Le 5 août 2008
L’unique comédie de l’été à posséder les dents de sa mère et la queue de son père sort enfin sur nos écrans. On s’en pourlèche les bobines !
Les critiques français n’aiment pas les comédies nationales, surtout si elles sont survitaminées avec une bonne dose d’ambition burlesque qui déborde de la bobine et qu’elles assument leur connerie en majuscules. Alors si en plus elles se mélangent avec l’un des genres les moins cautionnés de notre cinématographie, à savoir l’épouvante, c’est pour eux le fiasco assuré. Aussi, si les papiers vous disent que Les dents de la nuit, c’est un peu too much, et que vous aimez ça, vous, le cinéma décalé haut en couleur, eh bien foncez, car il s’agit bien là de la seule œuvre de l’été qui possède les dents de sa mère et la queue de son père. Tout un programme pour une gauloiserie déjantée qui s’assume dans toute sa dépravation de comédie p-été (de rire, of course).
Prévenus par leurs producteurs et leur entourage, Vincent Lobelle et Stephen Cafiero, tous deux nouveaux dans la grande famille du cinéma - ils viennent de la pub qui pour eux n’est pas du tout le milieu de glandeurs décrit dans 99 francs !, - ne s’attendaient pas à recevoir les faveurs des critiques pour leur premier long, le poilant Les dents de la nuit (il est vrai que le poil dans la bouche, ce n’est jamais très tendance, sauf chez les clubbeurs déchirés). Cela tombe bien, la revue de presse est plutôt tiède, ce qui n’a pas l’air de les chagriner du tout.
Ces deux fans loufoques des frères Farrelly se marrent de leur propre bêtise, et assument totalement la paternité de ce fils caché de Dracula père et fils dans tous ses aspects, comiques et gore. A partir du scénario premier degré qu’on leur a proposé, ils ont dérapé sur le sentier glissant de la comédie fantastique délurée, mélange hybride de gags ados pipicaca et compulsivo-sexuels, portée sur les choses en dessous de la ceinture (la zigounette de Madame et le kiki du Marquis) mais aussi sur les choses cérébrales (tout ce que la blonde n’a pas dans la tête, elle l’a ailleurs !) ; cette comédie parodie à fond le genre z’orrifique tout en le respectant dans ses impératifs (les maquillages et les effets spéciaux sanguinolents sont effrayants). Faute de faire une loufoquerie cucul, Lobello et Cafiero ont fait un film de culte, fonctionnant sur la mécanique du comique absurde, façon Monty Python et les Nuls, pour lesquels ils osent clamer leur amour sans honte, quitte à se faire tirer un peu dessus par une presse forcément hostile à de telles prétentions. De la part de deux cinéastes en herbe (pas si jeunes que cela, quoiqu’ils disent - oui, ils n’ont plus 20 ans !) et du distributeur SND, qui y croit à fond, c’était courageux.
Nous, à aVoir-aLire, on aime y croire aussi. Le parisianisme hypocrite et prout prout vis-à-vis de ce type de productions ne doit pas occulter une certaine réalité des projections de presse durant lesquelles beaucoup de journalistes rigolent ; toutefois une fois la lumière rallumée, ils n’osent pas, par pure convention, avouer leur petit béguin pour l’humour potache qui les a si bien divertis. Aussi, c’est sans grand regret que nous proposons Les dents de la nuit 4 (titre un temps envisagé) comme film de la semaine. A vous d’en faire maintenant un succès MAD in France.
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