Régénération
Le 8 juillet 2004
Sans céder aux appels du tiroir-caisse, les pionniers de la new-wave secouent les toiles d’araignées et sortent leur album le plus nerveux depuis des lustres.
- Artiste : The Cure
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Robert Smith allait un peu vite enterrer The Cure. Nouvel épisode dans l’histoire des hérauts d’un rock sombre et épique : Cure sort de sa torpeur et enregistre un album modeste, nerveux et efficace.
Plus de vingt-cinq ans de Cure : une tradition qui fait son poids, surtout sur les épaules de Robert Smith, l’homme qui peut se targuer du plus grand nombre de fans-clones de l’histoire de la pop après Elvis et Johnny Hallyday. Le barde hirsute avait bien tenté de refermer le cercueil en 2000 avec Bloodflowers, un album qui se voulait le pendant de Pornography et de Disintegration. Malgré toute l’indulgence qu’on peut avoir pour l’auteur de A Forest et Just like heaven, difficile de comparer le résultat à ces monuments des années 80.
N’empêche que Robert Smith s’est libéré de ces ambitions impossibles, et que cela s’entend. Enregistré rapidement, tendu et nerveux à l’image du morceau Never, The Cure est débarrassé de l’auto-complaisance qui plombait son prédécesseur. Comme sur Wish, le dernier grand album de Cure, il y a de tout : des morceaux pop lumineux (Before three, (I don’t know what’s going) On), d’autres plus hypnotiques (l’orientalisant Labyrinth), des singles faciles comme The end of the world. Et un Smith qui gémit, déclame, joue à la cantatrice sur la conclusion de Taking off ou pousse des gargouillis spectraux (intro de l’épique The promise, dix minutes au compteur). Bref, un chanteur qui paie toujours de sa personne.
Avec l’aide de Ross Robinson, producteur mentor d’une génération métaleuse américaine (Korn, At The Drive-In, Limp Bizkit), Robert Smith muscle le son mythique de son groupe (toujours en avant, la basse du fidèle Simon Gallup), sans fossilisation ni accès de jeunisme. Seules traces évidentes de Robinson : un Us or them rageur dédié à l’administration Bush - référence rarissime à l’actualité chez Cure - et surtout un morceau d’ouverture dépouillé, atonal, déstabilisant : le bien nommé Lost.
Passé un certain âge, beaucoup de groupes ne sortent plus que des albums en pilotage automatique, simples prétextes à des tournées tiroir-caisse. Plutôt que de se perdre dans un mémorial du rock gothique, les Cure prouvent simplement qu’ils sont encore le grand groupe qui a inspiré des rejetons aussi différents que les Smashing Pumpkins, les Deftones, Placebo ou, chez nous, M. Qui tiendra le plus longtemps ? Le cas est loin d’être réglé.
The Cure - The Cure (I Am/Geffen/Universal)
Tracklisting :
1 Lost
2 Labyrinth
3 Before three
4 The end of the world
5 Anniversary
6 Us or them
7 Alt. end
8 (I don’t know what’s going) On
9 Taking off
10 Never
11 The promise
12 Going nowhere
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