Le 12 octobre 2021
- Réalisateur : Hiroshi Inagaki
- Acteurs : Mariko Okada, Toshirō Mifune, Kaoru Yachigusa, Kōji Tsuruta
- Titre original : 宮本武蔵 / 続宮本武蔵 一乗寺の決闘 / 宮本武蔵完結編 決闘巌流島
- Distributeur : Carlotta Films
- Nationalité : Japonais
- Date de sortie : 4 août 1993
- Durée : 302 mn. (1h34 / 1h43 / 1h45)
- Titre original : 宮本武蔵 / 続宮本武蔵 一乗寺の決闘 / 宮本武蔵完結編 決闘巌流島
- Reprise: 4 août 2021
La trilogie Musashi d’Hiroshi Inagaki est un chanbara à grand spectacle et à la facture classique, qui s’est imposé, bien que moins virtuose que d’autres films de sabre, comme une référence en ce qu’il opère une synthèse du genre.
Années de production : 1954-56
Résumé : Réalisé par le cinéaste Hiroshi Inagaki et interprété par l’acteur vedette Toshiro Mifune, "Musashi" est une trilogie adaptée des célèbres romans de Eiji Yoshikawa "La Pierre et le sabre" et "La Parfaite lumière". Grande épopée qui s’inspire de la vie tumultueuse du samouraï et philosophe japonais Musashi Miyamoto et composée des films "La Légende de Musashi" (1954), "Duel à Ichijoji" (1955) et "La Voie de la lumière" (1956), Musashi demeure l’un des fleurons du cinéma d’aventure des grands studios nippons.
Critique : Réalisateur reconnu au Japon, Hiroshi Inagaki est quasiment ignoré en France, malgré le Lion d’or qu’il a reçu en 1958 au Festival de Venise pour le remake de son propre Homme au pousse-pousse, et son Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1956 pour le premier volet de cette trilogie, rebaptisée pour l’occasion Samourai.
- Copyright : Toho Co.
Un peu comme Cyrano de Bergerac, dont il fut le contemporain et auquel Inagaki et Mifune ont également consacré un film, Musashi fut à la fois bretteur et auteur – de cinq traités de kenjutsu, dont le plus célèbre est le Gorin-no-sho (五輪書) traditionnellement connu comme l’Écrit sur les cinq éléments ou Livre des cinq roues. Et comme lui, il est aujourd’hui tout autant un personnage historique que de fiction, depuis qu’Eiji Yoshiwaka en a fait un personnage de légende dans un roman-feuilleton, réunissant 1400 pages en sept livres et paru dans les années 30.
C’est pourquoi sa vie tumultueuse est considérée comme exemplaire par Jun’ichirō Tanizaki, et a été portée à l’écran dans plus de soixante longs-métrages, notamment par Kenji Mizoguchi en 1944, ainsi que par Tomu Uchida dans une hexalogie sortie entre 1961 et 1971, mais aussi une première fois par Inagaki dans une trilogie réalisée dans les années 40 .
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Dans ce second triptyque inspiré du roman de Yoshikawa, il est incarné par le ténébreux Toshirō Mifune, kendoka émérite, avec lequel Inagaki tourna, au total, pas moins d’une vingtaine de films. Les deux hommes lui donnent, suivant les époques de la vie du personnage, autant de fougue et de rage que de prestance et d’élégance : ils le font combattre, sabres au clair, dans des hautes herbes balayées par le vent, devant un temple abandonné ou dans la boue d’une rizière, et crier sa rage face à des chutes d’eau.
Les femmes se battent bien entendu pour son amour, parmi lesquelles Otsū, une belle orpheline qui l’aime au point de l’attendre sur un pont durant trois années, et Akemi (interprétée par Mariko Okada, comédienne chez Ozu et épouse du cinéaste Kijū Yoshida), une courtisane qui espère qu’il viendra la sauver de sa turpitude : mais Musashi a avant tout à cœur de se perfectionner dans le maniement du sabre.
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Souvent considéré comme un artisan prolifique mais impersonnel, Hiroshi Inagaki réalise avec ce triptyque une fresque qui mélange les genres et dans laquelle il manie l’art de l’allusion et l’ellipse, alliant la sophistication à la simplicité. Même si le scénario manque parfois de finesse psychologique et si la mise en scène aurait pu être plus audacieuse, force est de reconnaître le souci de décrire, au-delà de la geste de samouraïs, la vie quotidienne du peuple ainsi que le travail sur les détails historiques, et surtout les costumes.
Car, alors que la Tōhō produisait la même année Les Sept samouraïs en noir et blanc, Musashi fut l’un des premiers films japonais à bénéficier de la couleur, permettant à Inagaki de donner une ampleur très hollywoodienne aux superbes scènes de duels et de batailles du film (la plus dantesque opposant notre héros à l’ensemble du clan Yoshioka, c’est-à-dire pas moins de quatre-vingt adversaires).
De même, les décors peints et les effets visuels qui ont été réalisés par l’équipe d’Eiji Tsubaraya également responsable de ceux-ci Godzilla et qui paraissent dessinés à la main, nous donnent le sentiment de lire un livre d’estampes, tandis que le film nous fait voyager dans les paysages emblématiques du Japon.
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En trois films de guerre, d’amour et de mort qui retracent douze ans de la vie de Musashi, Hiroshi Inagaki raconte un parcours initiatique étrangement parallèle à celui du Japon au lendemain de la Seconde guerre mondiale : il nous fait ainsi découvrir comment un chien fou, abandonné lors de la défaite de son clan face aux Tokugawa, devient, sous l’égide de Takuan Sōhō, un moine bouddhiste rigolard et farceur, qui lui apprend à contenir sa colère, un combattant redoutable, maître de sa technique et invincible en duel.
La deuxième partie raconte, ensuite, comment incertain de ses qualités humaines, il décide de cheminer autant sur la voie du sabre, le bushidō, que sur celle de la sagesse et de la compassion. Le dernier volet, La Voie de la lumière, le conduira ainsi à son ultime combat, superbement chorégraphié sous la clarté rougeoyante d’un très symbolique soleil levant et qui l’opposera à Sasaki Kojirō, nouveau maître d’armes des Tokugawa et autre samouraï historique auquel Hiroshi Inagaki avait déjà consacré une trilogie où Toshiro Mifune interprétait Musashi.
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Le test du DVD/Blu-ray
Tournée de 1954 à 1955, cette trilogie est sortie une première fois sur les écrans hexagonaux en 1993, mais n’avait pas encore eu les honneurs d’une sortie en vidéo en France. Ce manque est comblé grâce à Carlotta Films, qui nous propose, en outre, la première édition en Blu-ray.
Image :
Malgré quelques accidents ponctuels qui n’ont pas pu être enlevés, la restauration redonne aux couleurs Eastmancolor le charme suranné des années 50.
Son :
Seules des versions originales sont disponibles, mais elles ont été expurgées de tout parasitage.
Suppléments :
Le coffret réunit, outre les bandes-annonces originales et une nouvelle de La Voie de la lumière, deux présentations, une sur le mythe et une sur la trilogie, aussi érudites qu’accessibles, ainsi qu’une interview du fils du réalisateur, Yogo Inagaki.
L’Avant-Scène Cinéma a consacré au premier volet de la trilogie, "La Légende de Musashi" son numéro de septembre 2021, qui contient un découpage complet du film accompagné de la retranscription des dialogues français.
Galerie Photos
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