Le 6 septembre 2024
Un sommet du cinéma de Bertrand Tavernier, dénonciation incisive des ravages de la Première Guerre mondiale, et touchante romance portée par Philippe Noiret et Sabine Azéma.
- Réalisateur : Bertrand Tavernier
- Acteurs : Sabine Azéma, Philippe Noiret, Frédéric Pierrot, Philippe Uchan, Jean-Pol Dubois, François Perrot, Charlotte Kady, Maurice Barrier, Jean-Paul Comart, Jean-Roger Milo, Gabriel Cattand, François Dyrek, Bruno Raffaelli, Philippe Deplanche, Pascale Vignal, Marcel Zanini, Christophe Odent, Arlette Gilbert, Pierre Trabaud, Georges Staquet, Catherine Verlor
- Genre : Drame, Historique, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : Tamasa Distribution , UGC Distribution
- Editeur vidéo : Studiocanal
- Durée : 2h15mn
- Reprise: 15 février 2023
- Box-office : 1 507 708 entrées (France) / 475 688 (Paris-périphérie)
- Date de sortie : 6 septembre 1989
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Résumé : 1920. La Première Guerre mondiale est achevée depuis deux ans. La France panse ses plaies et se remet au travail. Dans ce climat, deux jeunes femmes d’origine sociale très différentes poursuivent le même but, retrouver l’homme qu’elles aiment et qui a disparu dans la tourmente. Leur enquête les conduit à la même source d’information, le commandant Dellaplane. Du 6 au 10 novembre 1920, Irène, Alice, le commandant se croisent, s’affrontent et finalement apprennent à se connaître...
Critique : Coécrit avec Jean Cosmos, le scénario de La vie et rien d’autre confirme l’intérêt de Tavernier pour les sujets historiques. De Que la fête commence à La princesse de Montpensier en passant par Le juge et l’assassin, la réalisateur a exploré le passé à travers des thématiques universelles, comme les inégalités et les affres du pouvoir. La Première Guerre mondiale a particulièrement attiré l’attention du cinéaste, qui prolongera sa réflexion dans Capitaine Conan. Ainsi que l’avait justement indiqué Philippe Chevallier dans La Revue du Cinéma, « en situant son film en 1920, Tavernier a éliminé l’horreur-spectacle au profit d’une horreur sous-jacente, non représentée et d’autant plus obsédante » (La saison cinématographique, 1989). Il n’en demeure pas moins que La vie et rien d’autre restera comme l’un des grands films sur cette guerre et ses conséquences, aux côtés de pépites comme Johnny Got His Gun, Les sentiers de la gloire ou La chambre des officiers. Certes, d’aucuns pourront trouver un brin agaçant ce souci minutieux de la reconstitution et de la documentation, Tavernier et Cosmos semblant aussi maniaques et méticuleux que le personnage du commandant Dellaplane (Philippe Noiret), obstiné à recenser et identifier les disparus, l’aspect didactique étant renforcé par de nombreux dialogues explicatifs.
- © Tamasa Distribution
Cela n’empêche pourtant pas le long métrage de disposer d’un grand souffle romanesque, les déboires individuels étant mêlés à la douleur collective. Tavernier excelle à dépeindre les hypocrisies des hautes instances du pouvoir, voulant à tout prix installer une « tombe du soldat inconnu », tout en octroyant des moyens insuffisants au bureau de recherche et d’identification des tués ou disparus. En charge d’une mission qui le laisse perplexe, le capitaine Perrin (François Perrot) peine à trouver le corps d’un poilu correspondant aux critères de sa hiérarchie. Séquences où le tragique se mêle à l’humour absurde, comme celle où Dellaplane demande au général Villerieux (Michel Duchaussoy) ce qu’il adviendrait si l’identité du soldat inconnu était un jour connue… En même temps, le récit cerne avec acuité les rapports de classe, à travers le personnage de la belle et riche Irène (Sabine Azéma) qui exige un passe-droit pour rendre sa recherche prioritaire. Beau film humaniste et intelligent, La vie et rien d’autre éblouit tant par ses dialogues que sa mise en scène, et ce dès l’ouverture avec travelling sur une vaste plage, qui voit une religieuse (Catherine Verlor) aider un soldat mutilé peinant à se maintenir sur son cheval. À la vue de la luxueuse automobile d’Irène, la nonne se souvient de son frère qui avait une passion pour les voitures, et que l’on suppose victime de la guerre.
- © Tamasa Distribution
Tout Tavernier est là, dans cette volonté de mettre en exergue des valeurs universelles telle la solidarité, au-delà du genre, du statut social (l’amitié naissante entre Irène et Alice, qui recherchent le même homme sans le savoir), de la religion ou des caractéristiques physiques. Et il le fait sans angélisme ni sentimentalisme. Son récit est également un drame romanesque touchant, quand une idylle a priori improbable va se nouer entre Irène et Dellaplane, le second ne cédant pas aux caprices de la première, tout en lui apportant progressivement une aide… Noiret (César du meilleur acteur) et Azéma sont sublimes, lui en officier juste mais intraitable, elle en rigide bourgeoise qui peu à peu va sortir de sa carapace et dévoiler ses sentiments. Mais tout le reste du casting est impeccable, de Pascale Vignal en jeune femme déterminée à Maurice Barrier en portraitiste ambigu, en passant par les brèves mais justes apparitions de Philippe Deplanche (l’instituteur démobilisé) ou Marcel Zanini (le musicien enrôlé). Il faut aussi souligner la qualité de la partition musicale d’Oswald d’Andréa qui contribue à une certaine dimension lyrique. Après La vie et rien d’autre, Tavernier revint à un projet plus intimiste avec Daddy nostalgie qui réunira Dirk Bogarde, Jane Birkin et Odette Laure.
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