Va chercher la police

D’emblée, quelques agréables signes de ralliement nous rassurent : le charme et la chaleur de la voix de la chanteuse, Natasha, sont toujours au rendez-vous. Les musiciens perpétuent leur talent d’arrangeurs (avant l’arrivée de Natasha, ils étaient "Les musiciens de Tricatel" : Bertrand Burgalat, Michel Houellebecq, etc.) et affirment l’unité de leur son. L’album débute sur Morte, dont la trompeuse intro, qui rappelle les murmures de Philippe Katerine ou de Serge Gainsbourg, est balayée par un rythme effréné qui débarque brutalement. On est rapidement mis au parfum : ce sera sexy, pop, et agité.

Le savant mélange est correctement ficelé par la production de Alf (Overhead, Air, Phoenix), et la troupe semble avoir découvert des passerelles temporelles et avoir fait quelques haltes dans les années 70 (une de ses marques de fabrique préférées), repris le meilleur des années 80, et finalement exploré les temps modernes. On s’arrête forcément sur le morceau phare de l’album, Comme je suis (qui rappelle certains riffs des premiers Cure), et on se laisse intriguer par l’insolence et le psychédélisme qui règnent sur le reste de l’album, qui se termine sur une version anglaise de ce même morceau phare (exercice déjà réalisé sur Spanked). Mis à part cela et le quasi instrumental Plastic hooker, presque tous les autres textes sont en français, dont trois écrits par Virginie Despentes.

Sans concurrence dans l’hexagone, A.S Dragon s’inscrit donc dans les courants internationaux du moment. Mais après ce Va chercher la police qui peut s’apparenter à un album de transition, on attend déjà de pied ferme le prochain, que l’on espère plus abouti. Affaire à suivre.