Le 25 avril 2024

- Réalisateur : Laurent Cantet
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Révélé avec Ressources humaines et Palme d’or à Cannes pour Entre les murs, Laurent Cantet était l’un des meilleurs cinéastes de sa génération, engagé dans le sens le plus noble d’une terme, et d’une grande exigence artistique.
News : Réalisateur, scénariste et directeur de la photographie, Laurent Cantet a été formé à l’IDHEC après des études d’audiovisuel à l’université de Marseille. Il réalise des courts métrages puis se fait remarquer avec le drame social Ressources humaines (2000). Ce premier long magistral relate le malaise d’un étudiant d’école de commerce qui effectue un stage dans l’entreprise où est embauché son père ouvrier, au moment où s’organise l’application de la loi sur les trente-cinq heures, et alors même qu’un plan de licenciement est prévu. L’œuvre, « charge sans concession contre l’ultra-libéralisme » (Sébastien Schreurs), est notamment récompensée par deux César : meilleur premier film et meilleur espoir masculin pour Jalil Lespert. Le cinéaste enchaîne avec L’emploi du temps (2001), coécrit avec Robin Campillo, et inspiré de l’affaire Romand. C’est une autre réussite, portée notamment par l’interprétation d’Aurélien Recoing. Les deux coscénaristes collaborent à nouveau avec Vers le Sud (2005) qui traite du tourisme sexuel et du désir féminin, mais peine à toucher le public, malgré une presse positive et le jeu nuancé de Charlotte Rampling.
Adaptant le roman éponyme de François Bégaudeau, Laurent Cantet réalise ensuite son film le plus célèbre, Entre les murs. Ce récit de la relation entre un enseignant et ses élèves d’un collège sensible frappe par son écriture rude et son style semi-documentaire, qui séduisent Sean Penn et son Jury du Festival de Cannes 2006 où il obtient la Palme d’or. Selon Jérémy Gallet, « le film de Cantet est (...) ce qu’on a fait de mieux, non pas sur l’école, mais à partir de l’école ». Après ce coup d’éclat, Foxfire (2012) peine à convaincre, mais le réalisateur participe la même année à l’intéressant film collectif 7 jours à la Havane. Il reste inspiré avec Retour à Ithaque (2014), où il « filme avec finesse un règlement de comptes entre amis, cruel et nostalgique » (François Bonini) ; et surtout L’atelier (2017), « portrait radical et subtil d’une génération perdue » (Claudine Levanneur). Son dernier long métrage est le sous-estimé Arthur Rambo, « film coup de poing qui, en à peine une heure et demie, dresse le portrait d’une France fracturée, rongée par la folie des réseaux sociaux » (Laurent Cambon).
Laurent Cantet est décédé le 25 avril 2024 à l’âge de 63 ans.