Le 26 février 2016
Une formidable leçon d’humanisme et de tolérance, en même temps qu’une analyse impitoyable de l’absurdité de la guerre.
- Réalisateur : François Dupeyron
- Acteurs : Géraldine Pailhas, Sabine Azéma, André Dussollier, Éric Caravaca, Denis Podalydès, Isabelle Renauld, Jean-Michel Portal, Grégori Derangère, Catherine Arditi, Xavier de Guillebon, Guy Tréjean
- Genre : Film de guerre
- Nationalité : Français
- Distributeur : ARP Sélection
- Editeur vidéo : TF1 Vidéo
- Date de sortie : 26 septembre 2001
- Festival : Festival de Cannes 2001
Résumé : 1914. Sur le quai d’une gare, Adrien (Éric Caravaca), un jeune soldat prêt à partir au combat, échange quelques regards complices avec Clémence (Géraldine Pailhas). Le coup de foudre est instantané. Comme une délivrance, comme une bouffée d’oxygène, les deux personnages, le temps d’une respiration, deviennent amants.
Critique : Envoyé en reconnaissance sur le front, Adrien est totalement défiguré par un éclat d’obus puis conduit à l’hôpital du Val de Grâce, dans La chambre des officiers, lieu de convalescence réservé aux grands blessés. Dupeyron réussit le pari de filmer la pudeur, la peur et l’angoisse. Le visage du soldat, que Dupeyron laisse à deviner durant 35 minutes, devient le sujet autour duquel tout le scénario s’articule. Pour les gueules cassées réunies dans cet espace clos, la question est de savoir si la survie est préférable à la mort. Survivre implique avant tout d’endurer la souffrance découlant des regards plein de dégoût portés sur leurs physiques mutilés.
Le jeu d’Éric Caravaca, nommé pour ce rôle aux Césars 2001, est d’une justesse extrême. Toute l’émotion de son personnage transparaît dans la manière dont il apprivoise l’espace de la chambre où il est hospitalisé et les monologues jalonnant son agonie. Le chirurgien désabusé (André Dussolier) et l’infirmière attentionnée (Sabine Azéma) offrent aux mutilés l’espoir que leur propre lucidité a logiquement gommé. Mais le poids du regards des proches, de la famille aux amis, constitue l’obstacle le plus difficile à franchir pour ces victimes des tranchées.
Il fallait bien du courage et de l’audace à François Dupeyron pour adapter le roman de Marc Dugain au cinéma [1]. Ce film s’inscrit comme une formidable leçon d’humanisme et de tolérance, en même temps qu’une analyse impitoyable de l’absurdité de la guerre.
LE DVD Format 2.35 - 16/9 compatible 4/3 |
[1] Marc Dugain, La chambre des officiers, Éd. Lattès
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alinea 7 avril 2007
La chambre des officiers - François Dupeyron - critique
Un sujet difficile et intime avec des reconstitutions magnifiques. Les images sont belles et habillent les acteurs avec sensibilité et pudeur. Un film de guerre un peu "explicatif" (car très historique) avec une mise en scène plutôt classique. C’est digne mais un peu lancinant car très répétitif. Parler des "gueules cassées" en conservant la dignité, ce n’est pas facile. On trouvera également dans ce film des notes d’amour, d’amitié et même de l’humour. La musique prend aux tripes et les émotions sont au rendez-vous. Dommage que la photo ait "bouffé" la psychologie des personnages !