Retour en encéphalogramme plat
Le 26 novembre 2017
L’idée de faire revenir des morts L’expérience Interdite n’aurait eu de sens qu’en proposant quelque chose de nouveau ou de plus poussé. Au lieu de ça, il ne s’agit que d’un énième remake insipide, plus ringard que son original vintage.
- Réalisateur : Niels Arden Oplev
- Acteurs : Diego Luna, Ellen Page, Nina Dobrev, James Norton, Kiersey Clemons, Kiersey
- Genre : Science-fiction, Fantastique, Remake
- Distributeur : Sony Pictures Releasing France
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 2 mai 2022 20:55
- Chaîne : RTL9
- Box-office : 300.528 entrées France / 63.844 entrées Paris Périphérie / 16,883,115$ (recettes USA)
- Titre original : Fatliners
- Date de sortie : 22 novembre 2017
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Résumé : Pour découvrir ce qui se passe après la mort, cinq étudiants en médecine se lancent dans une expérience aussi audacieuse que dangereuse. Sur eux-mêmes, volontairement, ils provoquent des arrêts cardiaques pendant de courtes périodes afin de vivre des expériences de mort imminente. En poussant le processus de plus en plus loin, ils vont devoir affronter non seulement leur part d’ombre et leur passé, mais plus effrayant encore, les phénomènes paranormaux liés au fait qu’ils sont revenus de l’au-delà…
Critique : En 1990, Joel Shumacher, bien que déjà cinquantenaire, signa un long-métrage qui avait tout pour devenir un film générationnel, voire même un porte-étendard de son époque en pleine transition culturelle... Pari réussi, le film, sorti quelques mois après le triomphe de Pretty Woman qui révélait Julia Roberts, cartonne aux USA, et même en France où il obtient près d’1.500.000 entrées.
Un quart de siècle passa, et les pontes de la Columbia décidèrent de ressusciter cette histoire de voyage dans l’après-vie que la nouvelle génération de cinéphiles ne connaissaient guère. Schumacher est devenu has been et ses films ont quelque peu été délaissés de la mémoire collective.
Les clefs de ce remake furent remises à Niels Arden Oplev, connu pour son travail sur les adaptations sur grands et petits écrans de Millenium et donc les ambiances malsaines qu’il y avait mis en scène. D’ambiances malsaines, L’expérience interdite, premier du nom, n’était fait que de ça, et leur modernisation était un défi intéressant sur le papier... sauf qu’en 2017, la notion de « malsain » a été radicalement expurgée du cinéma hollywoodien : l’heure est au consensuel sur le fond et à l’édulcoré sur la forme. En cela, ce remake est plus encore symptomatique de son époque que ne le fut l’original, mais s’en retrouve bien plus négligeable encore.
- Copyright 2017 Sony Pictures Releasing
La plongée dans les cauchemars des personnages qui, en 1991, traumatisa les spectateurs non avertis (le film était d’ailleurs interdit aux moins de treize ans), se retrouve remplacée par des jump scares crétinoïdes qui ne cherchent qu’à amuser les gamins qui se surprendraient à en sursauter. Quant à l’héritage de la direction artistique désenchantée et poisseuse, pour ne pas dire punk, et l’allégorie aux drogues dures, propres à la fin des années 80, elle n’est plus qu’un petit univers tout-beau-tout-chaud, où les jeunes médecins embourgeoisés font constamment la fête de façon insouciante. Le casting, fait de belles gueules et piloté par le besoin de respecter l’équilibre hommes/femmes (on a ici trois filles pour deux mecs contre une seule en 1991) et autres quotas ethniques, est une marque de plus du manque d’audace de cette production insipide. Inutile de citer un par un les acteurs présents, tant ils sont interchangeables dans le manque de charisme et leurs rôles sans profondeur. A peine peut-on citer Ellen Page, tant elle est la seule qui ait déjà vraiment fait ses preuves, mais qui peine, du haut de ses trente ans, à sortir de son image de midinette « young adult » qui lui colle à la peau.
- Copyright 2017 Sony Pictures Releasing
Tout le film est là, dans son manque de maturité et son incapacité à offrir quelque chose de neuf, en termes d’horreur ou d’exploration de l’au-delà... ah oui, tiens, on en était arrivé à oublier cette dimension, tant le réalisateur l’a littéralement fait passer à la trappe ! A force de se répéter, à la façon d’un slasher de série B où les meurtres auraient cédé leur place à des scènes d’hallucinations post-mortem grotesques, l’idée très grave d’imaginer le sort des âmes passées à trépas s’en retrouve réduite à une mauvaise blague. Ces moments auraient pourtant su se montrer aussi angoissants que ceux de 1991 si les visions des « expérimentateurs » avaient su s’accorder à leurs traumatismes personnels et à leur caractère universel. Encore aurait-il fallu pour cela que les personnages soient un minimum creusés, mais ni la mise en scène ni le scénario n’ont cure du potentiel horrifique de ce postulat. Seule la morale sur le fait d’assumer ses erreurs semble avoir été ramenée des tréfonds du cinéma de genre. On avait prévenu : Nous en sommes en 2017, l’heure est au politiquement correct.
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