Rhapsodie
Le 16 novembre 2010
Ces trois oeuvres non concertées se nourrissent, chacune dans leur genre, des angoisses urbaines et forment miraculeusement un ensemble cohérent et poétique.
- Réalisateurs : Bong Joon-ho - Michel Gondry - Leos Carax
- Acteurs : Denis Lavant, Jean-François Balmer, Ayako Fujitani, Ryō Kase, Teruyuki Kagawa
- Genre : Comédie dramatique, Romance
- Nationalité : Français, Japonais, Allemand, Sud-coréen
- Date de sortie : 15 octobre 2008
– Durée : 1h45min
Trois oeuvres non concertées se nourrissant chacune dans leur genre des angoisses urbaines et formant miraculeusement un ensemble cohérent et poétique.
L’argument : Le film est composé de trois chapitres, chacun d’entre eux étant librement inspiré par Tokyo et tourné au coeur de la ville.
Interior Design de Michel Gondry :
Un jeune couple tente de s’installer à Tokyo. L’ambition du jeune homme est claire, devenir réalisateur. Quant à sa compagne, plus indécise, elle a le sentiment diffus de perdre le contrôle de sa vie. Tous les deux se noient dans cette ville sans repères, jusqu’à ce que la jeune femme, trop seule, devienne l’objet d’une étrange transformation...
Merde de Leos Carax :
Une ignoble créature sème la panique et la mort dans les rues de Tokyo. Les médias la surnomme "La Créature des égouts". L’armée finit par la capturer. Il s’agit d’un homme d’une civilisation inconnue, qui se fait appeler Merde. Son procès déchaîne les passions.
Shaking Tokyo de Bong Joon-ho :
Depuis plus de dix ans, il est hikikomori. Il vit enfermé dans son appartement, réduisant au strict minimum tout contact avec le monde extérieur. Lorsque la livreuse de pizza s’évanouit chez lui durant un tremblement de terre, l’impensable arrive, il tombe amoureux. Peu après il apprend que la jeune fille devient hikikomori à son tour. Osera-t-il franchir la porte qui sépare son appartement du reste du monde ?
Notre avis : Michel Gondry, Leos Carax, Bong Joon-Ho : trois réalisateurs non japonais pour autant de points de vue sur la mégalopole tokyoïte. Si le premier s’oriente sans surprise vers le fantastique, le second emprunte à la science fiction tandis que le dernier s’offre une pause romantique.
Interior Design de Michel Gondry déplace la question de la place de l’individu dans la société et l’installe au sein du couple. Se manifestant par une métamorphose toute kafkaïenne reflétant l’état de détresse intérieure de la jeune femme, cette quête de soi nous embarque entre le cauchemar et le rêve, à l’image d’une ville tantôt tentaculaire et déshumanisante, tantôt nimbée d’une atmosphère cotonneuse et protectrice.
Merde de Leos Carax est sans doute le plus déconcertant des trois courts métrages, de même que le seul à s’échapper de Tokyo le temps d’une escapade parisienne. La créature mutante jouée par Denis Lavant, personnage éponyme du film à l’intitulé sans équivoque, surgit des égouts à l’approche de Noël pour terroriser Tokyo à la manière d’un Jekyll et ce faisant, ramène à la surface la part d’ombre de l’histoire du Japon, trophées de guerre enfouis avec les ordures de la ville. Merde semble ainsi avoir été engendré par l’espèce humaine dont il personnifie le dégoût même, tandis que de l’autre coté de la balance, l’improbable avocat mutant interprété par Jean François Balmer s’affiche comme un modèle d’intégration.
Pour finir, Shaking Tokyo de Bong Joon-ho emprunte des chemins moins tortueux mais tout aussi denses, avec ce conte d’un hikikomori (nom japonais décrivant un stade extrême de l’agoraphobie et de la photophobie ) transcendé par l’amour - ou quand un tremblement de terre est le prélude à un coup de foudre. Le déchaînement des éléments naturels qui fait partie intégrante de l’imaginaire collectif japonais tranche ainsi le noeud gordien, non sans renverser la donne (bien que moins poussée que dans Seuls two, la désertion des rues de Tokyo suite au tremblement de terre fait tout de même son effet). Si Shaking Tokyo conclut le film, on se plait à imaginer, pourquoi pas, un quatrième volet à cette rhapsodie avec Tokyo eyes de Jean-Pierre Limosin sorti en 1998.
Avec pour seule consigne la réalisation d’un court métrage inspiré de Tokyo dans un budget et une durée impartis, les trois réalisateurs ont proposé leur interprétation de la ville, allant d’instinct puiser dans les phobies de la mégalopole japonaise transposées pour chacun dans son style propre tout en se retrouvant sur une certaine définition du merveilleux, offrant ainsi le portrait d’une ville dotée d’une âme, qu’elle soit hantée par « les fantômes plats qui habitent entre les murs », affublée des oripeaux du passé ou révélée à elle-même par la violence des éléments.
Après Tokyo, redécouvrez Paris...
Paris, je t’aime
Galerie photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Frédéric Mignard 10 novembre 2008
Tokyo ! - la critique
Les angoisses et névroses nippones passées au crible avec une grande habilité et un sens certain de la poésie. Réussi, malgré des longueurs.
Norman06 29 avril 2009
Tokyo ! - la critique
Le court métrage de Michel Gondry, s’il permet de retrouver son univers décalé et étrange, comporte des longueurs en dépit d’une séquence de transformation insolite. Le second volet montre un Carax curieusement fantaisiste, mais la lourdeur du propos en fait le "sketch" le moins réussi. C’est l’auteur de The Host qui remporte la palme dans une troisième partie angoissante et oppressante.
Norman06 29 avril 2009
Tokyo ! - la critique
Le court métrage de Michel Gondry, s’il permet de retrouver son univers décalé et étrange, comporte des longueurs en dépit d’une séquence de transformation insolite. Le second volet montre un Carax curieusement fantaisiste, mais la lourdeur du propos en fait le "sketch" le moins réussi. C’est l’auteur de "The Host" qui remporte la palme dans une troisième partie angoissante et oppressante.