Le 20 juin 2024
- Scénariste : Keizo Miyanashi>
- Dessinateur : Keizo Miyanashi
- Genre : Érotique
- Editeur : Imho Editions
- Famille : Manga
- Date de sortie : 5 avril 2024
- Plus d'informations : site de l’éditeur
Keizo Miyanashi écrit et dessine ce recueil de courtes histoires publiées initialement entre 1979 et 1990 et adressé à un public averti. Mélangeant Eros et Thanatos, douleur et plaisir, sensualité du trait et dureté du récit, désirs intenses et violence extrême, Keizo Miyanashi nous offre une salve de nouvelles graphiques surprenantes, parfois dérangeantes, toujours envoûtantes.
Résumé : {Lyrica} commence avec un jeune flûtiste qui pleure sur la tombe de son père avant de rejoindre sa mère malade. Cette dernière a besoin de viande pour s’alimenter. Mais le produit est dur à trouver pour une famille pauvre. Le jeune homme est prêt à tout pour ramener de la viande, même à donner son propre corps…
Critique : Dix-huit histoires courtes composent ce livre. Des récits réservés à un public averti, âgé de seize ans minimum. On trouve des personnages dans des situations parfois difficiles, parfois délicates, parfois dures. Le temps de quelques pages, nous les suivons jusqu’à la chute du récit, rejoignant souvent la chute du protagoniste.
Keizo Miyanishi ne nous propose pas de simples aventures fantastiques ou fantasmagoriques. Il mêle des situations concrètes avec des éléments du rêve, du symbole. L’histoire est claire, prend tout d’un coup un autre sens, plus obscur, qui nous échappe ou parfois qui nous dérange, et se conclut de manière souvent inattendue, nous laissant avec notre gêne ou nos réflexions. Aborder le sexe parfois crûment, parfois finement, permet à l’auteur de nous surprendre. L’image mêle différents niveaux de lecture, nous sommes sûrs d’avoir compris ce qui n’est pas sur la page, et pourtant, nous ne sommes pas sûrs de ce que nous voyons, comme la couverture, qui laisse notre esprit dés-enchevêtrer ces corps mélangés. Dans les récits de Keizo Miyanishi, les apparences peuvent être dangereusement trompeuses, les vengeances particulièrement douloureuses, et les interprétations multiples.
- © Hideshi Hino / IMHO
Ces histoires qui pourraient être scabreuses sont en fait traitées, à chaque fois, avec un raffinement du trait qui tranche avec la production manga à laquelle nous sommes habitués. Le dessin est doté d’un encrage très fin, avec des aplats de noir denses, glacés sans oublier un soin méticuleux apporté au traitement des plis des vêtements, en contraste avec les peaux nues et lisses.
Tous ces récits, étalés sur une vingtaine d’années, permettent de repérer, difficilement parfois, l’évolution du dessin de Keizo Miyanishi. Certaines nouvelles optent pour des décors éthérés, une colonne, blanche, lisse tandis que d’autres présentent des intérieurs détaillés. Là, la nuit se répand et des arbres blancs tranchent avec l’obscurité profonde, ailleurs, la mer noire et ses sillages d’écume blanche nous semblent sans fond. La pluie fine découpe les cases dans différentes directions. Les corps prennent des poses inattendues, sont regardés sous des angles inhabituels, les plans serrés sur un sein qui transparaît sous un vêtement, un main qui serre un sabre, immobilisent pendant un court instant le temps. La représentation du plaisir et surtout du désir, passe par différents moyens, subterfuges floraux, verges noires, mais aussi par les regards, les mains, les corps cambrés sous la passion et surtout le mélange de ceux-ci.
Dans les trois pages de postface, Keizo Miyanishi revient sur ces histoires, sur la société japonaise, sur ce qu’il a voulu faire.
Lyrica est un recueil de nouvelles érotiques au graphisme fin, aux symboliques travaillées, où Keizo Miyanishi ose sans tabou de nombreuses approches de la sexualité.
224 pages – 18 €
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Galerie photos
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