Le 9 octobre 2020
En 1916, deux généraux français vont pousser l’ambition jusqu’à la folie meurtrière. Le formidable réquisitoire de Kubrick, tant sur son propos que sur sa forme, n’a pas pris une ride.


- Réalisateur : Stanley Kubrick
- Acteurs : Kirk Douglas, Adolphe Menjou, George Macready, Richard Anderson, Timothy Carey, Ralph Meeker, Wayne Morris, Joe Turkel
- Genre : Film de guerre, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : AMLF Distribution
- Durée : 1h28mn
- Date télé : 11 novembre 2024 20:55
- Chaîne : Arte
- Reprise: 23 mars 2011
- Box-office : 491 148 entrées (France) dont 134 805 (Paris-Périphérie)
- Titre original : Paths of Glory
- Date de sortie : 26 mars 1975
Résumé : En 1916, la guerre de tranchées est totalement enlisée. Les attaques, d’un côté comme de l’autre, font gagner ou perdre de petites parcelles dérisoires faisant à chaque fois, un nombre incalculable de morts et de blessés. Le général de division Broulard (Adolphe Menjou), pour faire un coup d’éclat politique, cherche à convaincre son général de brigade Mireau (George Macready) d’attaquer une position imprenable, en lui faisant miroiter une promotion. Celui-ci, aussi raide que stupide, lance son subordonné le colonel Dax (Kirk Douglas) dans un assaut perdu d’avance qui va engendrer de nombreuses pertes. Mireau, afin de détourner sa responsabilité, va inventer la mise en accusation de soldats, pour lâcheté devant l’ennemi.
Critique : Stanley Kubrick, également coproducteur avec James Harris, adapte le roman éponyme d’Humphrey Cobb, avec Calder Willingham et le romancier Jim Thompson, pour proposer une œuvre dénonçant les folies de la guerre, et particulièrement celle de 14-18. Plusieurs faits réels ont permis d’alimenter le récit autour de militaires fusillés pour l’exemple, au moment où le moral des troupes menaçait de conduire à des insurrections.
Une froide et inéluctable spirale va conduire trois pauvres soldats du rang à finir devant un peloton d’exécution, tout à fait injustement et arbitrairement. Chacun des gradés, hormis le colonel Dax, a une bonne raison dictée par l’ambition, pour prendre des décisions responsables de la mort de soldats devenus, avec l’enlisement de plusieurs années de guerre, une abstraction tout juste considérée comme une variable d’ajustement.
Les deux généraux, décrits comme de vieilles badernes, avec des propos péremptoires et définitifs, décident du sort de milliers de personnes devant un thé où un bon plat, sous les ors de châteaux bien à l’écart des bombes allemandes. Le colonel Dax, par ailleurs avocat dans le civil, vit comme ses soldats, a exécuté les ordres de son supérieur sans y croire, mais se révolte quand celui-ci fera désigner au hasard trois combattants qui seront accusés pour l’exemple.
La mise en scène ultra maîtrisée et froidement stylisée du cinéaste sert admirablement le propos dans un noir et blanc impeccable, dû à l’Allemand Georg Krause. Les longs travellings avant ou arrière dans les tranchées sont impressionnants et participent à cette impression de récit inéluctable, sans échappatoire possible. Toutes les séquences de "château", en contrepoint des scènes de guerre, avec leurs échanges feutrés, à double sens, mais néanmoins terribles, n’en sont que plus révoltantes.
Adolphe Menjou et George Macready sont formidables dans leurs rôles ingrats de gradés, aussi obtus qu’ambitieux. Kirk Douglas, fidèle à son image, traverse le film, le pas assuré et la mâchoire serrée dans la sangle de son casque.
Une œuvre à marquer d’une pierre blanche, tant par sa beauté formelle que par ce qu’elle dénonce : la folie meurtrière de la guerre.
criss 31 octobre 2022
Les sentiers de la gloire - Stanley Kubrick - critique
Cinq étoiles pour cette oeuvre