Le 5 mars 2025
Une immersion sympathique et avant-gardiste dans un univers futuriste basé sur les théories de l’homme augmenté, mais de qualité bien moindre aux réalisations antérieures de Bong Joon-ho.


- Réalisateur : Bong Joon-ho
- Acteurs : Mark Ruffalo, Toni Collette, Robert Pattinson, Anamaria Vartolomei, Daniel Henshall, Steven Yeun, Chelsea Li, Naomi Ackie
- Genre : Comédie, Science-fiction, Action, Dystopie, Aventure
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h17mn
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 5 mars 2025
- Festival : Festival de Berlin 2025

L'a vu
Veut le voir
Résumé : Héros malgré lui, Mickey Barnes se tue à la tâche… littéralement ! Car c’est ce qu’exige de lui son entreprise : mourir régulièrement pour gagner sa vie.
Critique : Bong Joon-ho, fort de son succès public et critique de Parasite se serait-il américanisé, au point de commettre ce long-métrage de science-fiction, certes bien foutu, mais très loin de ce cinéma de la cruauté et du cynisme ? C’est sans doute ce qui est à craindre dans ce Mickey 17 qui aborde la question de l’immortalité, au service de la recréation d’un monde parfait et aseptisé pour les meilleurs d’entre nous, où les moyens financiers et techniques ne manquent pas. Évidemment, quand on bénéficie de pareilles largesses économiques, le résultat ne peut qu’être visuellement très bon. L’histoire est celle d’un héros ordinaire qui choisit de devenir un être remplaçable, c’est-à-dire un individu enregistré dans une machine à imprimer du vivant, et recomposé à chaque fois qu’il meurt, afin d’échapper à ses créanciers sur terre. Il est projeté dans un vaisseau qui doit atterrir sur une planète qui s’apprête à accueillir les populations de demain, où l’équipage le met à l’épreuve en permanence afin de garantir que tous les dangers liés à cette installation soient définitivement écartés.
- Copyright 2024 Warner Bros. Entertainment Inc.
Mickey 17 s’inscrit dans ces récits fantastiques où l’Intelligence Artificielle et les théories sur l’Homme Augmenté sont mises en débat. On ne peut pas nier que Bong Joon-ho pose les bonnes questions en matière d’éternité, d’éthique et de risques par rapport au devenir de l’humanité. De plus, il le fait dans un souci de faire rire ses spectateurs, grâce à sa collection de personnages tous aussi déjantés les uns que les autres, à commencer par le héros lui-même. L’humour fonctionne totalement, tout en permettant au spectateur de réfléchir aux progrès de la science qui à terme pourront générer des tensions importantes. Comme tous les récits depuis que la littérature existe, le scénario cultive le thème de l’immortalité, mais cette fois instrumentalisée, pour permettre aux équipes scientifiques de réaliser toutes les expériences qu’ils veulent sur un être vivant, même si elles engagent son pronostic vital. Le protagoniste, naïf et débonnaire, se livre les yeux fermés à cette expérimentation pour le meilleur et pour le pire.
Mickey 17 fait partie des films les plus attendus de cette année 2025. On n’avait plus vu le cinéaste coréen sur les écrans depuis le triomphe de Parasite. Le résultat est agréable, pour ne pas dire sympathique, mais sans doute pas à la hauteur des attentes des spectateurs depuis 2019. Il faut noter l’interprétation très intéressante de Robert Pattinson qui parvient à jouer son propre double, mais avec des caractères totalement différents. Il fait œuvre d’inventivité, d’humour caustique, dans la peau d’un de ses faux doubles, jouant sur la voix, le regard et les postures. Indéniablement, le comédien est parfait pour le rôle, là où les autres acteurs incarnent des personnages plus classiques et moins fascinants.
- Copyright 2024 Warner Bros. Entertainment Inc.
Le scénario demeure assez basique. Le récit oppose les méchants et les gentils dans une aventure fantastique somme toute prenante et agréable. Les bêtes extra-terrestres apportent à la fiction une véritable fraîcheur avec leurs formes d’insectes dévoreurs de chair humaine, mais d’une très grande intelligence. Bong Joon-ho se moque des travers de l’humanité, comme il l’a toujours depuis The Host avec le recours à des monstres plus sensibles et réfléchis que les humains. Le réalisateur échappe à la patte du cinéma coréen en évitant d’abuser de l’hémoglobine, ce qui va convenir aux publics des enfants, mais manque vraiment dans l’accroche du spectateur. En effet, hormis la main qui s’arrache dans l’espace interstellaire, les effets de violence et de mort sont très softs.
On ne peut pas dire que nous avons détesté Mickey 17 mais pas non plus affirmer que nous avons adoré le film. Le long-métrage se laisse regarder avec plaisir, sans révolutionner le cinéma fantastique et de science-fiction. L’intérêt majeur demeure l’interprétation de Robert Pattison qui habite avec beaucoup de joie son personnage dix-huit fois réimprimé après sa mort. Le temps passe relativement vite malgré les deux heures dix-sept de fiction dans un bain de couleurs, sons et lumières qui réjouiront les amateurs du genre.