Une date dans votre cinéphilie
Le 21 février 2021
Après No Country for Old Men des frères Coen, le cinéma américain nous offre un second chef-d’œuvre absolu pour 2008 avec There Will Be Blood, long métrage terrassant et sublime de Paul Thomas Anderson.
- Réalisateur : Paul Thomas Anderson
- Acteurs : Daniel Day-Lewis, Ciarán Hinds, Russell Harvard, Kevin J. O’Connor, Paul Dano
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Distributeur : The Walt Disney Studios Motion Pictures France
- Durée : 2h38mn
- Date télé : 24 juin 2023 20:50
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Date de sortie : 27 février 2008
Résumé : Une histoire de famille, de religion et de pétrole. Daniel Plainview, un prospecteur, achète les droits d’exploitation des puits de pétrole d’une famille vivant dans un ranch au Texas. Mais bien vite le prospecteur se rend compte que le pétrole va remettre en question le rêve américain...
Critique : Après avoir rendu un hommage explicite à Scorsese (Boogie Nights), bouleversé les codes de la chronique polyphonique (Magnolia) et réalisé une fantaisie mélancolique touchée par la grâce (Punch-Drunk Love), Paul Thomas Anderson peut ajouter une nouvelle pierre à son édifice filmique : There Will Be Blood, son œuvre la plus fiévreuse et la plus inclassable. En surface, une adaptation du roman Oil, de Upton Sinclar qui raconte comment un ouvrier pauvre devient magnat du pétrole en partant de rien (Daniel Day Lewis, immense en loup prédateur dans un monde d’agneaux). En substance, à travers cet itinéraire de Rockefeller, se construisent des lignes de fuite : une réflexion sur la fascination américaine de l’Ouest et un combat tendu entre le bien et le mal où s’adossent foi altruiste et capitalisme cynique, général et particulier, horizon individuel et perspective collective. Passée une introduction magistrale où le cinéaste use d’un art consommé de l’ellipse, convoque des violons déglingués et laisse parler la puissance de ses images, le film révèle sa densité à travers une intrigue complexe contenant tous les sujets chers au cinéaste (relation père/fils, importance de l’évangélisation). Programme lourd sur le papier. Programme hallucinant de fluidité et admirable de cohérence à l’écran où quasiment chaque plan est porteur d’une idée de cinéma.
Comme dans tous les grands films américains, la richesse thématique est indissociable de la maîtrise formelle. Ainsi, la narration obéit à un rythme sidérant et bénéficie d’une mise en scène incroyablement brillante qui refuse les coquetteries esthétisantes pour toucher au plus profond. Qu’il s’agisse de filmer la charpente menaçante d’un derrick en bois, le pétrole qui jaillit du cœur de la terre, le retour d’un frère fantomatique ou l’abandon d’un enfant, Paul Thomas Anderson fait montre de la même virtuosité éclatante en faisant appel à la sensibilité et à l’intelligence du spectateur. Cinéphile maniaque, le metteur en scène rend hommage, en passant, à quelques glorieux anciens. Mais les références (Scorsese et Kubrick en ligne de mire) ne perturbent jamais le récit : elles servent la dynamique folle de cette œuvre intransigeante que l’on montrera probablement un jour dans les rétrospectives consacrées à l’histoire de l’Amérique vue par ses enfants colériques, quelque part entre Le parrain de Francis Coppola, Il était une fois en Amérique de Sergio Leone et La porte du paradis de Michael Cimino. C’est dire la puissance de There Will Be Blood, chef-d’œuvre indiscutable dont on n’a pas fini d’épuiser les beautés.
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esdez 2 mars 2008
There Will Be Blood - Paul Thomas Anderson - critique
Grand film évidemment. Le theme du livre est parfaitement orchestré et le rendu par la mise en scène et le jeu impeccable de Day Lewis est incontestablement une grande réussite. L’âpreté du film qui nous prend dès les premières images installe immédiatement la rudesse de l’atmosphère que nous aurons à respirer le long du métrage. En fin de compte ce film contient l’AMERIQUE" et toute l’AMERIQUE" et, pour ceux qui rêvent encore de ce pays, avant de prendre un ticket pour le rêve doivent impérativement prendre la température du climat qui les attend là-bas.Vous comprendrez que ce film est une pièce d’histoire présentée sous une forme artistique parfaite
Norman06 29 avril 2009
There Will Be Blood - Paul Thomas Anderson - critique
Grandiose. On savait Anderson grand cinéaste indépendant depuis Boogie Nights et surtout Magnolia. Il confirme son style visionnaire et son sens du récit avec cette fresque étonnante à la fois par son classicisme et sa modernité.
birulune 15 novembre 2016
There Will Be Blood - Paul Thomas Anderson - critique
Grand film, en temps ( 2 heures et des brouettes) en espace ( les plans des grandes plaines) et en psychologie minière : Il y a de la boue et du suif du début a la fin, on les voit travailler d’arrache-pied pour se bâtir un rêve et ils en oublient même ce pour quoi ils étaient venus, la folie du pétrole ayant noirci plus que leurs mains.