Conte moral
Le 2 décembre 2023
Ce film subtil, intelligent et drôle où l’on discute de la grâce et de Pascal a assuré la réputation internationale du cinéma d’Eric Rohmer.
- Réalisateur : Éric Rohmer
- Acteurs : Jean-Louis Trintignant, Françoise Fabian, Marie-Christine Barrault, Antoine Vitez
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Distributeur : Les Films du Losange
- Editeur vidéo : Opening
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 2 décembre 2023 20:50
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Date de sortie : 13 septembre 1969
- Festival : Festival de Cannes 1969
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Résumé : Clermont-Ferrand, quelques jours avant Noël. Jean-Louis, un jeune ingénieur, récemment revenu de l’étranger, remarque à la messe une jeune femme blonde et décide qu’elle sera sa femme. Il retrouve par hasard Vidal, un ancien ami communiste, qui l’invite à un dîner le soir de Noël chez une amie divorcée, Maud. La soirée se passe en longues discussions sur le mariage, la morale, la religion, Blaise Pascal, à trois, puis à deux, mariant également sincérité et séduction, mais au terme de laquelle la barrière platonique ne sera pas franchie.
Critique : Second long métrage de la série Contes moraux, Ma nuit chez Maud est le premier succès international d’Éric Rohmer et reçut même une nomination à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. C’est aussi l’un des rares où le rôle principal est tenu par une vedette. En incarnant cet ingénieur de Michelin indécis mais voulant rester fidèle à ses convictions, Jean-Louis Trintignant est parfait, mêlant sobriété et justesse de jeu. Maud, c’est Françoise Fabian, formée au Conservatoire, veuve de Jacques Becker, aperçue jusqu’alors dans des productions mineures et dans Belle de jour, et que le film de Rohmer consacrera tête d’affiche. Sans musique, austère, et d’un beau noir et blanc mettant en valeur aussi bien l’intérieur bourgeois de Maud que les rues enneigées de Clermont-Ferrand, le film est constitué de plusieurs longs dialogues. Les plus importants sont ceux avec Vidal dans un café, puis avec ce dernier et Maud, et enfin entre Jean-Louis et Françoise (Marie-Christine Barrault), en voiture puis dans une résidence d’étudiants. Rohmer décrit un milieu qu’il connaît bien, celui des intellectuels provinciaux, universitaires ou écrivains, que l’on n’appelait pas encore les bourgeois bohèmes. Avec Vidal et Maud, Jean-Louis discute du pari de Pascal, de la grâce, du calcul des probabilités, des convictions religieuses...
- Copyright Les Films du Losange
Rohmer est le seul cinéaste à savoir écrire et filmer de tels dialogues sans être un seul instant ennuyeux ou cuistre. L’intelligence du scénario et l’humour des situations contribuent fortement à la réussite d’un récit sans concessions et fioritures.Comme souvent chez Rohmer, les valeurs des personnages sont contredites par leurs actes. Vidal déclare n’éprouver que de l’amitié pour Maud mais décampe dès qu’il la sent attirée par Jean-Louis. Maud, médecin pédiatre, fraîchement divorcée, se dit athée, libre et indépendante. Elle drague ouvertement Jean-Louis et l’invite à dormir sur son lit ; mais elle recherche en fin de compte une vie conjugale conventionnelle.
- Copyright Les Films du Losange
Catholique pratiquant, décrétant vouloir épouser une jeune femme aperçue à la messe et dont il ignore tout, Jean-Louis avouera avoir connu de nombreuses maîtresses. Françoise, d’une blondeur BCBG et à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession, accepte d’être abordée par le premier venu et semble cacher un lourd secret... Ce jeu des apparences et des situations en trompe-l’œil fait la saveur du cinéma de Rohmer. Un épilogue subtil, filmé sur une plage, anticipe les conversations estivales de Pauline à la plage ou Conte d’été, que Rohmer tournera avec des acteurs plus jeunes, et une prédilection pour le thème de l’adolescence. En dépit de son originalité, Ma nuit chez Maud reste l’un des films les plus classiques de Rohmer, peut-être son plus consensuel, la démarche du cinéaste étant plus radicale dans les séries Comédies et proverbes et Contes des quatre saisons. Ce qui est certain, c’est qu’il s’agit de l’une de ses meilleures œuvres et d’une pièce maîtresse du cinéma français issue de la Nouvelle Vague.
– Syndicat Français de la Critique de Cinéma 1970 : Prix du meilleur film
– National Society of Film Critics Awards, USA 1971 : Meilleur scénario - Meilleure photo
– New York Film Critics Circle Awards 1970 : Meilleur scénario
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