ne renonçant pas pour autant à l’articulation du montage, Antoine fait montre une fois de plus d’un véritable bonheur de filmer. Il adopte un rythme délié, plutôt lent mais jamais laborieux, et mène naturellement le récit à un dénouement heureux qui diffère de celui du roman d’origine mais comble les attentes du spectateur.
Dans sa critique, publiée dans Paris-Midi le 30. octobre 1920, Louis Delluc, souvent sévère avec le cinéma français de son temps, qualifiait le film d’Antoine d’ensemble heureux d’estampe sans violence. Il trouvait que certaines perspectives raccourcies ou déformées donn[ai]ent du caractère aux scènes dites de lointain et les stylis[ai]ent parfois et que Le château, la chasse, la propriété de l’exil, la vieille ferme, et aussi les visions brèves des chevaux, des chiens, des biches anim[ai]ent tout particulièrement ce drame familial lui permettant d’échapper à l’humanité conventionnelle qu’il redoutait.
On souscrit sans réserves à cet avis.
[1] Notons que, contrairement à ce qui est écrit dans la plupart des sources, Charles Granval, le futur Monsieur Lestingois de Boudu, n’interprète pas le rôle du Père Stamply mais celui, plus modeste, d’un valet de chambre (ou peut-être d’un régisseur) du marquis.
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