Le 5 mars 2008
Analyse du plus gros démarrage de l’histoire du cinéma en France avec plus de 4.500.000 spectateurs en une semaine. Un phénomène qui entre dans une mouvance anti-Sarkozy évidente.
Analyse du plus gros démarrage de l’histoire du cinéma en France avec plus de 3.500.000 spectateurs en une semaine. Un phénomène qui entre dans une mouvance anti-Sarkozy évidente.
Il est des triomphes inattendus. Des phénomènes de société fédérateurs prévus originellement pour être de gros succès à trois, voire quatre millions d’entrées, et qui au final dépassent les 8, 9, 10 millions de spectateurs. Et au-delà encore, par de-là les étoiles. Bienvenue chez les ch’tis, au vu de ses premiers chiffres pyramidaux fait partie de ces destinées épatantes, élu à l’unanimité coup de cœur populaire au suffrage universel. Sorti initialement en clin d’œil humoristique dans le Nord de la France, sur deux départements, la deuxième réalisation du bien sympathique Dany Boon s’octroyait alors un taux de remplissage phénoménal, les cinémas l’accueillant affichant systématiquement complet. Résultat, le film s’immisça dans le top 5 avec seulement 64 salles devant des Benjamin Gates ou Enfin veuve à l’affiche respectivement de 626 et 470 écrans. Vu le sujet de cette comédie, très provinciale, courtisant directement le Nord de la France, on pouvait s’attendre à davantage de réticence de la part du public parisien. Que nenni. 115 000 entrées pour son premier jour dans une combinaison frôlant l’hystérie de 95 salles. Les records tombent. Et Pathé retrouve le sourire après les résultats en demi-teinte d’Astérix aux Jeux Olympiques, une machine à fric entièrement conçue pour pomper tout le jus du box office. Mais malgré une pub d’un an, une promo monstrueuse, une avalanche de stars et un budget faramineux, le score (forcément énorme) de ce dernier comblera mal les ambitions déplacées de Thomas Langmann.
Contrairement aux plus gros démarrages de l’histoire, Les cht’is n’était pas une franchise, une séquelle dynamitée par des ventes de DVD, des passages télé d’un premier volet. Ce n’était pas une adaptation événementielle, et ses acteurs principaux, certes populaires, n’avaient jusqu’alors jamais eu suffisamment de poids pour porter sur leurs épaules une artillerie aussi lourde. La sortie s’est donc faite naturellement, sans grand stress, avec une affiche absolument hideuse, avouons-le, aux confins de la ringardise plouc, affichant la bonne humeur et la bonhommie d’une œuvre sans aucune prétention. Tout le contraire de l’arrogance du petit gaulois, qui en a dégoûté plus d’un - au final Astérix 3 était une boursoufflure sans nom, jamais drôle, conçue pour en mettre plein les fouilles de ses producteurs sans jamais penser au public, floué d’un bout à l’autre, à moins d’avoir l’exigence aveugle d’un enfant de moins de 12 ans.
Le parallèle politique avec la baisse historique de popularité du président Sarkozy n’est dans ce contexte pas inopportune. L’on se souvient de l’équipe d’Astérix parader lors des avant-premières. Top-modèles en avant (le syndrome Carla Bruni évidemment). De parler d’argent, encore et toujours d’argent, affichant un goût du luxe complaisant aux yeux d’une France mal en point, qui n’avait pas oublié les petits scandales de tournage. Un mauvais goût intolérable aux yeux d’une opinion publique frappée de plein fouet par une réalité plus terre-à-terre (pouvoir d’achat en berne, spectre de la récession...), qui, par sondages interposées, avait déjà manifesté une désapprobation quasi unilatérale quant au style de vie de l’actuel président (trop heureux à la une de toute la presse, là où on s’attend à un peu plus de retenue et de délicatesse de la part d’un homme censé représenter TOUS les Français sans afficher un goût du luxe forcément douloureux pour les classes populaires et moyennes). Aussi, le triomphe de Bienvenue chez les cht’is pourrait s’expliquer par sa simplicité et son infinie générosité auxquelles la population, qui avait bien besoin de se retrouver autour d’un plaisir simple, a répondu massivement en se bousculant dans les salles. Il semblerait donc que Dany Boon, désormais notre président du rire, vient de réaliser sans le savoir le premier film anti-Sarkozy, une œuvre antidépresseur qui devrait être remboursée par la sécu. Voilà qui ne va pas arranger les caisses de l’Etat.
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