En rouge et noir
Le 28 juin 2017
Adaptation sans surprise du best-seller de Stieg Larsson. Un thriller correct pour les non-initiés, quasiment une simple redite pour les lecteurs de la saga.
- Réalisateur : Niels Arden Oplev
- Acteurs : Michael Nyqvist, Noomi Rapace, Sven-Bertil Taube
- Genre : Thriller
- Nationalité : Suédois, Danois
- Durée : 2h30mn
- Titre original : Män som hatar kvinnor
- Date de sortie : 13 mai 2009
- Voir le dossier : La saga Millénium
- Plus d'informations : Le site officiel du film
L’argument : Mikael Blomkvist est journaliste économique dans le magazine Millenium. Condamné pour diffamation, il décide de prendre de la distance avec sa vie et son métier. Mais Henrik Vanger, grande figure de l’industrie suédoise, fait appel à lui afin d’enquêter sur un meurtre non élucidé, celui d’Harriet Vanger, nièce du grand homme et disparue à l’âge de seize ans. Au cours de ses recherches, Blomkvist se rend compte que La famille Vanger semble cacher bien des haines et des secrets. Dans le cadre de son enquête, le journaliste est amené à rencontrer Lisbeth Salander. La jeune femme de vingt-quatre ans possède un don exceptionnel, celui de découvrir des informations introuvables. Tous deux vont être amenés à se croiser dans une enquête qui va révéler beaucoup plus que ce que chacun aurait pu imaginer...
Notre avis : Mystérieuse disparition, haines familiales, viols et meurtres accompagnés de torture : ce n’est pas la noirceur qui manque à Millénium. Le film reprend là les grands traits sombres du best-seller de Stieg Larsson, oscillant constamment entre horreur et simple angoisse, pour maintenir son public dans les fils d’une trame aux ressorts passablement compliqués. Plutôt fidèle au roman, hormis sur quelques points de détail, l’adaptation cinématographique semble pourtant perdre ce qui en faisait la saveur particulière. Obnubilé par la nécessité de caser en un peu plus de deux heures toutes les étapes narratives décisives d’une enquête de 550 pages, Millénium restitue certes avec succès le jeu de Cluedo de ses héros au sein de la ténébreuse famille Vanger, mais manque du même coup les nuances de l’écriture de Larsson. Si le cinéaste a conservé quelques traits d’humour, la dimension sociale et politique explicitement exprimée par le romancier - qui était lui-même fortement impliqué dans des activités de vigilance face au racisme, au fascisme et au sexisme - est quasiment absente. Tandis que la version papier suscitait un malaise par l’irruption, en début de chapitre, de statistiques froides et morbides (“En Suède, 13% des femmes ont été victimes de violences sexuelles aggravées en dehors d’une relation sexuelle”), le film semble considérer cet aspect comme superflu, sorte de cerise militante sur le gâteau policier, dont on obtient un aperçu au travers de quelques scènes difficiles, mais aussi lourdement démonstratives.
- Copyright UGC Distribution
Millénium s’apprécie ainsi différemment, selon ses publics. Pour ceux qui n’ont pas encore pénétré l’univers nordique et macabre de Larsson, le film se présente comme un assez bon thriller classique, mené sans trop de surprise, mais avec cohérence et ténacité, vers son dénouement final. Seul le dernier quart d’heure, une fois l’enquête principale aboutie, prend des airs de grande braderie aux résolutions des intrigues secondaires, et fait ressortir au bout de plus de deux heures de film un essoufflement inévitable. En revanche, pour les lecteurs de la saga Millénium, le film, en se dépouillant des liens extraordinairement complexes tissés par le romancier entre ses personnages (les rôles secondaires, notamment féminins, sont pratiquement oblitérés au profit de la relation certes centrale entre Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander), n’offre que la matérialisation sans audace sur l’écran de ce que l’on pouvait imaginer sur le papier. On regrette la simplification psychologique, mais aussi l’effacement de toute idée un peu novatrice de mise en scène (pour ne pas masquer l’histoire ?), à l’exception d’une poignée de beaux effets - les photographies d’Harriet, les extérieurs de nuit... -. Millénium rejoint malheureusement la galerie des adaptations de succès phénoménaux contraintes de se retrouver sur la sellette : oser s’écarter de la vision personnelle du lecteur - au risque de trahir le livre et de décevoir les fans -, ou tenter à gros traits une décalcomanie pimentée de rares trouvailles cinématographiques. Millénium a fait son choix.
– MILLENIUM 2, LA CRITIQUE ICI
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roger w 28 mai 2009
Millénium - La critique
Certes, la réalisation n’est pas toujours au top (sans être désastreuse non plus), mais ce qui marque ce long métrage, c’est sa capacité à nous embarquer dans une histoire complexe et passionnante durant deux heures et demi, sans que jamais aucune lassitude ne se manifeste. Bien joué - étonnante interprète de Lisbet - et efficace, voilà une adaptation réussie. A voir.