Le 19 mai 2021
Un architecte esthète, trop sûr de lui, décide d’épouse une jeune femme qu’il n’aime pas. Une des premières réalisations d’Éric Rohmer, en format moyen métrage, dans lequel son style commence à se dessiner.


- Réalisateur : Éric Rohmer
- Acteurs : Jean-Claude Brialy, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, Eric Rohmer, Françoise Martinelli
- Genre : Drame, Noir et blanc, Moyen métrage
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 0h50mn

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Résumé : A Paris, Pozdnychev (Éric Rohmer), architecte célibataire, passe son temps libre dans les caves de jazz et dans les bistrots, souvent accompagné de son ami journaliste (Jean-Luc Godard). Plus âgé que la plupart des personnes qu’il rencontre, il décide de séduire une jeune femme (Françoise Martinelli,) qu’il croise souvent, mais qui ne lui plaît pas particulièrement.
Critique : Dans les années 1950, Éric Rohmer, critique dans la revue Les Cahiers du Cinéma a tourné, dans la même période, plusieurs courts ou moyens métrages, dont celui-ci.
Il choisit d’adapter une nouvelle homonyme de Léon Tolstoï, qui elle-même fait référence à la Sonate pour violon et piano n°9 en la majeur de Beethoven.
Le morceau servira de prétexte à un basculement du récit.
Le cinéaste choisit le principe d’une narration à la première personne, faite par le personnage qu’il interprète. Pour le reste, on se trouve dans les conditions d’un film muet, ponctué par un accompagnement musical. Avec ce principe, seul le point du vue de l’architecte est dévoilé : intelligent, esthète et cultivé, il va se mettre en tête d’épouser une femme qu’il n’aime pas, pour ne pas avoir à en souffrir. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est qu’elle non plus, ne l’aime pas !
On découvre le prototype du personnage qui deviendra récurrent dans plusieurs longs métrages à venir du cinéaste. On peut regretter qu’il se soit lui-même octroyé le rôle principal : embarrassé par sa grande taille et inutilement énervé, Rohmer démontre que l’art dramatique n’est pas son fort.
On peut d’ailleurs penser que ce choix s’est probablement imposé pour des raisons financières, car la distribution ne semble être composée que de ses proches, y compris Jean-Claude Brialy, acteur débutant qui fréquentait l’équipe des Cahiers.
Une petite scène, innocente à l’époque, devient aujourd’hui une archive inestimable : Jean-Luc Godard qui joue son propre rôle emmène Pozdnychev à la rédaction de la revue de cinéma, où l’on va croiser Claude Chabrol, François Truffaut, Charles Bitsch, et le grand critique André Bazin (1918-1958) , qui ne dut pas souvent avoir l’occasion de figurer sur des images filmées, au cours de sa trop courte carrière !