Le 17 février 2023
Bong Joon-ho réinvente le mythe de Godzilla, le monstre japonais, avec ce qu’il sait faire de mieux : une fresque familiale et un regard acide sur la société. Mêlant fantastique, aventure et humour, le film s’agrémente de notes tendres, autour de Hyun-seo. Une réflexion fine sur l’ingérence, les conséquences écologiques de l’intervention humaine et la peur.
- Réalisateur : Bong Joon-ho
- Acteurs : Song Kang-ho, Park Hae-il, Doona Bae, Byeon Hie-bong , Go Ah-seong
- Genre : Action, Drame fantastique
- Nationalité : Sud-coréen
- Distributeur : Océan Films, The Jokers
- Durée : 2h00mn
- Date télé : 9 juillet 2022 22:30
- Chaîne : Ciné+ Club
- Reprise: 8 mars 2023
- Titre original : Gwoemul
- Date de sortie : 22 novembre 2006
- Festival : Festival de Cannes 2006
L'a vu
Veut le voir
– Reprise en version restaurée : 8 mars 2023
Résumé : À Séoul, après des rejets toxiques de l’armée américaine, un monstre géant surgit de la rivière Han, alors que la population profite du soleil, autour du snack de la famille Park. Dans un mouvement de panique, Gang-du, le fils du propriétaire, perd sa fille Hyun-seo, enlevée par le monstre amphibie. La famille, dévastée par le chagrin, n’a alors pour but que de retrouver la bête.
Critique : C’est lorsque surgit une menace inattendue que les héros se révèlent. Là, sur les rives de la rivière Han, un grand-père sert les badauds venus déjeuner. Aidé par son fils nonchalant Gand-du, il garde un œil sur la télévision pour suivre la compétition de tir à l’arc à laquelle participe sa fille et dans l’attente du retour de son cadet, qui cherche désespérément du travail. C’est dans la rivière qu’apparaît alors un monstre gigantesque, qui va tout dévaster sur son passage, emportant la fillette Hyun-Seo, avant de repartir d’où il vient.
- © The Jokers
De cette famille sans grand panache, naît pourtant une aventure courageuse pour tenter de savoir où le monstre a emporté l’enfant, centre d’attention de toute la famille. Grâce à leur détermination mais aussi à leurs défauts, chacun trouve sa place dans cette traque qui connaît de nombreux obstacles, à commencer par la société elle-même, qui semble plus encline à contrôler la population qu’à chercher l’origine du monstre.
Lorsqu’un des leurs est victime du monstre, l’armée américaine envahit Séoul pour imposer ses protocoles à la population. Impossible de ne pas voir là une critique féroce de la présence américaine en Corée du Sud, ou du moins de l’impérialisme américain face aux situations de crise, où leurs méthodes, observations et ingérence sont validées sans remise en question. Dans leur entêtement, les membres de la famille Park font abstraction du monde qui les entoure et poursuivent leur but, bravant les dangers et privilégiant l’entraide. Joon-ho montre une nouvelle fois sa vision de la cellule familiale : celle qui peut s’engueuler, se déchirer mais toujours se serrer les coudes lorsqu’elle partage un but commun. Avec la distance humoristique du réalisateur à ses personnages, l’aventure se déroule toute en détresse : les acteurs surjouent la peur, la colère, le chagrin, pour justement adresser un pied-de-nez au sentimentalisme des blockbusters, souvent américains, qui soulignent les émotions avec une horde de violons. Dans ce film, les couleurs grises, bleues, presque métalliques, sont justement utilisées pour limiter les coups d’éclat de grands effets spéciaux. Cette recette fonctionne à merveille : le spectateur est tenu en haleine de bout en bout.
La vraisemblance du scénario importe moins, car les thèmes symboliques sont là : la solidarité comme rempart à l’impérialisme, l’amour triomphant des responsabilités et la place accordée à ceux considérés comme déclassés.
- © The Jokers
Enfin, le film rappelle l’importance de l’action humaine sur l’écosystème et le monde qui nous entoure. Le monstre peut-il transmettre un virus à l’humanité ? Lorsque les autorités décident d’utiliser un « agent jaune » pour désinfecter Séoul, là encore, on pense à l’agent orange, le gaz toxique utilisé lors de la guerre du Vietnam. Le monstre est une métaphore sur la nature prenant sa revanche sur l’Homme : sans nom, sans but, il manifeste simplement son existence, sans épargner l’espèce humaine.
Présenté au Festival de Cannes, vainqueur de nombreux prix, The Host est le troisième long-métrage du réalisateur Bong Joon-ho et une nouvelle affirmation de son immense talent de cinéaste.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.