Home invasion
Le 9 décembre 2022
Il y a un an, Bong Joon-ho réinventait le classique "film de maison", avec ses relations vénéneuses entre servants et employeurs, et fabriquait un thriller au rythme fou, sans rien perdre de son regard attentif sur la société coréenne. Un coup de génie.
- Réalisateur : Bong Joon-ho
- Acteurs : Song Kang-ho, Lee Sun-kyun, Choi Woo-sik , Cho Yeo-jeong, Park So-dam
- Genre : Thriller, Drame social
- Nationalité : Sud-coréen
- Distributeur : The Jokers
- Durée : 2h12mn
- Date télé : 15 mai 2022 21:00
- Chaîne : Arte
- Reprise: 19 février 2020
- Titre original : Gisaengchoong
- Date de sortie : 5 juin 2019
- Festival : Festival de Cannes 2019
Résumé : Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne…
Critique : La représentation de notre civilisation, telle que la donnait déjà Bong Joon-ho dans Snowpiercer, est celle d’un schéma pyramidal, dont le but de chacun serait d’en franchir les limites et ainsi atteindre un niveau de vie supérieur. La symbolique science-fictionnelle n’a désormais plus lieu et c’est bien au sein d’une famille de laissés-pour-compte dans le Séoul d’aujourd’hui qu’il pose sa caméra. Dans cette vision dictée par le déterminisme social, la famille de Ki-taek n’a pas d’autre espoir, pour survivre, que de voler leurs voisins plus riches.
- Copyright The Jokers
On les découvre ainsi en train de profiter gratuitement de leur wi-fi, sans le moindre scrupule. Et pourtant, il est difficile de condamner ces individus. Le seul fait de les voir en famille les rend inévitablement sympathiques (la bouille affable de Song Kang-ho y participe). De fait, on ne s’inquiète pas de voir se monter l’arnaque, puisque celle-ci se construit de manière assez classique, rappelant le récent Mademoiselle de Park Chan-wook, qui lui-même était une variation du classique La Servante (Kim Ki-Young, 1960). Il faut attendre, tout en profitant de cette mécanique délicieusement machiavélique, au moins une demi-heure avant que l’entreprise ne commence à se montrer suspecte. Autant dire que le public a largement le temps de s’attacher à ces personnages avant de s’inquiéter de leurs limites morales. Mais les choses continuent à s’aggraver peu à peu, et le suspense du film ne fait qu’augmenter, jusqu’à atteindre un niveau que l’on peut aisément qualifier d’horrifique.
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Tout le génie de Bong Joon-ho réside dans ce mélange de genres qu’il organise subtilement, là où beaucoup de réalisateurs auraient créé des points de ruptures brutaux (c’est notamment le cas de Jordan Peele, aux Etats-Unis). S’embarquer dans Parasite, c’est accepter de se perdre dans ses repères cinéphiliques et moraux. C’est accepter de s’amuser d’une comédie sociale, sans avoir peur d’assister en même temps à un thriller cruel et haletant, tout en ne l’ayant pas vu venir.
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C’est sans doute lorsque la violence sociale, qui apparaît au début comme le véritable antagoniste de cette banale histoire d’arnaque, devient violence physique que le film connaît sa première variation. Et pourtant, la violence semble alors comme une pièce du divertissement, presque jouissive. Le spectateur est déjà acquis à la cause des arnaqueurs. Plus tardif sera le moment où il va s’en apercevoir, plus le retour de bâton sera brutal. L’allégorie du train à plusieurs wagons a, en fait, laissé place à un jeu plus habile encore, qui nous confronte à un thriller social ultra violent et nous laisse face à nos réactions. Tout est malicieusement pensé pour nous faire douter de nos propres sentiments vis-à-vis de ces personnages : doit-on s’attacher à eux parce qu’ils ne font qu’essayer de sortir d’un carcan social ou doit-on les détester parce qu’ils laissent derrière eux des victimes ? La seule certitude, c’est qu’il ne faut pas compter sur Bong Joon-ho pour nous offrir un happy end moralisateur, afin de se donner bonne conscience.
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Lina-Estelle 19 juin 2019
Parasite - Bong Joon-ho - critique
Parasite est un très bon film dans ses qualités cinématographiques (la qualité des plans, la mise en scène, les dialogues, l’intrigue, les rebondissements, le jeu d’acteur). C’est un film maîtrisé, puissant et minutieux. Cependant, on observe un manque de justesse et d’honnêteté à travers plusieurs invraisemblances. En effet :
Après avoir tué le père de la famille Park, le père de la famille Ki-Taek se “volatilise” comme dit une journaliste dans le film et s’enferme dans ce bunker qui est “fréquent en Corée du Sud chez les familles riches pour échapper aux créanciers ou en cas d’attaque” (réplique du film). Par conséquent, pourquoi aucune personne a pensé à aller dans cet endroit si fréquent dans les maisons de maître ? Surtout après des scènes de meurtres et un avis de recherche. Invraisemblable.
Ils sont ivres morts et ils arrivent à nettoyer et à organiser leurs survies en moins de 8 minutes ? Invraisemblable. D’autant plus, que les détritus sont balancés sous le canapé, sous la table basse, il en reste à côté du tapis. Mais quelques scènes plus loin, quand le couple Parks dort sur le canap, de 1) ils ne se rendent pas compte du bordel rangé de 2) erreurs de raccord purement technique où le dessous de canapé ne comporte rien
Le manque de justesse de traduit aussi par l’absence d’informations sur les personnages principaux. Effectivement, ne pas avoir le point de vue ou juste la suite, les conséquences finales sur le fils de la famille Park est très étonnant. Comment peut-on ne pas écrire les conséquences de cet enfant voyant le fantôme de son traumatisme ressurgir ? Par ailleurs, plusieurs points réduisant la grandeur de ce film peuvent être développés tels que la vision marxiste (lutte des classes) stéréotypées, le manichéisme riche/pauvre s’appuyant sur la fable “des malins valets face aux maîtres naïfs”, aucune profondeur sur les motivations des personnages. Bong Joon-Ho dénonce l’ordre social fractionné sans l’analyser.
Parasite est un grand film en appui de ses multiples qualités cinématographiques. Cependant, il y a un manque cruel de justesse, d’honnêteté, de puissance de vérité (ce qui est ironique pour un film sur la lutte des classes donc politique et familiale) sous poudrée d’invraisemblances criantes et d’oublis volontaires de points de vues nécessaires.
ceciloule 23 juin 2019
Parasite - Bong Joon-ho - critique
Je suis entièrement d’accord avec votre critique. Ce mélange de genre est juste génial, le réalisateur nous fait aimer ses personnages, compatir, il nous les rend sympathiques, nous les fait connaître. Il a un véritable don de conteur d’histoire et c’est cette qualité ainsi que les nombreux traits d’humour, le côté caustique auxquels se mêlent la violence et le suspense qui nous font plonger la tête la première dans cette réalisation... Un coup de maître (plus d’infos ici : https://pamolico.wordpress.com/2019/06/23/une-comedie-sans-clowns-une-tragedie-sans-mechants-parasite-bong-joon-ho/)
DBouchaud 23 juin 2019
Parasite - Bong Joon-ho - critique
Je suis d’accord avec Line-Estelle. Parasite est un film brillant avec de belles qualités et une critique féroce de la société coréenne et du monde capitaliste contemporain. Les classes sociales dominants/dominés sont bien vues quoique assez stéréotypées mais l’ensemble reste long,un peu trop mélo et pas toujours très crédible. Dominig
sylvie 25 juin 2019
Parasite - Bong Joon-ho - critique
bonjour,
je suis allée voir le film "parasite" et très rapidement ce film m’a fait pensé à "la cérémonie" de Chabrol donc une grosse impression de déjà vu.
Bonner 23 décembre 2019
Parasite - Bong Joon-ho - critique
Quand on voit que ce film est adoubé par la critique après avoir reçu la Palme d’or à Cannes, on se dit que quelque chose ne tourne plus rond dans ce monde.
nani 27 janvier 2020
Parasite - Bong Joon-ho - critique
bof , je m’attendais à mieux , d’après maintes critiques élogieuses .
Il y a parait il des scènes drôles ? les personnages ne sont pas approfondis , c’est un peu lourd , et puis d’un seul coup on tombe dans le drame ou plutôt le carnage et bizarrement l’auteur de la tuerie est relâché.je ne comprend pas que ce film ait eu la palme d’or
Hope 5 mars 2021
Parasite - Bong Joon-ho - critique
Une apologie de la violence et du crime.