Le 21 avril 2014
- Festival : Hallucinations collectives
Souvent considéré (à tort) uniquement comme un festival de films fantastiques, Hallucinations collectives prouve une nouvelle fois au travers de sa programmation du 20 avril qu’il est bien plus que cela. Inclus l’avant-première de Richard Ayoade avec Jesse Einsenberg, Mia Wasikowska, qui sortira le 11 juin prochain.
Souvent considéré (à tort) uniquement comme un festival de films fantastiques, Hallucinations collectives prouve une nouvelle fois au travers de sa programmation du 20 avril qu’il est bien plus que cela.
Dernière grosse journée du festival Hallucinations collectives, avec pour les plus fanatiques 6 films au programme. Aucune déception à relever, bien au contraire.
Dolls de Stuart Gordon (1987) :
Produit par Empire pictures, la boîte de production du prolifique Charles Band, Dolls est surtout un film de Stuart Gordon, auteur des excellents Re animator et From beyond. Dans la veine de ces long métrages, Dolls est une comédie horrifique fort plaisante à regarder. On y suit deux adolescentes rebelles qui sont prises au piège par un orage. Elles se réfugient dans un manoir détenu par deux vieilles personnes, faussement avenantes, qui collectionnent de nombreuses poupées. Ce refuge est évidemment létal car les poupées sont animées par la vie (comme celles des Puppet master de Charles Band, autre produit de cette époque) et sont bien décidées à trucider les intrus. Au-delà de la comédie horrifique où des poupées massacrent des gens, Dolls est surtout un conte avec sa morale, où les adultes qui ont gardé leur âme d’enfant peuvent repartir vivant. Bien mis en scène, sans temps mort – d’autant que le film ne dure que 78 minutes – Dolls est aussi prenant par une variété de meurtres. Et puis il y a constamment un humour noir bienvenu. Bref, si ce film n’est pas le plus connu de son auteur, il n’en demeure pas moins une œuvre assez touchante sur l’enfance avec la nostalgie des vieux jouets artisanaux.
R100 d’Hitoshi Matsumoto (2013) :
Avec R100, on reste clairement dans une veine comique. On est même précisément dans un humour purement japonais. D’abord, le titre R100 intrigue. Il laisse entendre que le film est interdit aux moins de 100 ans ! Autant dire que c’est une plaisanterie de son auteur. Mais ce n’est rien comparé au contenu du film. Car on pourrait plutôt dire que ce long métrage complètement dingue va à 100 à l’heure ou contient au moins 100 blagues énormes ! R100 est un pur délire et est à prendre comme tel. Le principal protagoniste du film est un “salary man” japonais dépressif qui s’ennuie dans son travail et doit élever seul son jeune fils car sa femme est dans le coma. Sa vie est loin d’être enthousiasmante et pour s’évader de son morne quotidien, il décide de prendre un contrat auprès d’une société nommée Bondage. Sa vie va alors changer de façon radicale. De jolies dominatrices, habillées façon SM, vont s’occuper de son cas en le frappant dans des lieux publics, de façon imprévisible.
Bien que disposant d’un scénario en apparence totalement déjanté, le film suit pourtant une ligne directrice assez claire. En effet, il invite à plusieurs reprises le protagoniste à accepter ses pulsions sexuelles, quand bien même celles-ci s’éloigneraient de la norme. R100 raconte ce cheminement du héros, du déni à l’acceptation. Les gags s’accumulent à la vitesse grand V, avec accélération dans la deuxième partie du film, une façon en soi de prouver la jouissance que ressent le "salary man" qui est libéré. Dès lors, le film peut être vu comme une ode à la jouissance avec une réinterprétation plus subtile qu’on l’imagine de L’hymne à la joie de Ludwig Van Beethoven.
Quant au réalisateur, on ne peut pas dire non plus qu’il se prenne bien au sérieux, avec notamment ces intermèdes où des personnages commentent le film et en pointent les incohérences.
Rien de tel qu’un R100 pour requinquer le moral !
Super 8 madness de Fabrice Blin (2014) :
Le film a été précédé d’une présentation par Jean-Pierre Putters, fondateur du magazine Mad Movies, et créateur du festival du Super 8.
Il est donc la personne idéale pour parler de Super 8 madness puisqu’il s’agit d’un documentaire qui évoque ce festival qui a existé de 1984 à 1989. Ce long métrage est très instructif, puisqu’il met en lumière un festival pas forcément connu, qui avait pour but de passer des films amateurs et de récompenser les meilleurs. Le documentaire est émaillé de nombreux extraits de films et d’interviews de personnes qui ont créé ces films amateurs. Super 8 madness comporte un vrai côté nostalgique d’une époque qui n’est pas si lointaine. Pourtant, cette période paraît complètement dépassée avec les gens qui disposent actuellement de technologies avancées, faisant passer le super 8 pour un système de filmage préhistorique. On est pourtant charmé par ces personnes qui expliquent comment elles faisaient leurs films avec trois bouts de ficelles, avec beaucoup d’ingéniosité et avec l’aide de la famille et d’amis. Tous ces projets amateurs ne sont pas bons, loin s’en faut, mais ils sont tous amusants, intelligents ou carrément inventifs. Le réalisateur Fabrice Blin s’intéresse plus à la passion sincère qui a émané de ces créateurs amateurs que des films eux-mêmes. On se doute que pour retrouver trace de ces courts et pour disposer de supports exploitables, la production de Super 8 madness a eu du pain sur la planche. En tout cas, ce documentaire qui crie son amour du cinéma de genre et de cette époque donne sacrément envie de regarder ces œuvres amateurs.
The double de Richard Ayoade (2014) :
Avec The double, le britannique Richard Ayoade adapte la nouvelle éponyme de Dostoïevski. Ayoade reprend bien la trame de la nouvelle, avec cet homme, un jeune fonctionnaire, qui est perturbé par l’irruption dans sa vie d’un double de lui-même. Il ne comprend pas que dans son environnement professionnel, les gens ne voient avec lui qu’une simple ressemblance. The double n’est pas un film à regarder si le moral est bas. Car c’est une œuvre résolument sombre, à l’image de ses décors grisâtres et de son action nocturne. Et puis les thématiques ne sont pas non plus là pour apporter de la gaieté puisque l’on traite ici de la solitude de l’être humain ; du suicide ; d’une administration kafkaïenne ou encore de gens qui sont logés dans des appartements minuscules et quasiment dénués de vie. Le double de notre héros peut être vu comme le fantasme du personnage qu’il voudrait être, mais qu’il ne parvient pas à endosser en raison de considérations morales, sociales et sociétales. L’histoire d’amour du film est constamment avortée avec des personnages qui ne sont jamais sur la même longueur d’onde. Notons que la distribution du film est de grande qualité, en particulier Jesse Eisenberg qui parvient avec justesse à jouer ce double personnage, sans que l’on confonde l’un et l’autre et sans qu’il ait besoin de cabotiner.
L’histoire est très subtile et comporte plusieurs degrés de lecture, à tel point que le spectateur peut se faire sa propre idée. Nullement aimable, The double n’en demeure pas moins une oeuvre marquante et l’un des films les plus intéressants de ce festival.
La dernière journée du festival Hallucinations collectives se profile, avec pour ma part deux nouveaux films à découvrir en salles, Fort Bronx et Paranormal bad trip 3D.
Galerie Photos
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.