Le 17 décembre 2001
- Acteur : Dennis Hopper
"Comme tous les artistes, je veux tromper la mort et apporter quelque chose à la prochaine génération." Denis Hopper rêvait d’être Orson Welles Il a côtoyé James Dean et les plus grands d’Hollywood. Sa carrière en dents de scie reste marquée par le mythique Easy Rider. Denis Hopper est un artiste controversé, haï ou adulé, mais il ne laisse pas indifférent…
Il rêvait d’être Orson Welles…
Né le 17 mai 1936 dans le Kansas, Hopper est élevé par ses grands-parents dans une ferme. Il rejoint la Californie pour faire ses études et fait ses premiers sur scène. A dix-huit ans, il part pour Hollywood avec la ferme détermination de travailler dans le cinéma. Sa carrière ne démarre aussi bien qu’il l’avait projeté. Mais il ne perd pas espoir et enchaîne petits rôles sur petits rôles dans des séries télé.
Dean lui enseigne la méthode de l’Actors Studio
En 1954, il est enfin engagé dans un film digne de ce nom : il incarne De Goon dans La fureur de vivre. Sa rencontre avec James Dean va bouleverser sa carrière naissante. Le comédien à la gueule d’ange lui enseigne la méthode de l’Actors Studio : "Ne joue pas. Si tu es en train de fumer une cigarette, fume-la. Ne fais pas semblant de la fumer." Dans l’esprit de Hopper, cela donne : "En observant Dean, j’ai réalisé que je devais être un rebelle et un battant. Vous devez combattre les réalisateurs lorsqu’ils vous disent comment jouer une scène." Denis Hopper va mettre les théories enseignées par James Dean en application. Sur le tournage de La fureur des hommes, il se dresse contre le réalisateur Henry Hathaway qui lui demande de copier Brando : "Je suis un acteur de la méthode. Je travaille avec mes oreilles, ma vue, ma tête et mon odorat." Mais n’est pas James Dean qui veut et les portes des studios hollywoodiens se ferment devant lui pour une longue période.
Il vivote alors dans des productions en marge du système et pendant quatre ans s’écarte des plateaux. Il s’inscrit à l’Actor’s Studio et pour payer ses cours, il se lance dans la photographie.
Il travaille pour Vogue et Harper’s Bazaar. Il parcourt la ville à la recherche de sujets à photographier. II capte des moments d’histoire de l’Amérique : les manifestations pour les droits civiques, Martin Luther King en plein discours…
Il réalise même des portraits d’Andy Warhol ou Roy Lichtenstein. Sa passion pour l’art contemporain naît à cette époque et ne la quittera plus.
A partir de 1965, date de son retour à Los Angeles, il navigue entre drogue, sexe, et alcool. Il déclare : "J’ai léché tellement de vagins dans les années soixante que ma barbe était comme un donut glacé" (!) Quelques films marginaux le ramènent vers les studios. Il apparaît alors dans de grosses productions mais son interprétation est ignorée par les critiques. Il fait la connaissance du comédien Luke Askew qui va inspirer Hopper sur sa future façon d’être. Deux ans plus tard, Luke Askew interprète le hippie auto-stoppeur qui emmène les deux motards du film jusqu’à la communauté du Nouveau-Mexique dans Easy Rider. Avec ce road-movie déjanté, Hopper a enfin le sentiment d’accomplir ses projets de réalisation. La chevauchée sarcastique de Denis Hopper et Peter Fonda va devenir culte. Denis Hopper a toujours été fasciné par les western, et à travers Easy Rider, il réinvente le genre. Ses héros, Billy et Wyatt empruntent à rebrousse poil la route des pionniers. Le voyage qui doit mener les deux compères à la liberté est basé sur un deal de cocaïne. Parce qu’ils dérangent la bonne société conformiste américaine, les deux héros sont abattus et le film se termine sur cette phrase mythique : "We blew it" (on a merdé). A sa sortie, Easy Rider recueille tous les éloges possibles. Il obtient une récompense à Cannes et ce film à petit budget devient, en prime, un succès commercial.
Ravivé par cette réussite phénoménale et inattendue, Hopper s’attaque dans la foulée à la réalisation de The Last Movie. Mais les critiques ne comprennent pas ce film sans réel scénario. Ce que Hopper voyait comme un aboutissement de sa conception cinématographique laisse perplexe les critiques américaines.
Il remporte tout de même le Grand prix du Festival de Venise en 1971. Les studios Universal lui demandent de tourner une version plus académique, Denis refuse et Universal enterre le film. Dégoûté, Denis Hopper se réfugie dans sa propriété de Taos au Nouveau-Mexique et pendant dix ans, il se livrera à tous les excès. Ce qui pèsera grandement sur ses performances d’acteur. Exilé des plateaux américains, il se retrouve sur les tournages underground du cinéma européen.
La descente aux enfers
Il tient grâce à la coke et à l’alcool. Au début des années 80, il avoue s’enfiler deux litres de rhum par jour. Sans compter les bières et les Martinis. Son séjour en 1979 aux Philippines, pour s’imprégner de son rôle de photographe dans Apocalypse Now, n’arrange rien. Dans Out of the Blue, il ne peut plus cacher sa déchéance physique. A longueur de scènes, il descend bouteille de whisky sur bouteille de whisky. Le film, bien accueilli en Europe, défraye la chronique aux USA.
De plus en plus paranoïaque, Hopper s’enferme dans un délire de persécution : il entend des voix au téléphone, se croit surveillé par la Mafia, etc. il atteint les sommets de la défonce sur le tournage de Jungle Fever, film qu’il ne terminera jamais. Son court emprisonnement dans les geôles mexicaines est loin de le ramener à la raison. Il se voit toujours assailli par des microbes ou témoin de scènes de tortures atroces. Il fini par reconnaître sa dépendance et accepte de suivre une cure de désintoxication. Pendant sa convalescence, un seul homme lui tend la main : Bert Schneider, l’un des producteurs d’Easy Rider. Il commence à sortir la tête de l’eau en 1986. Il se remet au travail et enchaîne six films. Son rôle de Franck Booth, un criminel sadique, dans Blue Velvet de David Lynch redore un peu son image.
L’art sacrifié à l’argent
A partir du milieu des années 80, Hopper sacrifie l’aspect artistique à l’aspect financier. Il s’exprime désormais à travers la photo. Mais au cinéma il va de film commercial en film commercial, incarnant souvent les méchants.
Le rebelle est devenu un bad boy. Il remporte même en 1994, le MTV Award du meilleur bad boy. On le retrouve dans Speed, Super Mario Bros ou Waterworld. Il tente de justifier ses choix en se comparant à son idole, Orson Welles : "Tous les deux, nous avons presque été interdits de tournage, et tous les deux nous terminons notre carrière en faisant des films commerciaux ;" Il ajoute : "J’ai fait des allers-retours au sein du système Hollywoodien mais, fondamentalement, je suis un indépendant.
L ’idéaliste déçu, le rebelle sacrifié sur l’autel du fric se bat depuis 1997 avec Peter Fonda devant les tribunaux pour tirer profit des dépouilles du rêve hippie d’Easy Rider. Associés à l’écriture du scénario, Fonda et Hopper se disputent la paternité du film. A la clé, un pactole important : les 240 millions de dollars que le film a rapportés depuis sa sortie.
Comme dirait Wyatt à Billy à la fin du film culte, "on a merdé".
Il incarne aujourd’hui l’échec de la révolte des sixties. Les rebelles vieillissent mal… que serait-il advenu de James Dean s’il n’était pas mort en pleine gloire ?
Filmographie
En tant que réalisateur :
– Chasers (1994)
– Hot Spot, The (1990/I)
– Catchfire (1989) (sous le pseudonyme d’Alan Smithee)
– Chasers (1988)
– Out of the Blue (1980)
– the Last Movie (1971)
– Easy Rider (1969)
En tant que scénariste :
– Out of the Blue (1980)
– The American Dreamer (1971)
– The Last Movie (1971)
– Easy Rider (1969)
En tant qu’acteur :
– The Night we Called it a Day (2003) de Paul Goldman
– Closing the Ring (2003) de Richard Attenborough
– The Piano Player (2002) de Jean-Pierre Roux
– Leopold Bloom (2002) de Mehdi Norowzian
– Wicked Prayer (2003) de Lance Mungia
– Les hommes de main (The Knockaround Guys) (2001) de David Levien, Brian Koppelman
– Jazz Seen (2001) de Julian Benedikt
– En direct sur Ed TV (EdTV) (1999) de Ron Howard
– Jesus’ Son (1999) de Alison MacLean
– The Source (1999) de Chuck Workman
– Welcome to Hollywood (1998) de Tony Markes
– The Blackout (1997) de Abel Ferrara
– Les derniers jours de Frankie (The Last Days of Frankie the Fly) (1997) de Peter Markle
– Basquiat (1996) de Julian Schnabel
– Cannes Man (1996) de Richard Martini
– Etat de force (Carried away) (1996) de Bruno Barreto
– Search and Destroy (1995) de David Salle
– Waterworld (1995) de Kevin Reynolds
– Speed (1994) de Jan de Bont
– Chasers (1994) de Dennis Hopper
– L’extrême limite (Boiling Point) (1993) de James B. Harris
– True Romance (1993) de Tony Scott
– Red Rock West (1992) de John Dahl
– Super Mario Bros (1992) de Rocky Morton
– Superstar (1990) de Chuck Workman
-The Indian Runner (1990) de Sean Penn
– Chattahoochee (1990) de Mick Jackson
– Catchfire (1989) de Dennis Hopper
– Un fusil pour l’honneur (Blood Red) (1988) de Peter Masterson
– Blue Velvet (1986) de David Lynch
– Osterman week-end (The Osterman Week-End) (1983) de Sam Peckinpah
– Rusty James (Rumble Fish) (1983) de Francis Ford Coppola
– O.C. & Stiggs (1983) de Robert Altman
– Human Highway (1982) de Dean Stockwell
– Renacer (1981) de José Juan Bigas Luna
– Garçonne (Out of the Blue) (1980) de Dennis Hopper
– Apocalypse Now (1979) de Francis Ford Coppola
– L’ ordre et la sécurité du monde (1977) de Claude d’Anna
– Les apprentis Sorciers (1977) d’Edgardo Cozarinsky
– L’ami américain (Der Amerikanische Freund - The American Friend) (1977) de Wim Wenders
– Tracks (1976) de Henry Jaglom
– The Other Side of the Wind (1972) de Orson Welles
– The Last Movie (1971) de Dennis Hopper
– Cent dollars pour un shérif (True Grit) (1969) de Henry Hathaway
– Easy Rider (1968) de Dennis Hopper
– Head (1968) de Bob Rafelson
– The Trip (1967) de Roger Corman
– Les Quatre fils de Katie Elder (The Sons of Katie Elder) (1965) de Henry Hathaway
– Marée nocturne (Night Tide) (1963) de Curtis Harrington
– Screen Test n°4 (1963) de Andy Warhol
– Règlement de comptes à O.K. Corral (Gunfihgt at the O.K. Corral) (1957) de John Sturges
– Géant (Giant) (1956) de George Stevens
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