Le 18 juin 2022

- Acteur : Jean-Louis Trintignant
- Voir le dossier : Nécrologie
Acteur majeur du cinéma français, Jean-Louis Trintignant a été une star des années 60 et 70, et un comédien au jeu subtil pendant plusieurs décennies.
News : Si Et Dieu créa la femme (1956) de Roger Vadim le propulse vedette, c’est le cinéma italien qui donne à Jean-Louis Trintignant ses plus beaux rôles dans la première décennie des années 60 : il est ainsi le jeune homme amoureux dans Été violent (1959) de Valerio Zurlini, ou l’étudiant charrié par Vittorio Gassman dans Le fanfaron (1962) de Dino Risi, sommet de la comédie transalpine. En France, il devient une star en 1966 avec Un homme et une femme de Claude Lelouch, et séduit les cinéphiles grâce à Éric Rohmer qui lui confie le rôle de l’ingénieur catholique dans Ma nuit chez Maud (1969). Il enchaîne alors les succès et obtient le prix d’interprétation au Festival de Cannes 1969 en incarnant le juge d’instruction dans Z de Costa-Gavras. Ce film marque sa collaboration à un certain cinéma politique de l’époque, ce qui lui vaut d’être dirigé par Bernardo Bertolucci dans Le conformiste, en 1970, d’après Moravia : sa composition d’un responsable fasciste hanté par de vieilles culpabilités est un modèle de puissance dramatique et de jeu intériorisé. Il connaît alors sa décennie de cinéma la plus prestigieuse, consolidant son statut de vedette populaire avec Philippe Labro (Sans mobile apparent, 1971) ; Yves Boisset (L’attentat, 1972) ; Jacques Deray (Flic story, 1975) ou Christian de Chalonge (L’argent des autres, 1978) ; tout en montrant une autre image de lui sous la direction de Nadine Trintignant (son épouse d’alors) ou Alain Robbe-Grillet.
- Le conformiste © 1971 Marianne Productions. Tous droits réservés.
L’acteur décide même de se lancer dans la réalisation avec deux longs métrages insolites et décalés : Une journée bien remplie (1972) avec Jacques Dufilho et Le maître-nageur (1979) avec Guy Marchand. Dans les années 80, il trouve son plus beau rôle dans Vivement dimanche ! (1983), le dernier film de François Truffaut. Mais il faudrait redécouvrir aussi Eaux profondes (1981) de Michel Deville, sombre adaptation de Patricia Highsmith. Malgré des exceptions comme Krzysztof Kieslowski (Trois couleurs : Rouge, 1994) ou Pierre Boutron (Fiesta, 1995), les réalisateurs lui confient surtout des rôles secondaires à partir du milieu des années 80. Il s’adapte alors avec aisance aux univers d’André Téchiné (Rendez-vous, 1985) ; Régis Wargnier (La femme de ma vie, 1986) ou Patrice Chéreau (Ceux qui m’aiment prendront le train, 1998). Il effectue un retour triomphal avec Amour (2012) de Michael Haneke, qui lui vaut son unique César du meilleur acteur, et marque la consécration d’une carrière remarquable. Parmi les metteurs en scène qui ont jalonné sa filmographie, on peut également citer Alain Cavalier, Michel Drach, Alexandre Astruc, Sergio Corbucci, Michel Soutter, Ettore Scola, Bertrand Blier... Jean-Louis Trintignant a aussi été un grand comédien de théâtre. Il fut un éblouissant Hamlet et mit son beau timbre de voix et sa prestance au service des écrits de Ionesco, Claudel et Giraudoux. On a pu aussi admirer ce passionné de courses automobiles et de production de vins dans Arts de Yasmina Reza, Poèmes à Lou d’Apollinaire (avec sa fille, Marie Trintignant dans une mise en scène de Samuel Benchetrit), ou Poètes libertaires, d’après Desnos, Prévert et Vian. Jean-Louis Trintignant est décédé le 17 juin 2022 à l’âge de 91 ans.