Bien frappé
Le 2 août 2023
Un magistral cocktail concocté par un réalisateur qui s’installe au firmament.
- Réalisateur : Paul Thomas Anderson
- Acteurs : Emily Watson, Adam Sandler, Philip Seymour Hoffman, Luis Guzmán, Mary Lynn Rajskub
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Ciné Sorbonne (reprise)
- Editeur vidéo : Gaumont/Columbia/Tristar Home Video
- Durée : 1h35mn
- Reprise: 9 août 2023
- Date de sortie : 22 janvier 2003
- Festival : Festival de Cannes 2002
– Reprise en version restaurée : 9 août 2022
Résumé : Barry, un entrepreneur étouffé depuis tout petit par ses sept sœurs, sent un souffle nouveau lorsque la collègue d’une d’entre elles, Lena, vient à sa rencontre. Mais, au même moment, une call-girl, qu’il avait appelée pour essayer d’échapper à sa solitude, le piège. Pour la première fois, il va prendre sa vie en main.
Critique : Le nouveau Paul Thomas Anderson est né. Finies les épopées de trois heures (Boogie Nights et Magnolia) aux multiples destins croisés et place au raffinement d’une simple histoire d’amour. Et comble de la réussite de Punch-Drunk Love, P.T. Anderson parvient à transformer le très lourdaud Adam Sandler (Little Nicky entre autres) en doux rêveur attachant. Le jury du Festival de Cannes 2002 ne s’y est pas trompé en remettant à ce jeune réalisateur le prix de la mise en scène.
Barry Egan est un introverti pathologique, inadapté à la vie en société, écrasé par l’omniprésence de ses sept sœurs. Lorsque son mal-être se fait trop sentir, Barry explose littéralement, entrant dans des accès de violence effrayants. Seule une obsession lui permet de faire encore bonne figure : acheter un nombre incalculable de puddings pour accumuler, en bons d’achat, deux millions de miles en avion. Mais un événement va bousculer cet ordre établi : l’amour en la personne de Lena...
"C’est un petit film d’art et d’essai de vingt-cinq millions de dollars", en rigole encore Paul Thomas Anderson. En effet, Punch-Drunk Love ne ressemble à aucune comédie romantique dont Hollywood nous abreuve régulièrement. Ici, le décalage est de rigueur tant par l’originalité des personnages et de l’histoire que par la réalisation inventive. Jamais le format cinémaScope n’a été utilisé avec une telle justesse pour ce genre de film, trop souvent avare en trouvaille visuelle. Dès les premiers plans, on est saisi par la sophistication du film, par son ambition de dépoussiérer la classique rencontre amoureuse pour la transformer en véritable poème Technicolor. Balayées les idées reçues, place au culot et à l’originalité d’un film qui capte la banalité du quotidien pour en faire un conte de fée.
Outre cette époustouflante mise en scène, on est également impressionné de voir Adam Sandler se fondre avec autant d’aisance dans l’univers de Paul Thomas Anderson. À la fois touchant dans la timidité et assez effrayant dans la violence (il faut le voir bousiller proprement les toilettes d’un restaurant), la star américaine démontre une justesse qu’on ne lui connaissait pas. Cependant, donner la réplique à une actrice comme Emily Watson doit faciliter la tâche. D’une beauté unique, il lui suffit d’écarquiller encore un peu plus les yeux pour faire passer la moindre émotion. Voilà l’exemple parfait d’un couple de cinéma qui semblait improbable sur le papier mais fonctionne à merveille à l’écran.
Que ceux qui apprécient le cinéma de Paul Thomas Anderson n’hésitent pas une seule seconde. Son nouvel opus réunit en effet tous les éléments qui confirment le talent d’un grand réalisateur : une direction d’acteurs magistrale et une mise en scène inédite. Les autres se feront un bonheur de découvrir un ovni cinématographique d’une grande sensibilité.
Le DVD
À l’image du film, les suppléments de cette édition collector ne pouvaient être conventionnels. Vous n’apprendrez strictement rien sur la fabrication de Punch-drunk love (absence de toute explication) ; en revanche, vous pourrez prolongez un peu plus longtemps la magie acidulée de ce spectacle. Le documentaire Fleur et sang, par exemple, est un savant montage entre la musique, des scènes du film et l’art graphique de Jeremy Blake. Idem pour Scopitones qui peuvent être assimilés à de petits teasers collés les uns derrière les autres. La fausse pub de l’homme-matelas (personnage interprété par Philip Seymour Hoffman) vous fera éclater de rire. Enfin, les scènes supplémentaires (seulement deux) vous en apprendront un peu plus sur Barry et ses sœurs envahissantes.
– Edition 2 DVD
– Format cinémaScope 2.35 16/9 anamorphique compatible 4/3
– Chapitré
– Couleur
– Audio français Dolby Digital 5.1 EX , Anglais 5.1 EX, Espagnol 5.1 EX
– Tous publics
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Norman06 16 juillet 2009
Punch-Drunk Love - Paul Thomas Anderson - critique
Après Boogie nights et Magnolia, Paul Thomas Anderson confirme avec Punch-drunk love qu’il est l’un des nouveaux créateurs les plus passionnants de sa génération. La faible durée de l’œuvre (90 minutes), surprendra ceux qui avaient été marqués par la longue narration de son premier film et la fresque kaléidoscopique de Magnolia. Petit bijou de concision, Punch-drunk love s’apparente à tout un courant sarcastique du cinéma contemporain qui de Tarantino aux frères Coen combine avec bonheur références de cinéphile, élégance stylistique et dérision.