Les générations - Flavia Biondi – critique

L’autrice italienne Flavia Biondi signe un livre d’une justesse remarquable. Matteo est à l’image des Italiens de sa génération : un peu perdu, au sans travail, sans perspectives. La question de son homosexualité se greffe à une situation sociale délicate. La dessinatrice se concentre sur les relations sociales entre les membres de la famille de Matteo. Le récit met en scène une galerie d’hommes et de femmes que leurs situations, leurs élans et leurs défauts rendent très humains : la grand-mère malade, les trois tantes qui vivent d’une maigre pension, la cousine enceinte d’un homme qui l’a quitté, le père maladroit… La confrontation de Matteo avec cette famille hétérogène constitue le fil narratif d’un récit touchant qui, sans offrir de leçon de morale ou asséner des vérités superficielles, montre avec bienveillance le point d’inflexion dans la vie d’un jeune homme.

Flavia Biondi / Glénat pour la version française

En dépit de cases qui se déroulent dans une campagne italienne bucolique, le dessin se focalise sur l’expression des personnages – qui font l’objet d’un traitement – et sur leurs confrontations. Si le découpage des planches et les codes graphiques s’avèrent assez classiques, le récit saisit le lecteur grâce à la profondeur des personnages et au réalisme des situations.

Les générations est un portrait touchant d’un jeune homme angoissé par la révélation de son homosexualité et ses conséquences. La bande dessinée séduit par son approche subtile d’un thème qui est relié à la question de la place de la jeunesse dans l’Italie contemporaine marquée par le chômage.