Le 13 septembre 2022
- Réalisateur : Jean-Luc Godard
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Irrévérent, innovateur, il avait révolutionné et exploré le cinéma... Jean-Luc Godard nous a quittés le 13 septembre 2022 à l’âge de 91 ans.
News : À la fois chercheur et expérimentateur, Jean-Luc Godard semble ne s’être jamais limité dans son art de la réalisation. Comme un musicien qui explore sans relâche son instrument, il a sondé les limites de sa caméra, innovateur invétéré du septième art.
Encore étudiant, Godard s’introduit dans le monde du cinéma par le biais de la Cinémathèque française où il rencontrera notamment Jacques Rivette et François Truffaut. Il s’essaie à la critique dans les Cahiers du cinéma dès 1952 sous le nom d’emprunt de Hans Lucas. Deux ans plus tard, âgé de vingt-quatre ans, il passe pour la première fois derrière la caméra et tourne un documentaire sur la construction d’un barrage (Opération béton). Quelques courts métrages plus tard, Godard est prêt à entamer son premier "cycle".
S’amorce alors la période des longs métrages, clé de voûte de la renommée de Godard. Débutant avec force en 1960 par À bout de souffle, sa réalisation est véritablement prolixe puisqu’il multiplie les films sur quelques années : Une femme est une femme (1961), Le mépris (1963), Alphaville et Pierrot le fou en 1965 ou Made in USA (1966), pour ne citer que les plus célèbres.
Point saillant de sa réalisation, Godard expérimente et innove sans cesse à l’écran. Au sein d’un scénario qui peut se construire au fil de la réalisation (qu’il écrit parfois le matin même du tournage) se ponctuent des "tentatives" cinématographiques. Le spectateur pourra par exemple être interpellé par l’acteur dans À bout de souffle (et s’il n’aime ni la montagne, ni la campagne, "aller se faire foutre") ou pris à parti dans Pierrot le fou. Le talent de Godard repose aussi sur ses fameux cadrages décalés, acteurs hors champ ou encore sur le culot d’un générique oral (dans Le mépris).
- Le livre d’image © 2018 Écran Noir Productions. Tous droits réservés.
À la fin des années 60, le contexte social le conduit à devenir plus engagé. Il abandonne la fiction pour des films politiques, retranscrivant des discussions d’étudiants et d’ouvriers. Il filme aussi des réflexions menées avec le groupe maoïste Dziga Vertov. La deuxième moitié des années 70 se poursuit sur le petit écran avec des commandes de séries télévisées ou de reportages. Il revient finalement aux longs métrages dans les années 80 avec Sauve qui peut (la vie) puis le scandaleux Je vous salue Marie en 1985.
Innovation, audace, irrévérence, la caméra de Godard semble pouvoir tout oser, de Nouvelle vague (1990) à son dernier long métrage expérimental, Le livre d’image, Palme d’or spéciale au Festival de Cannes 2018. Ses films constituent aujourd’hui des références incontournables pour qui s’intéresse à l’histoire du cinéma français. Probablement parce que ce réalisateur a su tourner le dos aux canons de son temps et s’amuser, tout simplement.
Filmographie (réalisateur, principaux longs métrages)
– À bout de souffle (1960)
– Une femme est une femme (1961)
– Vivre sa vie (1962)
– Le petit soldat (1960, sortie en 1963)
– Les carabiniers (1963)
– Le mépris (1963)
– RoGoPaG (un segment, 1963)
– Bande à part (1964)
– Une femme mariée (1964)
– Paris vu par... (un segment, 1964)
– Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution (1965)
– Pierrot le fou (1965)
– Made in USA (1966)
– Masculin féminin (1966)
– Deux ou trois choses que je sais d’elle (1967)
– La Chinoise (1967)
– Week-end (1968)
– Loin du Viet Nam (1967)
– Le gai savoir (1968)
– Pravda (réalisation du groupe Dziga Vertov, 1969)
– Sympathy for the Devil (One + One) (1969)
– Tout va bien (coréalisé avec Jean-Pierre Gorin, 1972)
– Comment ça va (coréalisé avec Anne-Marie Miéville, 1976)
– France/Tour/Détour/Deux enfants (coréalisé avec Anne-Marie Miéville, 1977-78)
– Sauve qui peut (la vie) (1979)
– Passion (1982)
– Prénom Carmen (1984)
– Détective (1985)
– Je vous salue Marie (1985)
– Grandeur et décadence d’un petit commerce de cinéma (TV, 1986)
– Soigne ta droite (1987)
– King Lear (1987)
– Histoire(s) du cinéma (Toutes ces histoires & Une histoire seule) (1988)
– Le rapport Darty (coréalisé avec Anne-Marie Miéville, 1989)
– Nouvelle vague (1990)
– Hélas pour moi (1993)
– JLG/JLG, autoportrait de décembre (1995)
– For Ever Mozart (1996)
– Histoire(s) du cinéma (Une vague nouvelle, Seul le cinéma, Les signes parmi nous, Le contrôle de l’univers, La monnaie de l’absolu, Fatale beauté, 1998)
– Éloge de l’amour (2001)
– Notre musique (2003)
– Film Socialisme (2010)
– 3X3D (un segment, 2014)
– Les ponts de Sarajevo (un segment, 2014)
– Le livre d’image (2018)
Galerie photos
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