Le 5 novembre 2023
Dialogues creux et mièvres, bande musicale sirupeuse, personnages stéréotypés, filmage télévisuel... Rien ne nous est épargné dans cette sucrerie historique indigeste.
- Réalisateur : Christian Carion
- Acteurs : Guillaume Canet, Diane Kruger, Daniel Brühl, Lucas Belvaux, Benno Fürmann, Gary Lewis, Bernard Le Coq, Dany Boon
- Genre : Drame, Historique, Film de guerre, Film de Noël
- Nationalité : Britannique, Français, Allemand
- Distributeur : UGC Distribution
- Editeur vidéo : UGC Vidéo
- Durée : 1h55mn
- Date télé : 5 novembre 2023 21:00
- Chaîne : Arte
- Box-office : 1 995 581 entrées
- Date de sortie : 9 novembre 2005
- Festival : Festival de Cannes 2005
Résumé : Lorsque la guerre surgit au creux de l’été 1914, elle surprend et emporte dans son tourbillon des millions d’hommes. Nikolaus Sprink, prodigieux ténor à l’opéra de Berlin, va devoir renoncer à sa belle carrière et surtout à celle qu’il aime : Anna Sörensen, soprane et partenaire de chant. Le prêtre anglican Palmer s’est porté volontaire pour suivre Jonathan, son jeune aide à l’église. Ils quittent leur Écosse, l’un comme soldat, l’autre comme brancardier. Le lieutenant Audebert a dû laisser sa femme enceinte et alitée pour aller combattre l’ennemi. Mais depuis, les Allemands occupent la petite ville du Nord où la jeune épouse a probablement accouché à présent. Et puis arrive Noël, avec sa neige et son cortège de cadeaux des familles et des États-majors. Mais la surprise ne viendra pas des colis généreux qui jonchent les tranchées françaises, écossaises et allemandes...
Critique : Cette coproduction européenne a connu un sort singulier. Présentée dans l’indifférence générale hors compétition à Cannes en 2005, elle obtint un joli succès à sa sortie en salle avant d’être sélectionnée par quelques académies. Représentant la France aux Oscars (la catégorie meilleur film en langue étrangère est une mine à nanars), Joyeux Noël fut battu par le bien pire Tsotsi. Les César le firent concourir également mais les professionnels, clairvoyants, lui préférèrent De battre mon cœur d’est arrêté. Le film a tout du produit culturel formaté grand public : un sujet historique émouvant longtemps occulté des manuels scolaires, un casting européen dans lequel Daniel Brühl (Good Bye Lenin !) croise Dany Boon (qui n’était pas encore notre Ch’ti national), des chants et musiques nostalgiques qui ne sont pas sans évoquer les mélodies des Choristes, un ton consensuel et une imagerie d’Épinal dans laquelle aucun plan ne dépasse les autres. Le scénario, inspiré de faits réels, relate l’histoire de soldats allemands, anglais, et français, qui, en 1914, firent davantage qu’un cessez-le-feu lors du réveillon de Noël. Écoutant des chansons provenant des tranchées du camp ennemi, ils décidèrent d’enchaîner sur les mêmes refrains, puis en vinrent à fraterniser dans un no man’s land, anticipant presque l’euphorie que suscitera chez les Berlinois la chute du mur, en 1989... Et c’est là que les choses se gâtent : dialogues creux et mièvres (du style « Regarde, c’est la photo de ma femme ! »), bande musicale sirupeuse surlignant l’intensité supposée du moment, sapins de Noël illuminés dans la neige (Verdun revu par un Disney qui aurait assisté à Woodstock). Les personnages sont stéréotypés, désincarnés, ce qui est un comble pour un film qui nous refait le coup du « d’après une histoire vraie » : supérieurs bornés (Bernard Le Coq, excellent au demeurant), militaires du rang benêts. Dany Boon irrite par son imitation ostensible de Bourvil, quand son personnage est calqué sur celui de Carette dans La grande illusion. Il manque justement un Renoir pour transcender ce matériau de bonnes intentions, mais le Tavernier de La vie et rien d’autre aurait suffi à insuffler un minimum de souffle romanesque à ce projet : que vient d’ailleurs faire dans cette galère Diane Kruger, doublée par une chanteuse lyrique ? On sait que le métier de comédienne a un taux de chômage élevé, puisqu’il y a beaucoup plus d’actrices que d’acteurs et que la plupart des rôles sont écrits pour des hommes. On sait aussi que la présence d’une vedette féminine dans un film de guerre lui donne une touche sentimentale. Comme on ne peut pas inventer une figure de femme militaire dans les tranchées de 1914, on avait le choix entre une infirmière et une cantatrice ; ne restait plus qu’à contacter la belle Diane (Monica Bellucci n’ayant sans doute pas été disponible). Les bons sentiments et les « grands » sujets ne font pas forcément les grands films ; cela n’a pas empêché des établissements scolaires d’organiser des sorties « Joyeux Noël »... avant celles pour l’éventuel blockbuster relatant la vie de Guy Môquet ? Oui, la guerre est horrible, oui l’héroïsme est admirable, oui cette histoire n’aurait pas dû être ignorée. Faut-il pour autant enfoncer des portes ouvertes et infliger cette esthétique de filmage de première communion ? Gageons que la culture cinématographique et historique de ces chères têtes blondes gagnerait davantage, sur un sujet voisin, à être confrontée aux Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick (1957) ou aux Hommes contre de Francesco Rosi (1970), œuvres bien plus profondes et puissantes par leur propos humaniste et la perfection de leur mise en scène, et politiquement incorrectes en leur temps. Et le moindre plan de tranchée d’À l’ouest rien de nouveau de Lewis Milestone (1930), brûlot pacifiste, des Croix de bois de Raymond Bernard (1932), ou de Johnny s’en va-t-en-guerre de Dalton Trumbo (1971), dégage une intensité que l’on aura du mal à retrouver dans ce Joyeux Noël à la facture somme toute télévisuelle.
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guigui89 15 novembre 2005
Joyeux Noël - Christian Carion - critique
J’ai vu ce film dès sa sortie en salle et je dois dire que je n’ai pas été déçu ! J’ai trouvé ce film bien construit, agréable à regarder et ne tombant pas dans les clichés mélodramatiques classiques. En effet, l’intrigue se déroule tranquillement, et les évènements n’arrivent pas comme un cheveu sur la soupe ! Je trouve que l’originalité de ce film consiste à avoir su conserver les langues d’origines des trois nations représentées et que cela rajoute un atout supplémentaire, contrairement à d’autres films traitant du même sujet.
Les acteurs, Danny Boon en tête, jouent vraiment très bien et restent crédibles dans leurs rôles.
Au final, je conseillerai ce film aux personnes désireuses de passer un bon moment dans les salles, de voir une bonne brochette d’acteurs, et de revenir sur un instant historique de la première guerre mondiale, trop longtemps passé sous silence et encore aujourd’hui méprisé par l’armée.
cgaillardot 17 novembre 2005
Joyeux Noël - Christian Carion - critique
J’ai été touché par la grâce de ce film quand bien même cela se passe durant la première guerre mondiale. Il sed éroule très bien, tranquillement, et pourtant il n’y a acune longueur.
Il n’y pas de grands ressorts mélodramatiques et l’émotion est bien là ! Le plus incroyable est de ce dire que ces choses là ont existé. Mais cette tranche d’humanité nous touche. Quel beau moment ! Allez-y, vous ne serez pas déçu.
Stephan Gabriel 19 novembre 2005
Joyeux Noël - Christian Carion - critique
Le cinéma français, démontre encore une fois que l’on n’a pas besoin de filmer à l’américaine pour toucher le grand public. Pas besoin de gros effets, pas besoin de dramatiser toutes les scenes. Parfois la simplicité nous touche plus que tout ça, nous rapproche plus du film. Mais a chaque fin d’une scene je ne peux pas m’empecher d’imaginer comment celle ci aurait été tournée par une grosse boite américaine. Finalement je pense que tout etre humain normalement "amateur de bons sentiments" ,sauf peut etre G.Bush :-),
va aimer "Joyeux Noel"
ben06300 20 novembre 2005
Joyeux Noël - Christian Carion - critique
Vraiment tres beau film, tres touchant et nous prouve a quel point les homme qui etaient enrole etaient tous honnetes et tous...
Un film que je conceil vivement surtout aux etudiants et au veterants ;)
un melange parfait entre 3 langues (fr,anglais et allemand)
Bref a ne pas manquer !!!!
pivote59 28 novembre 2005
Joyeux Noël - Christian Carion - critique
Dès sa sortie en salle j’ai été voir ce film car je suis une passionnée des faits relatants de la guerre. Ce film très touchant relate bien les conditions de vie des soldats des tranchés.
"Joyeux Noel" mêle très bien clins d’oeil humoristiques, faits historiques et moments poignants.
Ce film dure deux heures mais n’est jamais long ni monotone. De nombreux rebondissements ont lieu, de plus les acteurs jouent vraiment bien, notamment Dany Boon, personnage très attachant que j’ai personnellement adoré.
Je peux dire que c’est un film au sujet interressant, très bien réalisé et joué.
Les personnes en quête d’émotions ou d’ informations sur une période (méconnue) de la grande guerre seront ravies.
fbonnemort 16 janvier 2006
Joyeux Noël - Christian Carion - critique
Film touchant. On aimerait en savoir plus sur le devenir des personnes qui ont vécus cette histoire.
Norman06 21 avril 2009
Joyeux Noël - Christian Carion - critique
Que dire de cette œuvrette surestimée par le public, si ce n’est que les bons sentiments et les "grands" sujets historiques ne font pas forcément les bons films ? Tout est aseptisé et glacé dans cette reconstitution académique où 2 ténors sur les tranchées jouent le rôle des "choristes". Revoyez plutôt Les Sentiers de la gloire, Les Hommes contre, ou La Grande illusion, qui sur les mêmes thèmes étaient d’un autre niveau.