Le 15 février 2023
Le premier grand succès critique et public est un réjouissant récit historique, regard incisif sur les dérives du pouvoir, bien servi par le scénario coécrit par Jean Aurenche, et un casting éblouissant.
- Réalisateur : Bertrand Tavernier
- Acteurs : Jean Rochefort, Philippe Noiret, Thierry Lhermitte, Gérard Desarthe, Jean-Pierre Marielle, Christian Clavier, Daniel Duval, Nicole Garcia, Michel Blanc, Marcel Dalio, Christine Pascal, Hélène Vincent, Michel Beaune, Marina Vlady, Jean-Roger Caussimon, Andrée Tainsy, Liza Braconnier , Michel Berto, Bernadette Le Saché, Jean Rougerie, Brigitte Roüan, Bernard Lajarrige, Alfred Adam, Roland Amstutz, Monique Chaumette, François Dyrek, Pierre Forget, Maurice Jacquemont, Jacques Hilling, Jean-Jacques Moreau
- Genre : Comédie dramatique, Historique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Tamasa Distribution , Cinéma International Corporation (CIC)
- Durée : 2h00mn
- Date télé : 25 novembre 2023 20:50
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 15 février 2023
- Date de sortie : 26 mars 1975
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– Sortie en version restaurée : 15 avril 2023
Résumé : À la mort de Louis XIX, le neveu de ce dernier, le duc Philippe d’Orléans, assure la régence, jusqu’à la majorité de Louis XV. Toutefois, le duc est un homme des plus débauchés qui se laisse influencer par les mauvais conseils.
Critique : Après la réussite de L’horloger de Saint-Paul, Bertrand Tavernier disposa d’un budget plus confortable pour ce récit historique coécrit avec Jean Aurenche, mais sans Pierre Bost, qui devait décéder la même année que la sortie du film. Aurenche et Bost avaient formé un duo de scénaristes talentueux dans les années 40 et 50, avant d’être vilipendés par Truffaut et les défenseurs de la Nouvelle Vague. Les deux auteurs et adaptateurs furent « ressuscités » par Tavernier avec son premier long métrage. Que la fête commence hérite du meilleur de cette tradition de « qualité française », avec un soin apporté aux dialogues et à la critique sociale, Tavernier et son équipe artistique assurant la caution technique. Pourtant, rien d’académique dans cette brillante fresque qui dénote un sens aigu de la mise en scène. Loin des fantaisies historiques à la Sacha Guitry (au demeurant réjouissantes), Tavernier et Aurenche revisitent l’Histoire de France en cernant une période jusque-là méconnue, à savoir la Régence sous Philippe d’Orléans (Philippe Noiret), la narration se situant quatre ans après la mort de Louis XIV. Le régent doit faire face à une révolte bretonne fomentée par un noble désargenté, le marquis de Pontcallec (Jean-Pierre Marielle), défenseur d’une « république noble de Bretagne », et prêt à des alliances improbables pour renverser le dirigeant par intérim du royaume de France.
- © Tamasa Distribution
Le régent quant à lui subit l’influence de l’abbé Dubois (Jean Rochefort), ex-maquereau reconverti dans la religion, avec lequel il partage des nuits de débauche. Le scénario est enlevé, les dialogues sont percutants, et Tavernier dépasse un matériau somme toute convenu (« les intrigues des grands », comme dans la plupart des romans historiques), pour cerner les désillusions du pouvoir et proposer une réflexion sur ses limites, ce qui n’exclut pas son penchant pour l’anecdote : « Je me demande ce qu’on pourra bien dire de nous quand nous serons disparus, ce qui restera de notre passage. Pour Henri III ce sera le bal des mignons, pour nous ce sera les petits soupers », déclare ainsi le régent à son acolyte d’abbé, après une nuit orgiaque foireuse. Et si le récit met en avant les prémices de l’idéal révolutionnaire, l’absolutisme royal paraissant de plus en plus incongru, il est par ailleurs habile dans sa volonté de montrer les ambiguïtés d’un dirigeant qui se voulait pourtant progressiste, du moins en termes de mœurs.
- © Tamasa Distribution
Avec le recul, Que la fête commence apparaît aussi comme une œuvre emblématique des années 70, la sexualité ostensible des protagonistes (y compris ecclésiastiques) trouvant un écho dans les nouveaux modes de vie de cette décennie. Bénéficiant de décors naturels et historiques admirablement filmés, comme la côte sauvage de Landunvez ou le château de Tonquédec, le métrage doit également beaucoup à ses interprètes, de Marina Vlady et Christine Pascal en favorites dévouées à Alfred Adam en précepteur pathétique, en passant par Jean-Roger Caussimon en cardinal cynique. Le film remporta quatre César lors de la première cérémonie en 1976 : meilleur réalisateur, meilleur acteur dans un second rôle (Jean Rochefort), meilleur scénario et meilleurs décors (Pierre Guffroy). Tavernier se penchera à nouveau sur l’Ancien Régime avec La fille de d’Artagnan et La princesse de Montpensier.
- © Tamasa Distribution
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