Le 3 mars 2006
Li-An, peux-tu te présenter ?
Li-An : Je m’appelle Li-An, je suis auteur et dessinateur de bande dessinée. Je réalise actuellement deux séries, Le Cycle de Tschaï aux éditions Delcourt, et Fantômes blancs, avec Appollo au scénario, chez Vents d’Ouest. Le Cycle de Tschaï est adapté par Jean-David Morvan d’un cycle de 4 romans de Jack Vance. 6 albums sur 8 sont publiés, et Fantômes Blancs ne comptera que deux albums.
Tu mènes donc de front deux séries. Comment passes-tu de l’une à l’autre ?
Li-An : C’est un peu complexe. La période la plus efficace pour moi, au niveau du travail, c’est l’après-midi. Donc je fais surtout du Tschaï et je passe aux fantômes blancs quand j’ai un peu de temps. Lorsque j’aurai fini le tome 7 de Tschaï, je passerai à plein temps sur Fantômes blancs. Puis je terminerai avec le tome 8 de Tschaï.
Lorsque tu auras fini ces deux séries, ce qui interviendra très bientôt, tu embrayeras sur d’autres projets ?
Li-An : Rien de défini encore. Probablement autre chose avec Appollo. JD Morvan m’a aussi proposé de faire autre chose ensemble. J’ai aussi des envies de BD en solo... j’ai encore un an et demi, deux ans pour monter les choses, réfléchir.
Es-tu un amateur de fantastique et de science-fiction ?
Li-An : Surtout de science-fiction, au niveau littéraire. Sur mon blog, je chronique pas mal de bouquins du genre. Je lis assez peu de SF en BD, car c’est très orienté Star Wars, et ce n’est pas trop ce qui m’intéresse dans le genre. Les romans sont plus complexes, plus intéressants. Ceci dit, j’ai découvert le genre avec Métal Hurlant dans les années 80, avec Moebius, Druillet, et je suis assez friand de ce genre de choses. Aux Etats-Unis, ils appellent la SF de divertissement la « Sci-Fi ». Je préfère la science-fiction qui appelle une réflexion philosophique, qui se base sur des fondements scientifiques véritables...
A ce niveau littéraire, quels sont te auteurs préférés, tes œuvres préférées ?
Li-An : J’étais fan de Vance, à une époque. Je lisais pas mal Dune, d’Herbert, les œuvres de Silverberg, Philip K. Dick, Theodore Sturgeon... dans les « néo-classiques », je citerai Hypérion, de Dan Simmons, le Cycle de la Culture, de Ian Banks, les bouquins de Vernor Vinge, les bouquins d’Alastair Reynolds, un anglais qui écrit des trucs énormes et passionnants. Mais j’ai arrêté de lire de la SF dans les années 1980, parce que ce qui sortait était de la SF intellectuelle, rébarbative à souhait. Il y a eu un « trou » à cette époque. Les grands anciens avaient arrêté d’en faire, il n’y avait plus de série populaire. Dan Simmons a un peu relancé la machine avec Hypérion. C’était le retour du space opera ambitieux, à la fois divertissant et offrant une véritable réflexion sur les enjeux de l’histoire... A partir de là, je m’y suis remis avec plaisir.
On va revenir aux deux séries que tu dessines. Il y a une vraie différence de style entre les deux. C’est voulu ?
Li-An : Totalement. Appollo déteste mon style « Tschaï », mais il se trouve que j’ai la chance, ou la malchance, d’avoir une palette graphique assez large. Une malchance, parce que les éditeurs, et les lecteurs s’y perdent un peu, et une chance parce que du coup, je peux faire des choses très différentes. La plupart de mes amis détestent Tschaï, ils trouvent mon style trop appliqué, trop « sage ». Avec Appollo, on essaye de développer un style plus « nouvelle BD française ». J’aime beaucoup le travail de Blutch, de Blain... J’ai repris des essais pour une histoire réalisée il y a longtemps pour Vents d’ouest, qui s’appelait 7 Histoires de Pirates, et je m’en suis inspiré. C’est un style avec des hachures, il est plus jeté, plus libre.
A propos de Tschaï, c’était toi le fan de Vance. Tu es donc allé chercher Morvan ?
Li-An : En fait, il était en vacances à la Réunion, chez moi, et en plaisantant un peu, je lui avais dit que j’aimerais bien l’adapter en BD. Jean-David lit très peu de science-fiction, mais il avait trouvé l’univers assez rigolo. Il faut savoir également que je suis fan de Moebius, qui lui-même est fan de Vance. Dans Major Fatal, il y a des références directes à l’univers de Vance. On avait essayé d’autres projets, avec Jean-David, mais ils ont tourné court. Entre-temps, j’avais publié Planète lointaine. Et ça me suffisait, pour gagner ma vie, vu que j’étais prof de maths à l’époque (un peu bizarre comme phrase). Morvan a été un peu vexé, il s’est souvenu de notre discussion sur Tschaï, et a proposé l’adaptation à Guy Delcourt lors d’un festival à Sierre. L’éditeur s’est montré intéressé, a vérifié que les droits n’étaient pas trop difficiles à acquérir. La voie était libre, et j’ai dû choisir. Depuis, je ne fais plus que de la BD à plein temps.
Si l’on regarde ta biographie, on se rend compte que tu as beaucoup voyagé : Madagascar, la Réunion, Tahiti... Ca se retrouve dans tes BD, qui se passent toujours sous d’autres latitudes, voire sur d’autres planètes.
Li-An : Oui, mais je suis un faux globe-trotter. Je suis fils de militaire. C’est mon père qui a beaucoup bougé, et j’ai suivi. Je ne suis pas comme Emmanuel Lepage, prêt à partir à l’aventure avec mon sac à dos... Mais j’ai eu la chance de vivre dans des endroits intéressants. D’ailleurs ma mère est une chinoise de Tahiti. Benoît Cousin, qui bossait chez j’ai lu SF, m’avait fait faire un commentaire pour un catalogue. Je devais expliquer pourquoi j’aimais bien le Cycle de Tschaï. J’ai expliqué que dans l’œuvre de Vance, ce sont des héros solitaires qui débarquent sur une planète inconnue, et que ça me parlait, vu que j’avais vécu ça durant mon enfance et mon adolescence. Je découvrais de nouveaux gens, une culture différente... Chez Vance, le regard est extérieur. Dans Fantômes blancs, Appollo a mis pas mal de Réunion, et il savait que je pourrais intégrer cet élément sans trop de difficultés.
Li-An, merci
N’oubliez pas de visiter le blog de Li-An : http://li.an.free.fr
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