Le 12 octobre 2024
- Scénariste : Shaghayegh Moazzami>
- Dessinateur : Shaghayegh Moazzami
- Genre : Autobiographie
- Editeur : Éditions çà et là
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 4 octobre 2024
L’autrice iranienne Shaghayegh Moazzami, installée au Canada depuis une dizaine d’années, met en scène son combat contre un bailleur véreux qui cherche à expulser ses locataires.
Résumé : En février 2021, alors que la pandémie de Covid-19 est encore vivace, Shaghayegh Moazzami et les autres habitants de son immeuble situé à Montréal doivent évacuer leur habitat : le propriétaire des lieux, une société véreuse, invoque d’obscures raisons de sécurité. Les habitants sont relogés à l’hôtel, mais la manœuvre du propriétaire est claire : faire en sorte que les habitants résilient leur bail, faire quelques menus travaux pour louer ensuite beaucoup plus cher les appartements. La situation provoque un stress certain chez Shaghayegh, qui lui rappelle son propre déracinement. Mais, avec les autres habitants, elle décide de se battre pour défendre ses droits.
Critique : Les coquelicots de Ridgewood est le deuxième album autobiographique de Shaghayegh Moazzami, déjà autrice de Hantée, qui montrait l’autrice poursuivie par une veille femme imaginaire qui lui rappelait les injonctions du régime iranien qu’elle venait de fuir pour le Canada. Ce nouvel album montre une autrice plus intégrée dans la société canadienne (elle obtient d’ailleurs la nationalité du pays), malgré la barrière de la langue : l’autrice parle anglais, mais pas le français, alors que Montréal est une ville francophone. Cette difficulté éclate au grand jour lorsque l’autrice est confrontée, comme ses voisins, à la manœuvre de leur bailleur. Cette épreuve réveille la blessure de l’exil, alors qu’elle est relogée dans un hôtel sans âme. Les habitants de l’immeuble défendent leurs droits pour retourner dans leurs logements, mais la justice est lente…
- © Shaghayegh Moazzami / çà et là pour la traduction française
S’il ne comporte pas de grande révélation, le récit témoigne de la précarités auxquelles sont souvent confrontés les personnes en exil, qui ne peuvent guère compter sur la solidarité familiale. Heureusement, l’autrice peut compter sur des amis et son travail dans une épicerie iranienne, qui emploie d’autres exilés. Shaghayegh Moazzami utilise un trait noir épais rehaussé de lavis. Certaines planches plus détaillées rappellent des « madeleines » de l’autrice et certains espaces emblématiques de son quotidien. S’il constitue une lecture agréable et intéressante, Les coquelicots de Ridgewood n’a pas l’originalité narrative de Hantée, et s’apparente à un récit type « tranche de vie » plus classique dans son propos. Il n’en reste pas moins que Shaghayegh Moazzami met très bien en scène le spleen qui touche les personnes déracinées, y compris lorsque celles-ci ont trouvé un nouveau foyer et on réussi leur intégration – à cet égard, l’itinéraire de Shaghayegh Moazzami le démontre –, et la peur de retourner dans l’incertitude et la précarité. En effet, c’est lorsqu’elle revient sur son enfance et sur les raisons qui l’ont conduit à partir (et en premier lieu, la volonté de disposer librement de son corps) que Shaghayegh Moazzami touche le plus son lecteur et suscite son empathie.
- © Shaghayegh Moazzami / çà et là pour la traduction française
Loin de tout sensationnalisme, Shaghayegh Moazzami partage à nouveau ce quotidien dans cet album touchant qui, s’il est de facture plus classique que le précédent dans son propos, n’en conserve pas moins sa pertinence.
180 pages – 20 €
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