Le 5 avril 2015
- Festival : Hallucinations collectives
Journée très fructueuse en direct d’Hallucinations collectives avec deux OFNI, forcément déroutants, et une œuvre qui n’a pas volé son statut de classique.
Journée très fructueuse en direct d’Hallucinations collectives avec deux OFNI, forcément déroutants, et une œuvre qui n’a pas volé son statut de classique.
Au programme en ce 4 avril 2015, deux œuvres assez intéressantes et atypiques en compétition officielle : Blind et The duke of Burgundy et un chef d’œuvre du cinéma du japonais : le magnifique chambara Hitokiri .
Blind d’Eskil Vogt (2014) :
Méliès d’argent (meilleur film) à l’excellent festival du film fantastique de Neuchâtel (NIFFF), Blind est mis en scène par Eskil Vogt, à qui l’on doit le scénario de Oslo, 31 août de Joachim Trier.
Blind montre Ingrid, une femme qui a perdu la vue et qui reste cloîtrée chez elle, refusant le moindre contact avec l’extérieur.
Le film suit 4 personnages : Einar, un homme un peu fort qui est solitaire ; Elin, une jeune femme qui élève seule sa fille de 10 ans qu’elle a en garde alternée, également solitaire ; Morten, le mari de l’héroïne, tenté par l’infidélité ; et évidemment Ingrid.
Blind nous donne continuellement le point de vue de notre héroïne sur les interactions entre ces différents personnages. Sauf qu’Eskil Vogt maintient le spectateur dans un sentiment de doute perpétuel. En effet, Ingrid rêve des choses, écrit sur ordinateur des histoires et mélange le tout, de telle sorte que l’on ne sait jamais ce qui est de l’ordre du réel ou du fantasme.
On peut se demander si finalement il n’y a pas que deux personnages : Ingrid et son mari, Elin et Einar n’étant que des projections fantasmées d’eux-mêmes.
Le spectateur perd totalement ses repères avec ce film qui est assez déconcertant, à la fois drôle et désespéré. Eskil Vogt maintient l’ambiguïté jusqu’à la fin.
Les spectateurs auront eu l’occasion de voir ce film en avant-première car il ne sort sur les écrans de cinéma que le 29 avril prochain.
Hitokiri, le châtiment d’Hideo Gosha (1969) :
Première carte blanche accordée au célèbre réalisateur et critique de cinéma Christophe Gans, c’est Hitokiri, le châtiment d’Hideo Gosha que l’on a eu grand plaisir à voir sur un écran de cinéma en copie 35 mm (merci à Wild Side !).
Hitokiri est un chambara – le film de sabre japonais – qui raconte l’histoire d’un ronin, Izo, interprété par le génial Shintaro Katsu qui rêve de gloire mais qui se retrouve l’instrument de clans rebelles qui ne cherchent qu’à l’exploiter à des fins politiques.
Contrairement aux idées reçues, Hitokiri est bien plus un film politique qu’un film d’action. Certes, il y a plusieurs scènes d’action bien graphiques, mais peu nombreuses au regard des 2h20 que dure ce long métrage.
Dans Hitokiri, la manipulation du brutal mais sympathique Izo est symbolique d’un Japon où les codes moraux ont disparu et ont laissé place à d’obscurs jeux de pouvoir débouchant sur l’individualisme.
Tout le film est basé sur le chemin de croix d’Izo qui de simple pantin, finit par devenir un homme qui pense et qui comprend que la société a évolué, et que son seul salut viendra d’un respect de ces valeurs morales qui n’ont plus cours.
Hitokiri n’a pas volé son statut de chef d’oeuvre du chambara.
The Duke of Burgundy de Peter Strickland (2015) :
En compétition officielle pour le festival Hallucinations collectives, The duke of Burgundy est le troisième film de Peter Strickland. Ce long métrage est une sorte de relecture des films de Jess Franco (Venus in furs ; Succubus), mais à la sauce moderne.
Peter Strickland s’intéresse à la relation masochiste entre deux femmes d’âges différents : l’une a la cinquantaine et l’autre une vingtaine d’années.
The duke of Burgundy est un film sensoriel, qui risque fort de perdre un grand nombre de spectateurs sur le chemin. Pour asseoir son atmosphère éthérée, The duke of Burgundy peut compter sur une somptueuse bande son signée Cat’s eyes.
De plus, la mise en scène extrêmement léchée concourt à l’extase du spectateur, avec ce fétichisme qui est élevé au rang d’art.
Peter Strickland n’a de cesse de perdre le spectateur, tant au niveau du lieu de l’action, que du temps présent qui donnent un côté intemporel à l’ensemble.
Cependant, tout n’est pas parfait dans ce film : Peter Strickland est certes un excellent metteur en scène, malheureusement on a parfois la désagréable sensation qu’il se regarde filmer. En l’état, on a un film visuellement somptueux mais parfois un peu froid et distant.
Vivement la suite !
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