Le 1er octobre 2018

- Acteur : Charles Aznavour
- Chanteur : Charles Aznavour
- Voir le dossier : Nécrologie
Ce grand nom de la chanson française était aussi un acteur subtil qui a pu assoir son autorité dans plusieurs réussites du cinéma.
Tout a été dit sur cette légende de la chanson française, inoubliable interprète de La Bohème ou Comme ils disent. Il ne faudrait pas pour autant oublier que Charles Aznavour, né en 1924, fut aussi un visage familier du cinéma français pendant plusieurs décennies, même si l’on peut regretter qu’il n’ait pas davantage été sollicité par les producteurs et réalisateurs. C’est François Truffaut qui lui confia son premier et meilleur grand rôle, celui du musicien Charlie Kohler dans Tirez sur le pianiste (1960). Adapté d’un polar de David Goodis, ce film policier décalé est vite devenu emblématique de la Nouvelle Vague, révélant un Aznavour goguenard et subtil, dont le naturel et l’autorité s’accordaient à merveille à l’univers du métrage. Un an plus tard, l’acteur-chanteur changeait de registre et partageait l’affiche avec Lino Ventura dans le film de guerre Un taxi pour Tobrouk de Denys de La Patellière, d’une facture plus classique, mais dont l’esprit antimilitariste était jubilatoire. Charles Aznavour se partagea ensuite entre la pure comédie loufoque (Les Vierges de Jean-Pierre Mocky, 1963), la romance (le méconnu Paris au mois d’août de Pierre Granier-Deferre, 1966) ou le drame criminel (Le Temps des loups de Sergio Gobbi, 1970), sans négliger les productions internationales à la décennie suivante : plus que sa participation au médiocre Dix petits nègres (1974) de Peter Collinson, on retiendra sa composition de marchand de jouets juif persécuté par les nazis dans Le Tambour (1979) de Volker Schlöndorff. En 1982, Claude Chabrol dirigea un Aznavour sombre dans Les Fantômes du chapelier, d’après Georges Simenon, dans lequel le comédien formait un inquiétant duo avec Michel Serrault. D’autres cinéastes utilisèrent son talent, tels Moshé Misrahi, Christian de Chalonge ou Atom Egoyan, dont Ararat (2002) relatait le génocide arménien, un thème cher à l’acteur-chanteur devenu l’un des plus ardents porte-drapeaux de la diaspora arménienne. Charles Aznavour reçut un César d’honneur en 1997 et un Molière d’honneur en 1999. Il venait de tourner Une revanche à prendre de Kader Ayd et se montrait toujours actif en tant que chanteur et compositeur.