Horses in the sky

Lorsqu’il y a cinq ans et quatre albums, Thierry, Sophie et Efrim créèrent The Silver Mt. Zion, ils le firent simplement avec l’idée de proposer une antichambre atmosphérique et romantique au monstre politico-rock que Godspeed allait devenir. Ils inventèrent alors une sorte de rock de chambre, sombre, beau et relâché, dont les morceaux étirés et souvent instrumentaux donnaient l’impression d’être recouverts d’une surface diaprée, à l’image de ces papillons à tête de mort que l’on ne peut s’empêcher de trouver magnifique.

Mais depuis, le projet a évolué, le groupe s’est adjoint les services du Tra-La-La Band et de son chœur (déjà présent sur le superbe This is our punk-rock) et surtout, Efrim a libéré son songwriting. Véritable leader du groupe, le bassiste de Godspeed habite de sa voix stridente et souvent à la limite de la justesse ces nouvelles compositions, beaucoup plus marquées politiquement. Avec notamment des titres comme God bless our dead marines ou Teddy Roosevelt’s guns, le groupe semble rattrapé par ses engagements politiques et sociaux, et assène des phrases-couperet telles "They put angels in the electric chair", "Dead kids don’t get photographed, God bless our century !" ou "Canada, oh Canada, I’ve never been your son !".

De point de vue musical, les lentes montées des premiers disques laissent aujourd’hui place à des constructions plus instables, moins confortables, qui rendent coup pour coup aux textes accidentés d’Efrim. Cette mutation progressive a tout au moins le mérite de réinventer la musique du groupe à partir de son élément de base, ce rock lyrique et singulier qui profite de chaque morceau pour se mettre ainsi en danger.