Le 8 juillet 2014
- Scénariste : Jean-Yves Le Naour>
- Dessinateur : Chandre
- Editeur : BAMBOO
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 1er juin 2014
- Durée : 1
François-Ferdinand, la mort vous attend à Sarajevo est un one-shot qui nous replonge dans la genèse et les inextricables rouages de l’événement qui ont lancé le monde dans la guerre de 14-18. Au détour des pages, on découvre avec curiosité et finalement émotion les derniers jours de François-Ferdinand, dont la destinée initiale était de devenir le nouvel empereur de la lignée des Habsbourg.
Résumé :
Le mois de Juin 1914, de Vienne à Sarajevo. Nous suivons donc François-Ferdinand, archiduc et neveu de l’empereur d’Autriche-Hongrie, sur une courte mais décisive période de quelques jours. Il s’agit là d’une occasion de découvrir l’homme qui se cache derrière le mythe. Qui était François-Ferdinand d’Autriche ? Un père aimant ? Un chauviniste acerbe ? Un malheureux inadapté aux lois de la politique impériale ? Un peu de tout cela ? Plus encore ? Un début de réponse se trouve dans les pages de cette BD.
Notre avis :
Cette histoire prend tout de suite l’allure d’une tragédie. En effet, si l’on ignore la sombre destinée du héros, le titre vous remet tout de suite les pendules à l’heure. François-Ferdinand est condamné. La question n’est donc pas de savoir s’il va s’en sortir mais de comprendre comment nous en sommes arrivés à ce triste jour du 28 juin 1914.
Jean-Yves Le Naour prend le temps de nous présenter les rouages politiques, familiaux – bien que tout cela se mêle quand on parle des Habsbourg – mais aussi de nous faire découvrir ce personnage. Avec un regard impartial, il nous en dévoile les bons côtés comme les mauvais. Tant et si bien que l’on se retrouve à prier pour que l’impossible se produise et que François-Ferdinand ne fasse pas ce voyage en Serbie.
En effet, le scénariste a compris que la force d’une histoire, même simple narration de faits réels, repose avant tout sur l’homme et ses sentiments, ses désirs et ses rêves. Il nous distille les rêves de ce futur empereur, qui se verrait bien assis ailleurs que sur un trône, de cet homme qui tente de faire passer sa vie de famille avant ses devoirs impériaux, avec tellement de talent que l’on finit par s’attacher à lui, et ce malgré ses – gros - défauts !
En axant l’histoire sur François-Ferdinand, Le Naour nous plonge aussi dans les rouages de la cour d’Autriche-Hongrie. Nous découvrons d’autres personnages historiques, d’autres événements, pour finalement nous rendre compte que ce meurtre n’est que la conclusion d’une vaste succession de ressentiments, de mauvais choix et d’accidents.
Mais quelles conséquences dramatiques pour le monde ! Combien de millions de morts pour une histoire d’entêtements ? L’entêtement de François-Joseph, celui de son neveu, François-Ferdinand, celui de Prinzip qui rêve d’une Serbie libre et celui de tant d’autres encore...
Si François-Ferdinand et Gravilo Prinzip s’étaient retrouvés à la même table, auraient-ils pu échanger et trouver une solution ensemble ? Probablement pas...
Cette BD nous rappelle juste que chaque acte a des conséquences et que bien souvent, on n’est pas à même de percevoir l’ensemble des faits qui découleront de nos décisions.
Le cahier final nous plonge dans les détails historiques et les circonstances des événements. La BD est tellement bien faite que l’on a l’impression d’y retrouver tout ce qu’on a déjà lu. L’intérêt est de se rendre compte de ce qui appartient vraiment à l’Histoire, une phrase de François-Ferdinand qu’on croyait inventée et qui n’est qu’une citation, une rencontre dont on ignore finalement quelle était la teneur des échanges. Un cahier écrit par Jean-Yves Le Naour, complété de belles photos et d’illustrations d’époque. Il n’y manque que les dessins de Chandre.
Pour découvrir le talent du dessinateur, nous avons néanmoins toute cette BD. Chandre opte pour un style réaliste. En comparant les photos de François-Ferdinand et son avatar dessiné, on ne peut que le reconnaître. Les personnages, réalistes, restent expressifs et leurs émotions passent parfois simplement par un regard.
Refusant tout trait de mouvement, Chandre doit alors trouver les poses les plus justes pour marquer l’attitude de ces protagonistes.
Les décors, également réalistes, sont mis en valeur par les teintes de couleur, assez froides quand nous sommes à la cour et plutôt chaudes quand on rejoint la famille de François-Ferdinand.
Les planches sont découpées en deux à quatre bandes de une à quatre cases.
Pour permettre de rythmer l’histoire, les cases varient de taille, se libèrent parfois de leurs cadres, se chevauchent discrètement et apportent par là une variété visuelle qui est très agréable.
Les angles de vue mêlent au plan d’ensemble et aux plans serrés des plongées ponctuelles qui permettent de dramatiser certains moments.
François-Ferdinand, la mort vous attend à Sarajevo est une belle plongée dans les derniers jours de la vie d’un homme d’état, mêlant savamment le privé et le public, une tragédie où l’émotion finit par l’emporter et nous fait regarder l’Histoire d’un autre œil, moins distant et plus humain.
Galerie photos
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