Take London

Il est clair que ce nouvel album était assez peu attendu. Après deux opus orientés big band jazz peu convaincants, le collectif signé chez Ninja Tune semblait un peu perdu dans les méandres de ses propres créations. Mais avec Take London, les Anglais créent à nouveau l’évenement en se recentrant sur ce qu’ils maîtrisent le mieux. Un mix de funk, de hip-hop et de soul servi par une production brillante et des compositions inspirées.

Dans la plus pure tradition hip-hop made in UK et à l’opposé de toutes les productions américaines du genre, le duo Jake Wherry et Ollie Teeba nous emmène pour un voyage étonnant aux sources du hip-hop. Développant un ensemble aux orchestrations complexes (notamment sur l’épique Sonofanuthamutha) et aux beats ciselés (8 Men strong), les deux siphonnés du bocal ont décidé de s’ouvrir encore un peu plus artistiquement. Il en ressort quatre perles, le nébuleux et cinématic Song for Mary, le hit dance floor Gadget funk, la collaboration avec l’inégalable Roots Manuva sur le sublime Lord lord et enfin l’improbable duo avec notre Katerine national. Le chanteur au flow si étrange rend hommage au génie du créateur de Melody Nelson. Un trip hypnotique répondant au doux nom de Serge.

Take London vient donc prendre légitimement le titre de meilleur album d’Herbaliser. Une ceinture de champion récupérée in extremis, au moment où nous les attendions le moins. Une belle surprise bourrée de références en tous genres et de métissages éblouissants. Arrivé directement des laboratoires Ninja, Take London prouve une fois de plus que la scène hip-hop anglaise est en pleine ébullition et que ses nombreux agitateurs n’ont pas fini de faire parler d’eux.