Le 5 novembre 2019
- Réalisateur : Marie-Ange Gorbanevsky
- Date de sortie : 13 novembre 2019
Pour la sortie de son premier long-métrage au cinéma L’âme du vin, Marie-Ange Gorbanevsky a accepté de rencontrer l’équipe d’AVAL en tout simplicité.
Pouvez-vous nous décrire votre parcours de réalisatrice, a fortiori de documentariste ?
Marie-Ange Gorbanevsky : Après des études d’Histoire de l’Art et d’audiovisuel, je ne me sentais pas prête pour un film de fiction, j’avais besoin de me confronter autrement à la mise en scène et au cinéma. Avec le documentaire, je voulais capter la beauté, la poésie de la mise en scène de la vie. Je suis attirée par des mondes un peu à part, à contre-courant, hors du temps. J’aime découvrir des univers que je ne connais pas pour les partager avec le public. On peut dire que mes films sont impressionnistes, ils sont faits d’impression, de sensation, d’écoute et de regard. L’âme du vin est mon cinquième film, le premier qui sortira au cinéma.
Comment vous est venue l’idée d’un pareil sujet ? Avez-vous des attaches en Bourgogne, et particulièrement dans le milieu des vignobles ?
MAG : Je me suis souvent posée la question :c’est quoi un grand vin ?. J’aime le cinéma, la poésie, la littérature, la peinture et la musique... mais la notion de grand vin restait un mystère. J’ai lu des livres sur l’histoire du vin en général. En Bourgogne, il y a un rapport à la terre, à la vigne et au vin qui m’a beaucoup touchée. Et les vins de Bourgogne ont un lien avec l’art médiéval que j’aime tant. Ces grands vins datent du Moyen Âge… J’avais toutes les raisons d’aller là-bas.
Cela est d’autant plus important que vous montrez un travail sur la terre qui a conservé les traditions de nos ancêtres avec notamment le travail de labour à cheval.
MAG : Notre monde n’est pas né d’hier, on l’oublie parfois. En filmant ce travail, j’avais l’impression de rendre aussi hommage à toutes ces générations d’hommes et de femmes qui, au fil des siècles, on cultivé la vigne. Le laboureur et son cheval travaillent en total harmonie avec la terre, la vigne, l’air, les éléments, tous sont sur le même tempo, comme un orchestre de musique. La caméra devait capter ce tempo, ce beau moment d’harmonie. Parfois j’avais l’impression d’être devant une enluminure médiévale, vous savez ces peintures qu’on a dans les livres du Moyen Âge : certaines représentent les gens qui travaillent la terre, la vigne, le blé, une belle humanité s’en dégage… Pourtant, j’ai filmé tout ça en 2018. Le passé et le présent se confondent… ce travail a quelque chose d’intemporel.
Votre regard va au-delà de la seule question de conservation d’un patrimoine français. Il est inspiré par une forme de grande spiritualité et surtout par beaucoup de poésie. Comment êtes-vous parvenue à capter chez vos personnages ces instants de sacralité ?
MAG : Quand j’entends conservation d’un patrimoine français, j’imagine quelque chose de très ennuyeux ! Tout ce que j’ai filmé est très vivant, beau et vivant. Je dirais plutôt qu’il s’agit d’un patrimoine de l’humanité, c’est beaucoup plus fort. D’ailleurs, ces vignobles, ces climats de Bourgogne sont inscrits au Patrimoine de l’Unesco depuis 2015. La poésie et la dimension spirituelle dont vous parlez existent bel et bien, je n’ai fait que les révéler dans le film. Je ne suis pas poète, c’est la vie que je filme qui est pleine de poésie et de spiritualité. Je ne suis qu’un petit passeur et ceux que j’ai filmés - la nature y compris - m’ont aidée à transmettre tout cela. Le film ne s’intitule pas L’âme du vin par hasard, j’ai beaucoup hésité avant de choisir ce titre. Baudelaire a fait chanter l’âme du vin dans un poème et moi, en toute modestie, je lui ai consacré un film. Le cinéma est un art puissant, capable d’exprimer l’invisible, l’impalpable. Lorsque j’ai parlé pour la première fois à Jacques Puisais - ce scientifique et œnologue extraordinaire qui fait parler le vin dans le film - il m’a dit : "vous savez, le problème pour faire un film, c’est qu’avec le vin, l’essentiel est invisible". Je lui ai répondu : "ça tombe bien, j’aime filmer l’invisible." Le reste a été une question de temps, d’écoute, d’attention, et de belles rencontres.
Vous faîtes preuve d’une immense générosité dans cet effort de cinéma dans votre façon de saisir les regards et les paysages.
MAG : Je pense sans cesse au public pendant toute la préparation, le tournage, le montage… Je me suis posée un tas de questions, j’ai fait des choix difficiles pour qu’au final, tout devienne limpide et évident pour lui, s’il veut bien prendre la peine de se laisser aller à regarder et à écouter. Je réalise un film comme certains préparent un repas pour leurs amis, avec générosité et amour… Mais rien n’aurait été possible sans la générosité de ceux que nous avons filmés. Tous les vignerons, les sommeliers, les gens qui travaillent dans la vigne me faisaient confiance, nous avions appris à nous connaitre, j’ai passé beaucoup de temps auprès d’eux avant de les filmer. On n’offre pas ces moments-là à quelqu’un qu’on ne connaît pas. La nature aussi a parfois été accueillante et généreuse, parfois pas. J’ai passé beaucoup de temps avec elle, je l’ai regardée longuement, il fallait être là au bon moment, filmer l’instant, la lumière, la pluie, le brouillard … La nature est un personnage à part entière dans ce film.
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