Un sommet du film choral
Le 6 juillet 2024
La destinée de neuf personnages qui s’entrecroisent au gré des hasards. Un film culte de Paul Thomas Anderson.
- Réalisateur : Paul Thomas Anderson
- Acteurs : Tom Cruise, Philip Seymour Hoffman, Julianne Moore, William H. Macy, John C. Reilly, Alfred Molina, Jason Robards, Luis Guzmán, Philip Baker Hall, Melinda Dillon
- Genre : Drame, Film choral, Film culte
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Editeur vidéo : Metropolitan Video
- Durée : 3h00mn
- Date de sortie : 1er mars 2000
- Festival : Festival de Berlin 2000
Résumé : Earl Partridge, âgé et malade, va bientôt mourir. Il demande à son fidèle infirmier de retrouver le fils qu’il a jadis abandonné. Sa jeune épouse, qui convoitait sa fortune, devrait se réjouir mais n’y parvient pas. Frank Mackey, jeune gourou cathodique de la séduction masculine, s’est construit un passé et une vie. Mais combien de temps le masque peut-il résister ? Toutes ces vies s’entrecroisent le temps d’une journée comme les autres sous le soleil de la Californie.
Critique : Après Boogie Nights, Paul Thomas Anderson confirma les espoirs placés en lui avec cette œuvre brillante, l’un des sommets de ce qu’il est désormais convenu d’appeler le « film choral ». Le genre, inauguré par Robert Altman, avec Nashville, The Player et Short cuts, trouva dans les années 2000 une effervescence créatrice avec des films aussi divers que Babel ou Collision. La convention du genre consiste à narrer les déboires d’une dizaine ou quinzaine de personnages principaux dont les destinées se croisent parfois au gré des hasards, tout en s’efforçant de croquer une satire corrosive de la société américaine.
- Copyright Metropolitan FilmExport
Magnolia illustre avec bonheur ces aspects et respecte une unité de temps (plus que de lieu) propice à faire monter la tension dramatique. Passé un prologue brillant et drôle mais un peu vain, qui pourrait nous faire croire à une anticipation américaine d’Amélie Poulain, le cinéaste mène de main de maître une narration qui voit se déployer une galerie de névrosés et frustrés en tous genres, mais aussi toute une gamme de faux-semblants. Les malades incurables s’avèrent des pères indignes, qu’ils incarnent la réussite sociale (Jason Robards) ou médiatique (Philip Baker Hall). Le gourou machiste et arrogant (Tom Cruise) révèle ses fêlures devant une journaliste incisive (April Grace). L’épouse infidèle (Julianne Moore) est follement amoureuse de son vieux mari. Le petit singe savant (Jeremy Blackman) se révolte devant les caméras de la télévision, et poursuivra sans doute une existence aussi pitoyable que celle de Donny (William H. Macy), l’ex-enfant prodige des jeux du petit écran.
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La caméra virtuose de Paul Thomas Anderson passe de l’un à l’autre avec une élégance qui ne dévie jamais vers l’esbroufe, bien aidée par la musique de Jon Brion qui apporte au récit un rythme et une harmonie particulière. Le récit culmine dans l’émotion avec la romance minimaliste du policier intègre (John C. Reilly) et de la junkie dépressive (Melora Walters), la chanson "Save Me" liée à leur séquence étant reprise par d’autres protagonistes, donnant un ton de (tragi)-comédie musicale que n’auraient pas désavoué, en France, Jacques Demy ou Paul Vecchiali. Mais d’un suicide manqué qui se termine en meurtre à un déluge digne du théâtre de Ionesco, Magnolia regorge de surprises et de morceaux de bravoure qui préfigurent les chefs-d’œuvre à venir du cinéaste, dont l’éblouissant There Will Be Blood.
– Golden Globes 2000 : Meilleur acteur dans un second rôle pour Tom Cruise
– Festival de Berlin 2000 : Ours d’argent et Prix du Jury pour Paul Thomas Anderson
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birulune 12 juin 2018
Magnolia - Paul Thomas Anderson - critique
Le film m’avait retourné. Tom Cruise a mérité son oscar (il l’a eu, non ?). Un film sur le pardon. Pardonner à soi-même ou aux autres, et ce fichu thème récurrent du père démissionnaire (ou pire encore, voire criminel) dans les films d’Anderson. Phillip Seymour Hoffman apparaît pour un mini-rôle et il est aussi larmoyant que les autres. Tout émeut dans ce film. Peut être trop. D’où sa longueur. Rien ne nous est épargné. L’homo refoulé veut un appareil dentaire, le bon flic trop lisse cherche l’amour, la junkie se prostitue mais cherche finalement l’image d’un père rassurant, le gourou mégalo miso essayait d’égaler son père en ce qui concerne la cruauté et l’objétisation des femmes, et le burn out général cathartique n’épargne pas nos têtes blondes, le gamin du jeu télé et son petit soliloque sur les "enfants mignons-mignons" est croquignolesque,faut dire qu’aucun personnage est posé dans une situation normale, tous doivent affronter une scène particulièrement gênante et la caméra du réalisateur semble s’attarder uniquement sur ces moments précis de gêne absolue (se pisser dessus en public, se faire emmerder par un pharmacien zélé quand on va chercher sa dose, être en train de mourir et le monde continue, et toute la panoplie des mauvais choix que l’on fait pour compenser la honte, les solitudes diverses et le passé qui rattrape toujours celui qui veut oublier)